Personne passée par Comète via les Pyrénées

Dernière mise à jour le 16 août 2022.

Lorin Frank DOUTHETT / O-736762
Post Office Box 506, Tacoma, Washington, USA.
Né le 8 mars 1915 à Big Timber, Sweet Grass County, Montana / † le 29 novembre 1985 à San Diego, Californie.
Lt, 303 Bomber Group 358 Bomber Squadron, navigateur.
Lieu d'atterrissage : champ de la Ramée, près du carrefour de Ruinsette, à Erquennes sur la frontière en Belgique
Boeing B-17 F Flying Fortress, 42-29571, VK-L / "Charley Horse", abattu par des ME-109s le 20 octobre 1943 lors d'une mission sur Düren.
Écrasé entre Mons et Cambrai
Durée : 3 semaines.
Passage des Pyrénées : le 12 novembre 1943.

Informations complémentaires :

Rapport de perte d'équipage MACR 1033. Rapport d'évasion E&E 232 disponible en ligne (mais surtout repris au E&E 231 de Hartigan).

Il est le navigateur de l'équipage de William Hartigan.


L’équipage original du Lt Hartigan.
Debout, de gauche à droite : James T. Ince, Val F. Stoddard, Robert L. Ward, John W. Lowther et Clement Resto.
Devant, de gauche à droite : Bernard F. Dorsey, Lorin F. Douthett, Edward N. Goddard et William R. Hartigan.
Bernard Dorsey et Edward Goddard n’étaient pas à bord du 42-29571 lors de sa perte.

Il y a 11 hommes à bord lors de cette mission : William Hartigan, pilote ; son copilote, Edward N. Goddard, son navigateur Lorin F. Douthett (la présente fiche), son bombardier Bernard F Dorsey, le radio T/Sgt Robert L Ward, le mitrailleur dorsal T/Sgt Clement Resto, le mitrailleur ventral S/Sgt Val F. Stoddard, Les mitrailleurs latéraux S/Sgts Charles J Dove et John W Lowther, le mitrailleur arrière S/Sgt James T Ince et le cameraman Sgt Ralph P Moffet.

L'appareil quitte Molesworth vers 9 heures et demie et se range dans l'escadrille basse du groupe bas. En volant le long d'un banc de nuages à 27.000 pieds (9.000 m), quatre chasseurs attaquent de l'avant. Douthett se rend soudain compte que le nez vitré en plexiglas a disparu. Il voit Dorsey, le bombardier, qui se dirige avec les yeux blessés vers la trappe d'évacuation et veut l'aider, mais vainement. Il est sur le point de vouloir faire signe au pilote par son dome à relevés astraux, quand il voit le copilote et le mécanicien sauter par la trappe avant.

Le mitrailleur latéral gauche, le S/Sgt Charles J. Dove sera tué à bord. Initialement inhumé dans le secteur britannique du cimetière de Maubeuge, ses restes ont été rapatriés aux États-Unis après la guerre.

Lorin Douthett et William Hartigan parviendront à s’évader, aidés par Comète. Deux autres échapperont également à la capture et seront évacués vers la Suisse : Robert Ward (E&E 2424) et John W. Lowther (E&E 2335). Les 6 autres survivants seront faits prisonniers.

Douthett saute depuis 20.000 pieds (7.000 m) et retarde son parachute d'environ 5.000 pieds. Il évite des arbres en atterrissant et atterrit dans une prairie au milieu de vaches. Dix personnes le rejoignent et il s'enfuit avec son parachute dans les bois. Il les cache dans un fossé quand les gens le rattrapent. Un garçon lui fait comprendre par signes qu'il doit changer de vêtements et il le suit chez lui en faisant des détours. Il reçoit également du roti de porc, des œufs frits et du gin. On va chercher une femme qui parle bien anglais et lui explique qu'il sera en Angleterre dans 10 jours, mais qu'il lui faut d'abord des faux papiers. Il est ensuite caché dans la grange jusqu'au soir et reçoit alors encore à manger, plus d'autres vêtements civils.

Il quitte cette maison des GILBERT avec un de leurs vélos guidé à travers champs par le douanier belge François BOURLARD, juste au moment où les allemands commencent à fouiller la zone. Ils vont dans une maison où Hartigan le rejoint deux jours plus tard.

Il a été ainsi caché en premier lieu chez Georgette DIEU à Erquennes, au lieu-dit "Quarantaine" avant que Hartigan ne le rejoigne. A partir de ce moment, leur évasion est identique. Ils y restent quelques 43 jours.

Durant ce laps de temps, ils doivent aller prendre trois fois des photos d'identité, les deux premièrs clichés étant ratés.

Le mardi 2 novembre, ils vont en automobile chez l'instituteur Jean Léon MASSART à Bavay avec le Dr Aimé COLSON. Le docteur lui panse deux fois sa jambe. Ils restent jusqu'au samedi 06 novembre. Ce jour, François BOURLARD leur apporte leurs faux papiers français.

Ils partent ce samedi en train à Valenciennes, y prennent une correspondance et changent encore une fois (à Amiens ?) avant d'atteindre Paris. Henry Sarnow et Martin Minnich avaient rejoint le groupe à Bavay. Ils sont guidés à Paris par Jean Léon MASSART et François BOURLARD, qui les remettent à un homme très poli, Jacques LE GRELLE ou Maurice GRAPIN, qui remplace Jacques LE GRELLE après sa filature.

A Paris, ils sont séparés hors de la gare du Nord. Hartigan va dans l'appartement d'un décorateur intérieur, Vassili LAMI, époux de Albertine VERHULST au 151 Boulevard Davout Paris XXe. Ces gens lui montrent des photos de Maher. Il va ensuite la seconde nuit dans l'appartement d'un "César", dont il est le premier évadé de passage. "Petite Madame" (Fernande PHAL épouse ONIMUS ?) est celle qui s'occupe d'eux.

Il retrouve Douthett le lundi 8 novembre. Ils sont visités à Paris par un Belge à Moustache qui leur semble être le chef du secteur parisien (encore Jacques LE GRELLE). Ce dernier les interroge avec une série de 24 question servant à confirmer les aviateurs américains et leur dit qu'il y a eu 95 "accidents" dans le réseau.

Le 10 novembre, Hartigan et Douthett prennent le train de Bordeaux avec une grande femme (Rosaline THERIER) qui parle avec tout le monde. "Petite Madame" leur a présenté "Grande Madame" près de la gare. Juste avant Bordeaux, ils reçoivent de nouveaux papiers. Leur train ayant 6 heures de retard, ils y passent le temps avec Marcel ROGER. "Grande Madame" et "Little dwarf Madame" (Marcelle DOUARD) restent avec Sarnow et Minnich, puis repartent à Paris.

Marcel "Max" ROGER les prend tous les quatre à Biarritz (Bayonne ?), où ils arrivent deux minutes avant le couvre-feu et ils se pressent de quitter la municipalité. un certain "Franco" (Jean-François NOTHOMB) les a rejoint dans le train deux arrêts avant Biarritz, avec leurs tickets locaux. Ils partent manger dans un restaurant en lisière de Biarritz : certainement à Sutar à l'auberge Larre de Jeanne MENDIARA. NOTHOMB leur distribue alors des bicyclettes et ils vont manger dans une ville frontalière (Hartigan est guidé à Saint-Jean-de-Luz par Denise HOUGET). Ils y reçoivent des espadrilles et partent en montagne.


Mot de remerciement de Douthett dans le carnet de Pierre Elhorga.

Ils franchissent la Bidassoa avec Florentino GOIKOETXEA et Marcel ROGER dans le 70e passage de Comète par Saint-Jean-de-Luz. Le trajet prend deux fois six heures de marche, et ils ne s'arrêtent qu'une fois du côté français pour boire un peu de lait. Hartigan et Minnich s'arrêtent deux fois en Espagne et reçoivent du cognac et un déjeuner, puis marchent 5 miles pour prendre le tram vers San Sebastian. Sarnow et Douthett restent la journée à la ferme (Sarobe) et les rejoignent à San Sebastian.

Ils restent 4 jours à San Sebastian dans le réseau. Il semblerait que la police espagnole avait effectué deux raids (sans doute l'arrestation de Bernardo ARACAMA le 13 novembre 1943 par la Guardia Civil à Elizondo en Navarre). Le consul britannique de Bilbao vient les prendre en campagne et les amène à Madrid. Ils y sont interrogés par le major Clark.

Il est encore débriefé à Gibraltar le 20 novembre, à son arrivée, par le colonel Forster. Il en part le 22 par air jusque Greenock en Écosse où il arrive le 23. Son rapport est achevé par la Lte Dorothy Smith le 15 décembre. Douthett a repris du service dans l’US Air Force le 2 septembre 1950 et a servi en Corée et au Viet-Nam. Il termine sa carrière dans l’USAF avec le grade de Major le 31 décembre 1966.

Lorin Douthett est enterré au Fort Rosecrans National Cemetery à San Diego, Californie.

Il est mentionné sur ce site.


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters