Dernière mise à jour le 1 août 2024.
Noel Stirling ELIOT / A-05820 & 415242
Kalamunda, Western Australia (engagé à Tardun, Mullewa, Western Australia)
Né le 27 décembre 1915 à Swanbourne, Nedlands City, Western Australia / † le 22 juillet 2007 à Canberra, Australian Capital Territory, Australie.
Fl/Off RAAF RAF Bomber Command 218 Squadron - pilote
Lieu d'atterrissage : près de Rotangy, au sud de Crèvecoeur-le-Grand, Oise, France.
Short & Harland Stirling Mk.III, N° série : EF259 (HA-G), abattu dans la nuit du 1 au 2 mai 1944 lors d'une mission sur des installations ferroviaires à Chambly, Oise.
Écrasé au hameau de La Houssoye (60360), au nord de Crèvecoeur-le-Grand, Oise, France (une autre source mentionne Fouquenies (60000), plus près de Beauvais…)
Durée : 3 mois ½.
Camps Marathon : Fréteval
Rapport d'évasion SPG 3321/2119.
L'appareil décolle de Woolfox Lodge à 22h17. La cause de sa perte n'est pas établie. Quatre hommes perdent la vie : le mécanicien F/Off Edward George Hawkins ; le navigateur F/Sgt Graham Arthur Hassett ; le radio Sgt Samuel Joseph Clayton ; le mitrailleur Sgt John Raymond Grantham. Ils reposent tous dans le cimetière de l'église de Poix-de-Picardie dans la Somme.
Outre Noel Eliot, trois autres parviendront à s'évader : le Fl/Sgt Kevin Lynch, le Sgt Charles Weir et le Sgt Harold F. Wilson (qui se trouvera à Amiens le 16 septembre 1944, d'où il s'envolera le même jour pour l'Angleterre - rapport d'évasion SPG 3323/2442).
Après son atterrissage dans un champ, Eliot peut s’abreuver dans un petit ruisseau, mais trouver de la nourriture s’avère plus compliqué. En marchant vers le sud-est, il se traîne à l’arrière de plusieurs maisons dans l’espoir de trouver des choux ou de la salade, mais sans succès. A l’aube du 3 mai, alors qu’il se trouve caché dans la Forêt de Hez-Froidmont, près de Clermont (à 25 km au sud-est de Beauvais), une région fort peu habitée, il décide de poursuivre sa marche. En fin de matinée, il atteint une clairière et voit quelques maisons et des champs en train d’être labourés. Alors qu’il s’apprête à approcher l’un des fermiers, il trouve sur son chemin une dame âgée ramassant du bois. Devant sa surprise de le voir, Eliot lui montre le recueil de locutions de son kit d’évasion, pointant la phrase traduisant sa question : "Je suis Anglais-Pouvez-vous me cacher ?".
La dame, Alfrédie BERTHOMIER, l'amène à sa maison dans le hameau de Fillerval (Thury-sous-Clermont). Ils y sont rapidement rejoints par son mari, Jean. Eliot se voit alors servir un solide repas, dans le silence, aucune communication verbale ne pouvant se faire. On le mène par après à une grange voisine dont l'étage a été transformé en chambre à coucher, où il s’endort d’un sommeil profond. Les BERTHOMIER prennent alors contact avec la Résistance et Eliot voit par la suite arriver un homme, dont il apprend que trois membres de son équipage sont cachés dans d’autres maisons de la région. L’homme lui pose un tas de questions pour comparer ses dires avec ceux des autres évadés.
Après 3 jours passés chez les BERTHOMIER, Eliot est conduit au moulin de Therdonne, le long du Thérain, tout près de Beauvais, où il peut prendre un bain (le seul vrai bain qu’il pourra prendre durant toutes son évasion) et n’y passe qu’une nuit, car le propriétaire du moulin a trop peur du danger pour le garder plus longtemps. Mme Marguerite DEFROCOURT, qui travaille au moulin, le mène à sa maison à la Rue Adolphe Carpentier (vraisemblablement rebaptisée après la guerre) à Therdonne même. Eliot loge chez elle, son mari Maurice, entrepreneur de bâtiments, et leur fils Albert, 18 ans, pendant trois semaines, du 5 au 25 mai, dormant dans la petite chambre des parents. Les DEFROCOURT ne parlent pas anglais. C'est pendant qu'il se trouve là que des Résistants lui apportent des vêtements civils, un permis de travail et des faux papier, où il y est renseigné comme étant Albert Charles Favro, habitant la Corse.
Louis MARIN, directeur de coopérative, et son épouse Odette, de la Rue de la Place à Rochy-Condé, à 2 km au sud-est de Therdonne, sont mentionnés comme ayant aidé Eliot, mais nous ignorons la nature et la durée de cette aide. Le 27 mai, Eliot est conduit en voiture en compagnie de trois aviateurs américains vers une gare. En cours de route, des soldats allemands, fortement armés, arrêtent l’automobile. Le chauffeur leur montre ses papiers et blague avec eux avant de poursuivre sa route sans être inquiété. A la Gare du Nord à Paris, Eliot retrouve deux de ses coéquipiers (Charles Weir et Kevin Lynch), ainsi que 3 autres aviateurs américains. On leur donne des tickets pour Paris.
Leur guide dans Paris était "une petite Française, assez âgée"… Les hommes devaient se déplacer par paires, bien espacés, suivant la paire devant eux et suivre leur guide jusqu’à un magasin de fleurs, chez Andrée DONJON, célibataire, au 60 Rue de Bellechasse à Paris VIIe. Menés vers une pièce à l’arrière du magasin, les évadés font la connaissance de l’américaine Virginia d'ALBERT-LAKE qui, avec son époux Français, Philippe, organisait les transferts. [Andrée DONJON, née le 24 juillet 1914 à Nogent-sur-Marne, a été arrêtée le 7 juillet 1944 par la Gestapo. Incarcérée à la prison de Fresnes elle part dans le convoi du 15 août de la Gare de Pantin à destination du camp de concentration de Ravensbrück où elle arrive le 21 août 1944 (Matricule n° 57501). Transférée au camp de Buchenwald (n° 50332), elle va dans divers camps de travail, les Kommandos de Torgau, Abterode, Leipzig-Markkleeberg. Libérée le 22/04/1945 à Freital (Allemagne), elle est rapatriée en France au début mai 1945.]
A la tombée de la nuit, une jeune fille de 18 ou 20 ans a mené Eliot et deux Américains vers son appartement, au-dessus duquel habitait un collaborateur. Le dimanche 28 juillet, ils prirent un train en direction du sud, en descendirent vraisemblablement à Châteaudun, où la gare grouillait de soldats allemands et deux files d’une douzaine de Gestapo contrôlait scrupuleusement chaque passager. Tout se passa bien et peu après, ils virent leur guide serrer la main d’un homme, le signal pour les évadés de le suivre. Ils furent ensuite guidés à pied vers le sud, arrivant à Bellande, en bordure de la Forêt de Fréteval, chez Germain et Yvonne FOUCHARD, cultivateurs, et leurs filles Micheline, Simone et Jacqueline. Cachés dans une grange à foin, Eliot, Charles Weir, Kevin Lynch, Roy Rice et Charles Middleton y apprirent le 6 juin que les Alliés avaient débarqué à l’aube en Normandie. Ils furent alors menés le 11 juin au camp secret de Richeray, près de Busloup où ils rencontrèrent des dizaines d’autres évadés.
Peu avant la libération du camp, Noel Eliot en prit le commandement en remplacement du Fl/Lt Leslie Berry.
Noel Eliot est libéré avec les autres par des troupes américaines le 13 août 1944. Le lendemain, une flotte de bus roulant au charbon a conduit Eliot et les autres pensionnaires du camp vers le QG de l’US Army au Mans. De là, ils furent transportés vers un camp de prisonniers allemands près de Saint-Aubin-d’Arquenay, au nord-est de Caen, où ils passèrent la nuit. Ils partirent le lendemain en direction de Bayeux où ils furent séparés, les aviateurs du Commonwealth étant pris en charge par l’Armée Britannique, qui leur procura de nouveaux battle-dress.
Le 18 août, après un voyage en camion, Noel Eliot et les autres RAF furent rapatriés par avion depuis l'aérodrome de Banville et atterrirent à Northolt, Angleterre, le 18 août 1944. Les officiers furent conduits à l’Hôtel Marylebone à Londres, d’où Noel envoya un télégramme à ses parents pour les rassurer. Noel quitta l’Angleterre par bateau le 24 octobre, arrivant à New York le 2 novembre. Après un séjour de 4 semaines là, il partit le 1er décembre en train à destination de San Francisco où il arriva le 6. De là, un bateau le mena vers l’Australie, arrivant à Brisbane le 16 janvier 1945. Après les formalités administratives au Personnel Depot de Sandgate, il quitta Brisbane en train le 17 janvier, à destination de Perth. Au lieu d’aller directement à Sydney comme il le pensait, le train s’arrêta pendant 2 heures à Gosford. Il descendit du train, envoya un télégramme à sa fiancée Enid pour qu’elle le rejoigne à Gosford. Ce n’est que le 25 janvier qu’il retrouva ses parents à Kalamunda. Noel et Enid, née Stumbles, se marièrent le 14 mars 1946.
Noel Eliot reprendra du service dans la RAAF lors de la guerre de Corée et se verra décerner la Air Force Cross pour son action (London Gazette 6 juillet 1951). Il terminera sa carrière dans la RAAF le 27 décembre 1956, ayant servi au 36 Squadron à Canberra.
En 1962, Noel, Enid et leur fille Lindy, 10 ans, firent le voyage vers la France et eurent l’occasion de rencontrer de nombreux Helpers parmi ceux et celles qui l’avaient aidé dans son évasion. Comme Enid parlait bien le Français, ces contacts en furent d’autant plus chaleureux. D’autres visites suivirent, en 1980, 1982, 1985 et enfin, en 1988
Décédé en 2007, Noel Eliot repose au Australian Capital Territory (ACT) Garden of Remembrance à Philip, Canberra. Sa veuve Enid, née en 1924, est décédée en 2012.