Aviateurs de l'opération Marathon

Dernière mise à jour le 8 mai 2023.

Charles Raymond MITCHELL / O-813756
1199 Laird Street, Akron, Ohio, USA
Né le 4 juillet 1922 à Akron, Ohio, USA / † en vie en 2021
2nd Lt, USAAF 447 Bomber Group 709 Bomber Squadron, pilote
Atterri près d'Opgrimbie, Province de Limbourg, Belgique.
B-17G-DL Flying Fortress, N° série : 42-37864, (IE-K) abattu par la Flak le 20 mai 1944 lors d'une mission sur l'aérodrome de Brustem (province de Liège, Belgique).
Écrasé à Neerbeek, Limburg, Pays-Bas.
Durée : 4 mois.
Camps Marathon : Beffe et Porcheresse.

Informations complémentaires :

Rapport de perte d'équipage MACR 4938. Rapport d'évasion E&E 1432 disponible en ligne.

L'appareil décolle de Rattlesden et est touché par la Flak juste après le largage des bombes sur l'objectif. Les câbles de contrôle sont hors d'usage, deux moteurs sont détruits et l'avion, perdant rapidement de l'altitude, doit être évacué.


Débris du 42-37864 à Neerbeek
(photo dans le rapport allemand KU-1916 – US National Archives)

Outre le pilote Mitchell, six autres aviateurs parvinrent à s'évader : le mitrailleur droit Sgt Richard Kindig, le copilote Lt Edward Harold Frost (E&E 2127), le mitrailleur dorsal S/Sgt Andrew Anthony Marcin (E&E 2128), le mitrailleur ventral Sgt Eugene Peter Szulczewski (E&E 2246), le mitrailleur gauche Sgt Robert Earl Sasse (E&E 2129) et le mitrailleur de queue Sgt Raymond Francis McCarthy (E&E 2130). Frost, Marcin, Szulczewski, Sasse et McCarthy resteront cachés en région liégeoise jusqu'à l'arrivée des troupes américaines.


L’équipage du pilote Mitchell.
Debout à l’arrière, de gauche à droite : Raymond McCarthy, Edward Frost, Robert Sasse et Joseph Keenan.
Devant, de gauche à droite, Andrew Marcin, Charles Mitchell , Paul Dickerson, Eugene Szulczewski et un "inconnu", qui pourrait être Kindig (?).
(Photo via Daniel Marcin, fils de Andrew Marcin)

Les trois autres sont fait immédiatement prisonniers : le Lt Joseph Gerald Keenan, navigateur ; le Lt Leo Daniel McLaughlin, bombardier ; le S/Sgt Paul Douglas Dickerson, opérateur radio.

Charles Mitchell quitte le B-17 en dernier et saute à 2200 m. Il touche le sol dans un bois près d'Opgrimbie et des gens accourent près de lui dès son atterrissage. Comme il s'est tordu la jambe en tombant, il ne peut se déplacer rapidement. Des gens le débarrassent de son parachute, son harnais et sa Mae West avant de le mener à une maison où il est gardé jusqu'à la tombée de la nuit.

Vers 22h30, une jeune fille vient le chercher pour le conduire à un abri anti-aérien situé dans une grande demeure. Il revoit là le lendemain 21 mai ses co-équipiers Kindig, Frost et Sasse. Dans son rapport, Mitchell indique seulement que lui et les trois autres sont alors pris en charge et que leur évasion est organisée jusqu'à leur rencontre avec des troupes Alliées. Le rapport de Raymond McCarthy renseigne que le 21 mai il a vu les 5 autres évadés dans un tram roulant vers Liège et que c'est le 23 qu'il a vu Mitchell pour la dernière fois avant son rapatriement en Angleterre.

Des détails supplémentaires concernant Mitchell et Kindig se trouvent dans le rapport E&E 1381 de Russell Gecks.



Il se confirme que le 21 mai, Mitchell retrouve Kindig dans l’abri anti-aérien et qu’ils sont guidés à Opgrimbie, d’où dans l’après-midi une jeune fille – la fille d’un comte – les conduit au QG de l’"Armée Blanche" à Liège, dans un cloître à la Rue Sainte-Croix. Ils’agit de la demeure de Lambert et Louise HOSDIN, au 75 Rue Sainte Croix à Liège, dans ce qui était appelé "le Cloître". En fait, Lambert HOSDIN était membre du Groupe "M" du MNB (Mouvement National Belge) et a aidé plusieurs aviateurs à s’évader vers la Suisse. Il avait dû cesser ses activités en avril, suite à l’échec d’une tentative d’évasion de 11 aviateurs vers ce pays. L’identité de Mitchell est vérifiée chez les HOSDIN chez qui il loge une nuit. Le 22 mai, après avoir reçu de faux papiers (voir ci-dessous), on les conduit chez Marcel MAES au 10 Rue Agimont [la liste des Helpers Belges reprend M. V. J. MAES au 40 Rue Agimont, sans autres détails…] Ils restent chez MAES jusqu’au 10 juillet. Ce jour-là, ils sont guidés en train jusqu’à Herstal où ils rencontrent Russell Gecks, Reginald Weeden, RAF et Charles Weymouth, USAAF.

Alors qu’il était caché à Liège, on demanda à Mitchell quel nom il souhaitait voir indiquer sur des faux papiers en préparation. Comme le seul nom à consonance européenne était celui de l’actresse Hedy Lamarr, il choisit ce nom de famille et c’est ainsi qu’il devint "officiellement" Jacques Roger Lamar, mineur, ayant auparavant habité Namur :


Fausse carte d’identité établie à Liège pour Charles Mitchell

Mitchell, Kindig, Gecks, Weeden et Weymouth sont ensuite conduits en camion à Beffe, où ils logent dans une grande maison jusqu’au 27 juillet. Se trouvaient là 20 aviateurs (pas de précisions s’il s’agit du total des évadés cachés là, eux compris ou pas…)

Le 29 juillet, par groupes de six, chaque groupe avec un guide différent, ils partent à vélo vers Porcheresse. Nous ignorons par qui Charles Mitchell et son mitrailleur Kindig ont été aidés. Il semble acquis qu'ils ont tous les deux voyagé ensemble en permanence. Une photo (voir ci-dessous) prise par Gaston MATTHYS montre Mitchell parmi des aviateurs alliés à "La cabane des chasseurs" au camp de Daverdisse-Porcheresse en août 1944, un refuge de l'opération Marathon géré par Émile ROISEUX. Merci à notre ami, le regretté Régis Decobeck pour cette photo.

Selon Kindig et Mitchell, de Beffe, les groupes avaient été conduits à un camp près de Bagimont, tout près de la frontière française, où on leur dit d’attendre qu’ils puissent être guidés vers la France. Un rapport de Gaston MATTHYS indique que contrairement aux consignes, Gecks, Kindig et Mitchell ont quitté le camp de Bohan de leur propre initiative… Cette incartade est confirmée dans le récit de Kindig et Mitchell, qui indiquent que de Beffe, les groupes avaient été conduits à un camp près de Bagimont, tout près de la frontière française, où on leur dit d’attendre qu’ils puissent être guidés vers la France. Gecks, Kindig et Mitchell, considérant que les choses ne se déroulent pas bien, décident de partir tout seuls et passent la frontière le 21 août, arrivant à Gespunsart où ils restent "with some people", dont un capitaine garde-frontière [les seuls noms repris à la liste des Helpers français à Gaspunsart sont ceux de Jean et Maurice MALTERRE, ce dernier étant repris comme dépendant de la Caserne de Gendarmerie locale, sans autres détails…]

Le 22 août, les 3 hommes vont dans le petit village d’Arreux où ils logent une nuit avant de se rendre à L’Échelle où ils restent jusqu’au matin du 25 août, vraisemblablement chez Edmond LEBON, à la ferme de la Serne. Ils se rendent alors à pied à Fraillicourt, où ils apprennent que des trains circulent jusque Reims, à environ 60 km vers le Sud. Ils vont à Renneville où ils prennent le train pour Reims. Préférant ne pas s’aventurer à l’intérieur de la ville, ils descendent à Auménancourt-le-Petit. Là, ils logent chez une "Mme Rifflards" [RIFFLARD ?], dont ils avaient obtenu le nom et l’adresse du conducteur de tram. Cette dame les cache dans sa ferme et le 29 août, ils entendent des coups de feu dans le village et apprennent que les Américains viennent de libérer Reims ce jour. Ils restent sur place et sont eux-mêmes libérés le 30 août et pris en charge par la 7ème Division Blindée US arrivant au village. De là, ils sont remis au QG de la 3rd Army du Général George Patton.

Charles Mitchell est interrogé par l'IS 9 le 2 septembre 1944 et rentre le lendemain en Angleterre.

Une vidéo de Charles Mitchell où il narre ses souvenirs se trouve à https://www.youtube.com/watch?v=7eNIFTqRUCw

Le texte d’une interview de Mitchell : https://www.cleveland.com/profiles-of-service/2015/09/b-17_pilot_shot_down_rescued_b.html . Il n’y mentionne pas le séjour dans les camps secrets dans les Ardennes avec son mitrailleur (Kindig)…

Crédit photos : Charles Mitchell via Thomas Ondrey, "The Plain Dealer" – Septembre 2015.


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters