Personne capturée durant son évasion

Dernière mise à jour le 10 novembre 2021.

Angelo GAMBINO / 12156963
711 (le MACR reprend 277) Liberty Avenue, Brooklyn, New York, USA
Né le 19 février 1923 à Brooklyn dans l'Etat de New York, USA / † le 29 juin 2011 à Dutchess, Poughkeepsie County, New York
S/Sgt USAAF 390 Bomber Group 571 Bomber Squadron, 2nd mécanicien, mitrailleur ventral
près de Hoogeveen/Meppel, près de la limite entre les Provinces de Drenthe et d'OverIjssel, Pays-Bas.
Boeing B-17G-5-BO Flying Fortress - 42-31218 - (FC-E)/ "Eto-Itis", abattu par des chasseurs le 10 février 1944 lors d'une mission sur Brunswick.
Écrasé vers 13h10 sur deux fermes à Baarlo, près de Blokzijl, à l'ouest de Meppel, OverIjssel, Pays-Bas.
Durée : 4 mois.
Arrêté à Ransart le 2 juillet 1944

Informations complémentaires :

Rapport de perte d'équipage MACR 2504.

L'appareil décolle de Framlingham vers 07h30. Pour une raison indéterminée, il quitte la formation vers 12h15, perd de l'altitude et est observé pour la dernière fois vers 13h00 à hauteur de Lingen, au Nord-Est de Köln/Cologne. On peut penser que c'est par la suite qu'il a été touché par la Flak et attaqué par des chasseurs. Les rapports d'évasion indiquent que 2 moteurs sont mis hors d'usage, le stabilisateur et les ailes sont atteints et un incendie se déclare à bord. L'ordre d'abandonner l'appareil est donné et tous sautent, sauf l'opérateur radio S/Sgt James A. Harnish qui périra dans les flammes.

Cinq hommes seront faits prisonniers : le pilote 1st Lt John G. Burke, le copilote 2nd Lt Charles A. Hadfield (d'abord évadé, puis arrêté sur trahison à Anvers), le navigateur 2nd Lt Howard E. Richardson, le bombardier 2nd Lt Andrea Montello et le mitrailleur arrière S/Sgt Jerome A. Vilk.

Gambino saute à environ 6.000 m après Woodrow Tarleton et Earl Lambert et est suivi de Jerome Vilk. Egalement à bord : John Graney.

Dans son rapport, Lambert précise qu'il revoit Gambino environ six heures après son atterrissage et reste avec lui jusqu'au surlendemain lorsqu'ils rencontrent Graney et Tarleton à Meppel. Gambino, Graney, Lambert et Tarleton voyagent en train et vélo durant un mois, sous la conduite de résistants hollandais (van den HURK, Henry TEEUWEN, Johanna Marie "Joke" FOLMER, Jacques VRIJ). On cite aussi ROOSJEN, de Roermond (plus au sud du pays). La liste des aviateurs aidés par Joke FOLMER (Meppel) indique que celle-ci a reçu Tarleton, Lambert, Gambino et Graney de Peter van den HURK (Meppel) et qu’ils sont restés 14 jours chez elle pour être confiés ensuite par elle à Jacques van den BRINK.

Logeant dans des maisons et des granges, ils arrivèrent à Maastricht où ils restent une semaine. Après avoir traversé la Meuse en compagnie de Jacques VRIJ, ils arrivent à Liège où ils sont cachés dans l'usine de machines à coudre Singer, fermée à l'époque. C'est à Liège que leurs chemins se séparent. Un BEUNKENS (Hubert BEUNCKENS de Dilsen Limburg ?) reçoit Lambert le 24 février et le guide le même jour chez Albert DERKS, 21 Rue Gaucheret à Schaerbeek. Graney et Gambino, eux, sont ramenés de Waterloo à Bruxelles par un "VAN EECKHOUDT". [La liste des Helpers belges reprend un Oscar VAN EECKHAUT-VEYT, Avenue Belle Vue à Waterloo… tandis que dans sa lettre de 1946 – voir en bas de page – Graney mentionne "une autre Madame PETIT, parente de la précédente et habitant à la Villa Hortensia, 8 Avenue de Belle Vue à Waterloo"…]

Il est décidé (par Anne BRUSSELMANS et Aline DUMONT) que les aviateurs seraient plus en sécurité du côté de Charleroi et le 14 mars 44 à 11h00 du matin, à la Gare du Midi à Bruxelles, elles remettent Tarleton, Lambert et Graney à Simone GAZET et Valentin GILLIEAUX. Arrivés à Charleroi, ces derniers mènent Lambert chez Mme Élise CAËLS, veuve d'Arthur HUBEAUX, et son fils d'un premier mariage, Prosper DETRY, au 74 Rue de Couillet à Marcinelle (Elise CAËLS confirme deux aviateurs passés ce 14 mars), pendant que Gambino et Graney vont avec Simone GAZET à Nalinnes ou Gilly (Elle ne se souvient plus bien où elle les avait emportés).

Le 30 mars (?) 1944, GILLIEAUX les rassemble tous les trois chez Mme Vve HUBEAUX et les conduit quelques heures plus tard chez Florent HONNORE, Avenue Eugène Mascaux à Marcinelle, où ils passent une nuit. [Ici, confusion : dans son rapport, Gillieaux dit qu'il les a conduit chez M. PETIT, route de Beaumont à Marcinelle… ?] Suivant les instructions, GILLIEAUX se rend le lendemain vers 16h00 chez "PETIT à Beaumont" (à la pâtisserie "Petit-Pierre" exploitée par Oscar PETIT et Eglantine PIERRE au 37 Rue de la Régence à Charleroi) pour conduire Gambino et Graney à une adresse qui devait lui être indiquée. Chez Oscar PETIT, un jeune homme lui dit qu'il préfère conduire lui-même les trois aviateurs, avec l'aide de Mme BAUDE (Léa BAUDE, née LONGUE, du 51 Rue de Marchienne à Charleroi).

Guidés par Oscar PETIT depuis la Rue de la Régence à Charleroi, Gambino et Graney vont chez une autre Mme PETIT (Andrée PIRSON, épouse Pol PETIT) au 45 Rue Dagnelies à Charleroi. Ils y restent du 14 au 30 mars 44, tandis que Lambert est dirigé vers l'Hôtel de l'M, chez une Mlle ANGÈLE, à Bomerée. Oscar PETIT et son épouse sont arrêtés le 28 mars, sur dénonciation du Français Maurice Stocklin, VMann du SD de Charleroi sous les ordres de Müller.

Lors d'une de ses nombreuses visites tant à Bomerée qu'à Charleroi pour s'assurer de la présence des aviateurs dans leur planque, GILLIEAUX apprend le 28 avril que Gambino et Graney ont été emmenés à Fleurus par Mme Léa BAUDE, suite à une arrestation. Ils sont renseignés comme avoir été amenés par Andrée PIRSON chez Mme Virginie LOUIS . Gambino va alors chez un M. BRABANT (Vraisemblablement Robert BRABANT du 127 Chaussée de Charleroi à Fleurus), tandis que Graney va chez une Mme BAYOT (Germaine Irma BAYOT et sa fille Ghislaine au 110 Chaussée de Charleroi à Fleurus), hébergeurs chez lesquels ils restent chacun 1 jour et deux nuits. On les évacue ensuite au 121 Rue Masses-Diarbois à Ransart. Cette rue est celle reprise à la liste des Helpers Belges pour Georges "Hambresin" (sic), sans autres détails…


Article concernant la famille BAYOT, nommant erronément Graney comme Franey
et ne citant que le prénom de Gambino.
(Source : http://www.fleurus-tourisme.be/documents_pdf/codex1/367_Les_aviateurs_allies_trouvaient_refuge_%E0_Fleurus.pdf
accédé lors de nos recherches en 2017, mais en construction semble-t-il en 2021-2…)

La femme d'André AUVRAY, expliquant que leur cachette risque d'être brûlée, vient chercher Gambino et Graney pour les amener chez elle, Rue de la Station à Fleurus. Le 14 juin, GILLIEAUX les retrouve chez Georges HAMBERSIN au 5 Rue René Delhaize à Ransart. Ils étaient restés à Fleurus chez AUVRAY de la fin avril au 20 mai, Graney et Gambino s'enfuyant de nuit à cette date car, ayant découvert là un émetteur radio et des armes volées, ils se méfient des AUVRAY.

Mlle ANGÈLE les ramène chez HAMBERSIN chez qui ils restent 18 jours. AUVRAY, qui a ses entrées à la Kommandantur, est fortement soupçonné par la résistance locale et, pour prouver sa bonne foi, tente de récupérer les deux aviateurs pour les montrer à ceux qui le suspectent. Dans ce but, il s'informe vers la mi-juin auprès de Mme Léa BAUDE quant à l'endroit où ils se trouvent. Mise en alerte, Mme BAUDE prévient Mme BAYOT le 17 juin et cette dernière va chez HAMBERSIN et emmène les deux hommes dans la maison vide d'un M. MARTIN, 5 Rue Télésphore Lemal à Ransart. Ce Martin est prisonnier en Allemagne et Mme BAYOT a une procuration pour l'entretien de sa maison pendant son absence. Questionné le lendemain par AUVRAY, HAMBERSIN ne dévoile pas la nouvelle adresse des aviateurs. Ceci n'empêche pas que le 2 juillet, vers 05h30 du matin, ils sont finalement arrêtés chez Mme BAYOT par la GFP, probablement sur dénonciation, entre autres de cet AUVRAY, dont plusieurs résistants se méfiaient. Sont arrêtés en même temps que Graney et Gambino : Germaine BAYOT, sa servante et sa fille, de même qu’un voisin. Irma BAYOT a pu s’échapper du convoi du 2-3 septembre 1944, parti de la gare du Midi à Bruxelles à destination de l’Allemagne, mais qui n’a jamais quitté le pays (épisode du "Train Fantôme / Ghost Train" …)

Dans son rapport RAMP (reproduit en bas de page) et dans lequel il ne mentionne nulle part qu’il s’évadait en même temps qu’Angelo Gambino… John Graney relate qu’il atterrit dans la région de Zwolle, à quelques kilomètres à l’est du Zuider Zee (Pays-Bas). Il est rapidement entouré de gens qui vérifient d’abord qu’il est bien un aviateur Américain. Il est alors amené à Meppel, où il reçoit des vêtements civils, de faux papiers d’identité et de travail, tous portant les cachets allemands nécessaires. C’est à Meppel qu’il apprend le nom de l’homme qui l’aidait. Ce Helper, travaillait officiellement pour le Police néerlandaise et usait de ce statut pour récolter des informations pour le Résistance. C’est ainsi qu’il pouvait obtenir des papiers en règle pour les aviateurs passant par Meppel.

Graney reste quelques jours à Meppel et entre alors en contact avec le chef du réseau, qui est en fait une jeune fille à laquelle il donne 23 ans. Il ajoute que c’était elle qui était seule responsable d’avoir aidé Graney et 173 autres aviateurs depuis Meppel jusqu’à Maastricht. [Par recoupement, nous pouvons confirmer que la jeune fille en question était Joke FOLMER.]

Après avoir passé la frontière, Graney ne perd pas de temps à se diriger vers le sud de la Belgique. Il arrive à Charleroi le 15 mars et constate que les activités de mouvement des aviateurs évadés sont à l’arrêt, un débarquement étant dans l’air. Après quelques jours, les Résistants décident de le transférer à Fleurus où Graney entre en contact avec deux hommes se disant travailler pour les services d’espionnage britanniques et recevant leurs ordres de Bruxelles. Graney participe aux actions de la Résistance et mentionne qu’il aidait à ramasser et assembler des mitraillettes STEN larguées la nuit par des avions de la RAF. Ces armes étaient remises ensuite à plusieurs Résistants de la région, de même que de la dynamite et d’autres fournitures aidant à faire sauter des sections de voies ferrées dans la région. Graney termine son rapport RAMP en mentionnant que tous ses Helpers pouvaient être aisément identifiés en contactant "Madame Boyot de Fleurus" ainsi que "Monsieur Georges Henson", un fleuriste à Ransart (Charleroi) [ en fait, Georges HAMBERSIN…] Il conclut par "I was captured by the Gestapo on 2 July 1944".

 
Rapport allemand KU-842 concernant la capture d’Angelo Gambino ainsi que sa plaquette d’identification (Dog Tag)
Source : NARA : pages 10 et 12 de https://catalog.archives.gov/id/139533938

Dans l’article de Jean-Louis Roba reproduit ci-dessus, la photo en haut à droite montre Graney et Gambino avec M. LEQUY et des membres de son Groupe. Il doit s’agir de René LEQUY, repris à la liste des Helpers belges au 7 Rue des Bourgeois à Fleurus, sans autres détails. Le Groupe en question est vraisemblablement celui des Résistants armés dont parle Graney dans son rapport RAMP… et nous pensons que Gambino était de la partie aussi. Nous n’avons pas pu trouver de quel Groupe il s’agissait, seulement que René LEQUY avait été arrêté et, tout comme Irma BAYOT, a pu s’échapper du convoi du 2-3 septembre 1944, parti de la gare du Midi à Bruxelles à destination de l’Allemagne, mais qui n’a jamais quitté le pays (épisode du "Train Fantôme / Ghost Train" …)

En annexe à son rapport RAMP (ci-dessous) figure une lettre de Graney du 5 mars 1946, en son nom et en celui de Gambino, dans laquelle il cite certains de leurs Helpers (la plupart sont mentionnés plus haut dans notre texte), sans toutefois préciser les rôles joués ni les dates… :


Rapport RAMP de John Graney




Lettre du 5 mars 1946 au nom de John Graney et Angelo Gambino, annexée au Rapport RAMP de Graney

Angelo Gambino sera interné au Stalag Luft 4 à Gross Tychow (Tychowo) en Pologne.

Merci à Teunis "Pats" Schuurman pour la photo d'Angelo Gambino de son site http://www.teunispats.nl/jack-edward-gibbs-1.htm#Baarlo.


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters