Personne passée par Comète via les Pyrénées

Dernière mise à jour le 16 mai 2022.

Gordon Isaiah BROWNHILL / 649093
19 Province Street North, Hamilton, Ontario, Canada
Né le 29 juin 1919 / † le 25 février 2015 au Billings Court Manor, Burlington, Ontario, Canada.
Sgt, RAF Bomber Command 207 Squadron, mécanicien
Avro Lancaster EM-X, N° série W4172, abattu par deux chasseurs dans la nuit du 9 au 10 mars 1943 lors d'une mission sur Munich.
Écrasé à 01h59 entre Tagnon et Lavannes (Marne) au nord-est de Reims, France.
Durée : 8 semaines
Passage des Pyrénées : le 10 mai 1943

Informations complémentaires :

Rapport d’évasion SPG 3314/1295.

Le Lancaster décolle de Langar à 20h41, heure anglaise. Après avoir largué ses bombes sur l’objectif, il est attaqué sur le vol de retour au dessus du département de la Marne par deux chasseurs allemands (apparemment du 7./NJG 4). Des obus atteignent la tourelle dorsale, tuant le mitrailleur Sgt George Sidney Margetson – RAF. Le mitrailleur arrière, le Sgt George Mortimore est également tué à son poste, tandis que l’appareil voit son moteur intérieur gauche s’enflammer. L’incendie ne peut être maîtrisé et, malgré les manœuvres d’évitement du pilote, le F/Sgt Ivor Wood, le Lancaster est à nouveau assailli par les chasseurs. Le pilote Wood donne alors l’ordre d’évacuer l’avion et quatre hommes sautent l’un après l’autre, après que le navigateur, le sergent Richard Brown ait ouvert la trappe d’évacuation. Brown saute en premier, suivi du mécanicien Brownhill (la présente fiche), de l’opérateur radio canadien le Sgt William Garvey Lishman – RCAF - et du bombardier, le Sgt Richard Hall Warren.

Marc Hamel (1926-2008), membre comme son père Pierre, du groupe de Résistance “Lorraine”, réveillés tous deux à Avençon à quelques kilomètres du lieu du crash, s’y rendent dans le but d’aider l’un ou l’autre aviateur en danger d’arrestation. Arrivés sur les lieux, ils constatent qu’un énorme cratère s’est formé dans le sol, que des obus explosent encore suite à l’incendie et que des restes humains sont disséminés alentour. Ils doivent rapidement quitter les lieux car des hommes de la Feldgendarmerie de Rethel sont signalés comme approchant de l’endroit. Les Allemands l’atteignent bientôt et empêchent dès lors tout accès. Outre George Margetson et George Mortimore tués à bord, deux autres hommes perdront également la vie : le pilote Ivor Wood et le bombardier Richard Warren. Tous sont inhumés au cimetière communal de Lavannes (Marne).

Le navigateur Sgt Richard Brown parviendra également à s’évader (évacué via la Suisse où il arrive le 19 mars 1943, il rentrera en Angleterre en janvier 1944 – SPG 3318/1782.) Quant au radio William Lishman, il sera fait prisonnier et interné aux camps 8B et 344 en Allemagne – prisonnier n° 27720.

Gordon Brownhill est pris en charge par Eugène D'HALLENDRE de Lille, ancien rabatteur de la ligne Pat O'Leary et récupéré par Comète. [Eugène et Lucienne D’HALLENDRE et leur fils Edgar habitaient au 1 Impasse Bomart à la Madeleine, près de Lille. Eugène D’HALLENDRE, né en 1898, cheminot à la SNCF, a été arrêté le 20 juillet 1943 sur dénonciation, en même temps que son épouse, leur fils Edgar l’étant un peu plus tard. Eugène D’HALLENDRE a été fusillé par les Allemands à Bondues le 27 décembre 1943. Edgar D’HALLENDRE, né en 1922, figure comme sa mère Lucienne, née BUYSSE en 1899, à la liste des Déportés français et tous deux ont survécu au conflit, Edgar étant interné d’abord en France puis en Belgique jusqu’à la Libération, sa mère ayant été internée en camps en Allemagne et libérée par des troupes russes le 5 mai 1945.]

A Paris, escortés par "Madeleine" (Madeleine BOUTELOUPT), Bernard Marion et David Sibbald prennent le train pour Bordeaux à la Gare d'Austerlitz le soir du 8 mai. Etant d'origine francophone, Marion pourra tenir une conversation durant le voyage, Sibbald devant simuler une extinction de voix. Egalement à bord du même train : William Laws, John Whitley et Gordon Brownhill, accompagnés eux par "Jacques". Il s'agit de Jacques TINEL, de Paris, du 254 Boulevard Saint-Germain Paris VIIe, qui vient en renfort de Jean-François NOTHOMB.

Voyageant via Nantes, le train arrive à Bordeaux le 9 au matin. Tous les aviateurs se retrouvent dans la gare où, suite à un exercice d'alerte aérienne, ils ne sont heureusement pas contrôlés. Chacun ayant reçu de "François" (Jean-François NOTHOMB) de nouvelles cartes d'identité et un Permis de Circulation "allemand", tous quittent la gare à pied individuellement dans la direction de Saint-Jean-de-Luz. Au début de l'après-midi ils se regroupent et prennent le train pour Dax où ils arrivent vers 16h30.

Marion, Sibbald et Brownhill partent à vélo, escortés par Jean-François NOTHOMB, qui les mène à Bayonne. Ils logent dans un appartement dans la ville et sont rejoints le lendemain par Whitley, Laws et Jacques TINEL qui ont pris le train du matin après avoir passé la nuit à l'Hôtel du Terminus, 81 Avenue Saint-Vincent-de-Paul à Dax. Jean-François NOTHOMB, accompagné de Sibbald va le lendemain à Saint Jean-de-Luz pour chercher un vélo supplémentaire, de sorte qu'à son retour, il puisse refaire le voyage avec Whitley et Marion. Ils sont rejoints plus tard dans la soirée par Laws et Brownhill. Le groupe se disperse alors dans plusieurs cafés pour se retrouver par après, à l’exception de Sibbald.

Le même soir, le groupe se sépare par paires et longe la voie principale de chemin de fer au Sud de Ciboure, où ils revoient Sibbald et deux guides, dont Florentino GOIKOETXEA. Tous arrivent à la ferme Yatxu Baïta de Joseph LARETCHE, près d’Urrugne, où ils changent de pantalons et se chaussent d'espadrilles en vue de la traversée des Pyrénées. C'est le 43e passage de Comète par la route de Saint-Jean et le détour d'Endarlaza avec NOTHOMB et Jacques TINEL, qui remplaçant là aussi Bee Johnson, apprend l’itinéraire.

Brownhill, Sibbald, Marion, Laws et Whitley quittent la ferme vers minuit dans la nuit du 11 au 12 mai. Le courant de la Bidassoa étant trop fort, ils sont obligés de faire un détour et atteignent Endarlaza juste avant l'aurore. Ils franchissent le pont d'Endarlaza, heureusement non gardé, et se retrouvent dès lors en Espagne. Ils constatent que Brownhill manque à l'appel et Florentino, Jacques TINEL et Jean-François NOTHOMB, partis à sa recherche, reviennent bredouilles. Le reste de la troupe suit la voie de chemin de fer menant à Hendaye (le train de la Bidassoa ou Txikito Tren) et, passant un tunnel et traversant un ruisseau, arrive finalement au terme de son échappée. Ils semblent avoir suivi la voie ferrée des mines d'Arditurri jusque Ergoien.

Brownhill quant à lui, avait perdu ses compagnons de vue dans les montagnes et avait décidé de poursuivre sa marche tout seul. Arrêté à sept km de la frontière par un garde espagnol, il passe deux jours en prison, puis deux autres dans un hôtel (à Zarautz semble-t-il) avant d'être autorisé à se rendre à San Sebastian pour voir le consul Britannique. Après deux autres semaines dans un autre hôtel et deux jours dans la prison de Saragosse, Brownhill est envoyé au camp de Miranda de Ebro où il reste environ deux semaines.

Il prendra le bateau à Gibraltar le 23 juin 1943 pour arriver à Liverpool un mois après les autres, le 29 juin.

Merci à Diane Miller, fille de Gordon Brownhill, pour les renseignements qu’elle nous a communiqués en avril 2014 et pour la correction apportée quant à la photo de son père, qui apparaissait erronément sur la page de Bernard Marion dans la version précédente de leurs pages respectives.

Gordon Brownhill repose au cimetière Burlington Memorial Gardens, Burlington, Ontario, Canada.


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters