Aviateurs de l'opération Marathon

Dernière mise à jour le 12 janvier 2024.

Clare Alden BLAIR ("Lennie") / 15320739
521 North Chestnut Street, Ravenna, Portage County, Ohio
Né le 26 mars 1923 à Akron, Summit County, Ohio / † 1er septembre 2006 à Killeen, Texas
Sgt, USAAF 491 Bomber Group, 852 Bomber Squadron, mitrailleur droit
Lieu d'atterrissage : près de Beaumont-sur-Oise, vers 21h00
Boeing Liberator B-24H-30-FO, n° série 42-95310,3Q-W, abattu par la Flak lors d'une mission sur l’aérodrome de Brétigny-sur-Orge, au sud de Paris, le 2 juin 1944
Écrasé vers 21h14 heure continentale entre Bernes-sur-Oise et Bruyères-sur-Oise, à 3 km au nord-est de Beaumont-sur-Oise, Val d’Oise, France
Durée : 3 mois
Camps Marathon : Fréteval

Informations complémentaires :

Rapport de perte d'équipage MACR 5391. Rapport d'évasion E&E 1008 disponible en ligne.

Les équipages du 491st Bomb Group n’arrivèrent en Angleterre que du 15 au 30 mai 1944. Celui du Lt Evans, pilote de Tickner, faisait partie des premiers arrivés, venu des Etats-Unis à bord du Liberator n° 42-110158 "Lucky Buck" ("Dollar Chanceux") qui leur avait été assigné quelques semaines auparavant. C’est sur cet appareil qu’ils avaient effectué des vols d’essai aux USA et un vol d’entraînement seulement en Angleterre. Dans l’après-midi du 2 juin 1944 vint la confirmation que le Groupe effectuerait sa première mission de combat. La déception fur grande lorsque l’équipage du Lt Evans se vit assigner un autre appareil que leur 110158, en réparation. Ils se virent attribuer le 42-95310, qui, comme 35 autres Liberators du Groupe décolla de Metfield, Suffolk à 18h00 heure anglaise. A l’approche de l’objectif, un obus de la Flak fait sauter le moteur n°1 hors de son logement. Le moteur n° 2 est également touché mais continue à fonctionner. L’avion en feu pique du nez, descend jusqu’à une altitude de 1000 m et le pilote Evans en reprend le contrôle avant d’encourir de nouveaux tirs de la Flak. Le moteur n° 2 est mis hors d’usage et des obus atteignent des parties vitales, notamment le système d’intercom. Le moteur n° 3 s’emballe et ne peut être mis en drapeau. Survolant Paris avec un seul moteur et trois tonnes de bombes prêtes à être larguées dans la soute à bombes ouverte, le pilote donne l’ordre d’évacuer l’appareil en perdition alors qu’il se trouve à une trentaine de km au Nord de Paris.


L’équipage du Lieutenant Evans, sans le mitrailleur arrière Raymond Lemay,
devant "leur" B-24 "Lucky Buck" avant leur départ pour l’Angleterre.
Debout, de gauche à droite : le pilote William J. Evans ; le co-pilote Norman Krasnow ; le navigateur Malcolm L. Blue et le bombardier Russell E. Tickner.
Devant, de gauche à droite, le mécanicien Edward F. Reedy ; le mitrailleur gauche Edward J. Friel ; le mitrailleur ventral George E. Countryman ; l’opérateur radio Milton J. Brush Jr et le mitrailleur droit Clare A. Blair
(photo extraite du livre "Our Personal War" de Jan Tickner).

Tous sautent en parachute et, durant leur descente, les hommes subiront le feu des chasseurs allemands. Le mitrailleur arrière, le Sgt Raymond George Lemay, était mort avant de toucher le sol, son corps coupé en deux par la mitraille. Le navigateur, le 2nd Lt Malcolm Leonard Blue, dont le parachute avait été brûlé par des incendiaires, sera tué en touchant le sol. Tous deux, initialement inhumés au cimetière de Beaumont-sur-Oise, reposent au cimetière Américain d’Epinal dans les Vosges, France.

Trois hommes seront immédiatement faits prisonniers : le copilote 2nd Lt Norman Krasnow, le radio/mitrailleur Sgt Milton J. Brush Jr et le mitrailleur ventral Sgt George E. Countryman (que Clare Blair mentionne dans son rapport avoir vu être arrêté). Le mitrailleur gauche Sgt Edward J. Friel, initialement évadé et pris en charge par René et Lina D’HALLENDRE de Neuilly-en-Theille, sera capturé et envoyé en Allemagne par le convoi du 15 août 1944 à destination du camp de concentration de Buchenwald. Comme d’autres aviateurs Alliés, il quittera ce camp le 19 octobre pour se retrouver au Stalag Luft 3 (libéré en fin avril 1945). Outre Clare Blair (la présente fiche), trois autres hommes réussiront leur évasion : le pilote 1st Lt William J. Evans (caché en France – resté dans le Maquis jusqu’à la Libération – rentré en Angleterre depuis Laval le 23 août 1944 - E&E 1114), le bombardier Russell Tickner et le mécanicien/mitrailleur dorsal Edward Reedy.

Immédiatement pris en charge par des résistants, Clare Blair se retrouve à Paris du 7 au 10 juin et indique dans son rapport d’évasion, très succinct, qu’il a rejoint le camp de Fréteval vers le 13 (ce doit être le 11 ou le 12…).

Le 10 juin, après que Philippe d'ALBERT-LAKE leur ait donné le choix entre rester à Paris ou aller dans un camp près de Châteaudun, des aviateurs choisissent cette dernière solution et partent en train pour Dourdan le même jour à 6 heures du matin.

Un groupe de dix hommes est escorté par "Michelle", "Anne-Marie" (Jeannine PIGHET) et "Annie" (Germaine BOHEL épouse MELISSON) jusque chez cette dernière au 7e étage du 8 Rue de Montessuy, Paris VIIe, près de la Tour Eiffel. Se retrouvent là en plus de Clare Blair : Eric Wright et son navigateur Sam Taylor, William Bender, Robert Gordon, Delbert Hyde, Joseph Johnson, Theodore Krol, Ebrahim Adams et Rudolph Hoover.

Arrivé à Dourdan, le groupe se rend à pied au point de rendez-vous dans la forêt d'Oye, à une courte distance de la gare. Tous marchent ensuite pendant une vingtaine de km jusqu'à Denonville, où un fermier leur permet de dormir dans sa grange. Le 11 juin au matin, le groupe se sépare. Michelle et Virginia prennent en charge Hyde, Taylor, Blair, Johnson, Krol et Alfred Wickman (qui les avait rejoints en route) tandis que Philippe d'ALBERT-LAKE guide séparément les autres. Blair et les autres locataires du camp sont libérés le 13 août 1944 par des troupes américaines.

Clare Blair est interviewé le 15 août 1944 par le 2nd Lt Richard H. Dana de l’I.S.9 et rentre par avion en Angleterre le lendemain. Il est à nouveau interrogé, à Londres, le 17 août par le Capitaine John White du MI.X.


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters