Personne passée par Comète via les Pyrénées

Dernière mise à jour le 22 mai 2022.

Stefan TOMICKI – RAF 782361 – Polish Squadron : P1916
Nationalité polonaise
Né le 17 janvier 1915 à Raducki, Pologne / Tué en service le 9 avril 1943
Sgt, RAF Bomber Command - 305 Squadron "Polkowice-Sieroszowice", copilote
Atterri à l'ouest de Marche-en-Famenne.
Vickers Wellington Mk II, n° série W5593, SM-P, abattu nuit du 6 au 7 août 1941 au-dessus de la Belgique au retour d'une mission sur Aix-la-Chapelle
Écrasé près de Serinchamps, à l’ouest de Marche-en-Famenne, Province de Namur, Belgique.
Durée : 3 mois
Passage des Pyrénées : le 11 novembre 1941

Informations complémentaires :

Rapport d'évasion SPG 3307/630.

Le caporal Stefan Tomicki avait fait la campagne de France en compagnie de Henryk Kowalski en mai 1940 (Châteaudun). Sous le matricule P1916, Tomicki est Flying Officer (lieutenant) et a une victoire homologuée par la RAF.


Photo de l’équipage du S/Ldr Scibior, vraisemblablement prise en juillet 1941 à la base RAF de Lindholm.
De gauche à droite : le Sgt Waclaw Rybak, mitrailleur ; le F/O Mieczyslaw Julian Saferna, navigateur ; le pilote S/Ldr Szczepan Scibior ;
le F/O Jerzy Jan Stanislaw Sukiennik ; le Sgt Stefan Tomicki et le Sgt Michal Kowalski
(Photo : via Simon Roguska - http://www.polishsquadronsremembered.com/305/305_faces.html)

L'appareil décolle à 22h30 heure anglaise de Lindholme et est abattu au-dessus des Pays-Bas sur le vol de retour. Les tirs d’un Me 110 occasionnent un incendie dans le moteur droit. Trois hommes sont tués : le Sgt Waclaw Rybak, le F/O Mieczyslaw Julian Saferna et le F/O Jerzy Jan Stanislaw Sukiennik. Ils reposent tous trois au cimetière communal de Charleroi. Le pilote, S/Ldr Scibior parviendra à s’évader pendant 9 jours avant d’être arrêté à Bruxelles. Il sera prisonnier au camp 10C puis au Stalag Luft 3 à Sagan/Zagan, Pologne (POW n° 3811). Seuls Stefan Tomicki (la présente page) et l’opérateur radio Michal Kowalski réussiront leur évasion.

Tomicki atterrit à 200 mètres de son appareil écrasé, et à 150 mètres de Kowalski, près de Marche-en-Famenne. On lui tire dessus quand il veut le rejoindre et il se cache dans des bois.

Un homme, qui doit déjà héberger deux soldats allemands lui donne à manger, mais ne peut le loger.

Dans la maison d'un ami, il rencontre un ancien pilote canadien de 14-18 vivant en Belgique (Georges GUILLON), qui l'héberge deux nuits. Il se cache deux jours et deux nuits pendant qu'on le cherche. On lui annonce que son pilote est sauf à Bruxelles, et il revient dormir une nuit chez "le Canadien".

Une Anglaise et cinq enfants, à qui il ne peut parler, le guide jusqu'une maison à Bruxelles. Il y mange, puis va loger une semaine ailleurs. Il avait été amené par la doctoresse Elsa CLAES, du 47 Rue Montoyer à Bruxelles, venant d'un certain MARTIN de Liège par l'intermédiaire d'un "VAN CALSTER" (Marcel VAN CAESTER, d’Etterbeek ?) et est hébergé par Elsa CLAES jusqu'au 20 septembre 41.

Tomocki va ensuite chez une Belge, "qui fut ensuite dénoncée et emprisonnée", Joséphine LACROIX au 146 Rue Philippe Baucq à Etterbeek. Il y est guidé par Georges GUILLON (du 26 rue de Turin à Ixelles ; arrêté et déporté, Georges GUILLON sera fusillé le 22 avril 1945 à Mauthausen). Tomicki séjourne quelques jours chez Joséphine LACROIX (chef de réseau d'évasion de Edith Cavell en 14-18) et ensuite chez un voisin, le boucher Jules HUYBERECHTS, au 150 Rue Philippe Baucq à Etterbeek jusqu'au 10 octobre.

Tomicki va alors chez une autre femme, où il retrouve Kowalski. Georges HOYEZ le conduit en fait chez Jeanne POT avec Kowalski, au 10 Rue Mercelis. Ils y restent trois semaines après une perquisition de la Gestapo le 6 octobre, dont le choc nerveux rend Mme POT aveugle.

Vers le 1er novembre 41, Tomicki et Kowalski vont chez un JANSSENS, chez qui ils restent jusqu’au 8 Novembre.

Octave DELCROIX témoigne qu'Andrée DE JONGH est allée chercher Tomicki et Kowalski chez Joséphine LACROIX pour les mener à la gare du Quartier Léopold. Ce point est incertain puisqu'Andrée DE JONGH ne revenait plus en Belgique et restait à Valenciennes (il s'agit peut-être d'Andrée DUMONT). Ensuite, elle (Andrée DUMONT) les a conduits chez Eugéne STERCKMANS à Laeken, le père d'Ernest Sterckmans où ils sont restés jusqu'au départ.

Toutes ces personnes sont liées au service Escape de William HALOT.

Les versions divergent quant à qui a mené qui lors du départ de Bruxelles de Tomicki et Kowalski. Ce dernier cite la date du 10 octobre comme celle où Tomicki et lui sont guidés vers la Gare du Midi où ils rencontrent le Canadien John Ives. Selon Octave DELCROIX, membre du réseau Portemine, c’est lui qui les a conduits à la Gare du Midi. Une autre version, plus vraisemblable, indique que le 6 ou 7 novembre, Frédéric DE JONGH conduit Kowalski et Tomicki à la Gare du Midi, et ils y rencontrent leur nouvelle guide, Elvire MORELLE et John Ives. Des archives indiquent par ailleurs que c’est Octave DELCROIX qui guidera ce groupe en train de Bruxelles à Valenciennes où il les y remettra à Andrée DE JONGH. Quoiqu’il en soit, ils quittent la gare vers 7 heures du matin et arrivent à Mons à 10 heures. A 10h45, ils partent vers Quiévrain, qu'ils atteignent vers 13 heures. Deux jeunes femmes y donnent une meilleure carte d’identité à l'un des Polonais. Selon Tomicki, le guide de Bruxelles et les deux femmes (Andrée DE JONGH et Elvire MORELLE) les guident immédiatement à travers les frontières qui sont gardées par des douaniers belges et français… La version de Kowalski : lors de l’arrêt du train à Quiévrain, la dernière gare belge avant la frontière, le contrôle douanier se passe bien, avec l’efficacité et le calme d’Elvire MORELLE qui les mène près d’Andrée DE JONGH les attendant au bout du quai. Cette version veut que vers 14h15 Elvire MORELLE les quitte là pour retourner à Bruxelles ( ?)…

Ils reprennent le train et arrivent à Valenciennes en France. De là, à 15 heures, ils prennent le train pour Douai. De 17 à 20 heures, ils restent là en attendant un guide qui doit leur faire traverser la Somme. Ils se rendent à pied avec ce guide jusqu’au bord du fleuve. Ils traversent la Somme en barque, de Corbie à Hamelet. Chacun paye 250 FF pour la traversée. Ils longent ensuite le cimetière militaire britannique à la Rue des Longues Vignes à Corbie avant qu'une femme ("Nenette" BOULANGER, de Hamelet) ne vienne les conduire à sa ferme pour un repas et y passer la nuit.

Tomicki, Kowalski, et Ives partent à pied le 8 novembre vers 12 heures pour prendre le train d'Amiens à Villers-Bretonneux. A Amiens, ils prennent l'express Bruxelles-Paris après qu'il ait été contrôlé. Ils quittent Amiens à 17 heures avec les deux femmes, et arrivent à Paris à 18h30. Ils mangent au buffet de la gare du Nord et ce ne serait qu’après que l’une des Belges (Elvire MORELLE…) les quitte.

De la gare d'Austerlitz, Kowalski, Tomicki et Ives, accompagnés d’Andrée DE JONGHE, quittent Paris à 21 heures et arrivent à Bayonne à 9 heures du matin le 9 novembre. Ils montent dans la voiture d’un train dont tous les wagons sauf le leur sont réservés pour la Wehrmacht. Tous ces soldats débarquent à Bordeaux, mais l'éclairage déficient de leur compartiment laisse les évadés et leur(s) guide(s) à l'abri. Après leur arrivée à Bayonne, ils y sont accueillis par "Bee"Johnson et Elvire De Greef ("Tante Go").

Le 10 novembre à 16 heures, après deux nuits passées à Anglet chez Elvire DE GREEF pour prendre des forces, les 3 évadés ils prennent le train pour Saint-Jean-de-Luz, sans leurs cartes d'identités, qu'ils ont laissées à Bayonne. Deux guides basques les mènent à Urrugne, qu'ils quittent vers 23 heures. Ils passent à la ferme Tomasénéa de Françoise IRASTORZA. Ils marchent cinq heures et traversent la Bidassoa dans la nuit du 10 au 11 novembre.

Ils dorment dans un petit abri en Espagne jusque 9 heures. A 11 heures, les guides retournent en France. Un Espagnol vient les prendre à 14 heures pour les conduire à Irun, où ils prennent un train pour San Sebastian. Arrivés là, ils vont directement chez Bernardo ARACAMA, au n°7, 5e étage à gauche, Calle Aguirre, Miramon, à San Sebastian où ils passent la nuit.

Le 12 novembre, Kowalski, Tomicki et Ives prennent le train de 7 heures pour Bilbao. A 11 heures, ils descendent et se rendent au consulat avec Andrée DE JONGH, qui reste une semaine avec eux, avant de repartir vers le Nord. A Bayonne, ils avaient chacun remis leur argent belge et français en échange de 100 pesetas, et Andrée en reprend 50 à chacun avant de repartir. Ils demeurent au British Sailor's Institute de Bilbao, et ils sont conduits via Miranda à Madrid le 18 novembre, dans la voiture du vice-consul de l'ambassade de Madrid. Ils y séjournent trois semaines (du 19 novembre au 7 décembre) et vont alors à Gibraltar par le train, accompagnés d'un agent de l'ambassade et d'un Espagnol, à qui les Polonais sont présentés comme des Anglais.

Embarqués à bord du navire polonais «Batory», Kowalski, Tomicki et Ives quittent Gibraltar le 30 décembre 1941 et arrivent à Gourock, en Ecosse, le 5 janvier 1942.

Tomicki reprend du service et malgré la pratique usuelle de ne plus envoyer d’aviateurs en mission au-dessus de l’Europe occupée, vu le danger, en cas de capture, que sous la torture des informations concernant leurs Helpers ne soient dévoilées, il est pilote lors d’une mission sur Duisburg le 9 avril 1943. Touché par le Flak de la Kriegsmarine, son Wellington HE148 s’écrase en Mer du Nord, à ± 20 km au large des côtes d’Ijmuiden, Noord Holland, Pays-Bas. Tous les occupants trouvent la mort. Outre Tomicki, l’équipage se composait de Jan Rudek, Stanislaw Slusarski, Stanislaw Stepien, dont les corps furent retrouvés plus tard échoués sur une plage. Tous trois ont été inhumés au Bergen General Cemetery, Bergen, Pays-Bas. Les corps de Stefan Tomicki, du bombardier Sgt Tadeusz Wladyslaw Zbigniew Kniazycki et de l’opérateur radio Sgt Wladyslaw Marczuk n’ont jamais été retrouvés et leurs noms figurent au Polish Air Force Memorial à Northolt, à l’ouest de Londres.


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters