Personne capturée durant son évasion

Dernière mise à jour le 2 septembre 2018.

Ernest James GILLMAN / 573532
20 Eastcourt Avenue, Earley, Reading, Berkshire
Né le 13 juillet 1922 / † le 30 avril 1948 en France
RAF Bomber Command 97 Squadron, mécanicien
Atterrit à Sibret (province de Luxembourg), Belgique.
Avro LANCASTER Mk III, n° série JA707, immatriculation OF-T abattu la nuit du 27 au 28 août 1943 lors d'une mission sur Nuremberg.
Atterrissage forcé près de la gendarmerie à Sibret (près de Bastogne), à 200 m au Sud du carrefour des routes Neufchâteau-Bastogne et Sibret-Chaumont.
Arrêté le 10 mars 1944 à Dax (Pyrénées Occidentales), France.

Informations complémentaires :

Rapport d'évasion à la libération n° WO 208/3334/LIB 1678.

Le Lancaster décolle de Bourn vers 22h00. Après le largage de ses bombes sur l’objectif, il est d’abord touché par la Flak (selon Kenny), puis par un chasseur Ju88. Les tirs de ce dernier endommagent fortement le fuselage et atteignent la tourelle arrière, tuant le mitrailleur arrière, le F/S Thomas William Newport McGrath, 29 ans. Le pilote, le F/S néo-zélandais Herbert Alexander Pond, mène l’appareil de 5000 à 2700m et une nouvelle attaque atteint le moteur gauche intérieur, qui prend feu. Le pilote met ce moteur en drapeau et descend à une altitude d’environ 600m, mais comme l’altimètre ne fonctionne pas ou plus correctement, le Lancaster se trouve maintenant trop près du sol et il est trop tard pour sauter. L’avion heurte un pylône électrique avant de s’écraser en feu.

Le bombardier, le F/O Victor Charles Peters, 26 ans, est tué dans le crash. Thomas McGrath et Victor Peters reposent tous deux au cimetière communal de Florennes, au sud de Charleroi en Belgique.

Le mécanicien Ernest Gillman (la présente fiche) rapporte que Joseph Kenny, le navigateur James Rainsford (qui, lui, ne faisait pas partie de l’équipage habituel d’Herbert Pond) et le mitrailleur dorsal Oscar Ramsden subissent des coupures. Gillman précise qu’avec l’aide du pilote Pond, de Joseph Kenny et d’Oscar Ramsden, il extirpe James Rainsford des débris, avant que les rescapés quittent l’endroit.

Le pilote, Herbert Pond s’en est allé seul et n’a pas suivi le même parcours que les autres évadés. Aidé par diverses personnes, il passera par Bouillon, Sedan, Reims et Fismes pour être pris en charge par le réseau Possum. Il sera évacué depuis le Mont de Dhuisel, près de Fismes par avion Lysander le 13 septembre 1943, en même temps que le Sgt E.G. Gardiner (SPG 3315/1403) et l’agent belge Pierre GEELEN, recherché par la Gestapo. Herbert Pond et les autres arrivent à Tangmere en Angleterre le 14 (rapport d’évasion de Pond : SPG 3315/1402 ; de Gardiner, SPG 3315/1403).

Les éléments repris ci-dessous proviennent des rapports établis après leur évasion par Rainsford et Ramsden, de ceux de Kenny et Gillman rédigés après leur retour de captivité en Allemagne ainsi que d’autres sources (dossiers de helpers, recherche sur des noms, etc.,…)

Joseph Kenny et Ernest Gillman se dirigent ensemble vers le Nord, tandis que Ramsden et Rainsford partent tous deux de leur côté. A l’aube du 28 août, Kenny et Gillman s’adressent à un homme (travaillant dans un champ selon Kenny, roulant à vélo selon Gillman…), qui leur apprend où ils se trouvent (à 8 km de la ville de Marche-en-Famenne) et leur indique la direction d’un village où il pense qu’ils pourront être aidés. En cours de route, Kenny et Gillman retrouvent Ramsden et Rainsford, et les quatre hommes poursuivent leur route ensemble. Tous se dirigent alors vers le village de Sibret, où, dans la dernière maison, un homme leur donne à manger et à boire. Selon Gillman, l’homme leur a demandé de partir et, tandis que les évadés marchaient le long d’une route, ils le virent les dépasser à vélo, avant que les aviateurs le suivent vers un bois où ils s’arrêtent. Gillman déclare qu’ils ont expliqué à cet homme qu’ils avaient besoin d’une assistance médicale. Gillman conclut en indiquant que l’homme leur a dit de rester cachés dans le bois tandis qu’il allait chercher un médecin Sans autres détails, Gillman termine sa relation de son évasion en disant qu’à partir de ce moment son évasion fut arrangée.

Par ailleurs, selon le rapport de Kenny, arrivés au village, ils rencontrent "un ami" dans un café, qui les a menés vers une maison abandonnée dans le bois d’une grande propriété, où ils restent loger 3 jours. Ce qui suit résulte de l’examen de détails qui figurent aux rapports de Kenny et Gillman, complétés par des précisions provenant d’autres sources (dossiers de helpers, recherche sur des noms, etc.,…) Il semble que Kenny, Gillman, Rainsford et Ramsden se soient trouvés ensemble jusqu’à Paris où ils furent séparés par paires.

Selon les rapports de la section AS de Libramont, les quatre aviateurs tombés à Sibret erraient à pied quand ils rencontrent Roger GIOT (habitant à Champs, près de Bastogne), qui les conduit chez sa sœur Berthe GIOT, fermière desservant le château de Rolley à Longchamps, propriété de Gaston MAUS de ROLLEY. Les rapports de Kenny et Gillman indiquent que le 29 août (le rapport de l’AS mentionne le 28…), "Mme Mons", qui parlait anglais, est venue les chercher (dans le bois) et a conduit les 4 hommes à la maison du bourgmestre de Bastogne où ils sont cachés dans une remise. Il doit s’agir de Mme MAUS de ROLLEY, l’épouse de Gaston et la "maison" est en fait le château de Rolley.

Kenny et Gillman mentionnent qu’ils sont restés au château jusqu’au 31 août vers 23h00. Pendant leur séjour, Victor HASTIR, un des trois dirigeants de la section AS de Libramont, domicilié à Bastogne (49 Rue d’Arlon), au courant d’aviateurs tombés non loin, les recherche pour les aider. Il rencontre Firmin CENSIER de Champs qui pense les avoir vu à Longchamps, et le charge de les retrouver. Via André SALMON et Gilbert GALLOIS de Libramont, CENSIER contacte Jean GREGOIRE, agent de Zéro. GREGOIRE, habitant au 5 Rue de la Scierie à Libramont, informe Maxime VAN PRAAG alias "Rouleau", alors chef de Zéro à Bruxelles, qui accepte de les aider et envoie des Form E à remplir. Les Form E sont transmis à Bruxelles pour vérification de l’authenticité des aviateurs auprès de Londres.

Le 29 à 11 heures, un homme habillé en pêcheur (ce doit être Firmin CENSIER) déclare aux aviateurs qu’ils ne doivent pas s'inquiéter, que les Allemands recherchaient plus à l'Ouest, et qu'ils vont recevoir des passeports et rentrer en avion en Angleterre. Gaston MAUS de ROLLEY, informé de cet incident, leur signale que son maçon fait partie d'un réseau. Les évadés reçoivent un message : "Don't worry, will get you out of this, Cheerio". Jean GREGOIRE remet les Form E à Gaston MAUS de ROLLEY, dont la belle-fille se charge de les faire remplir afin de les transmettre à Bruxelles pour vérification.

En attendant la réponse, Victor HASTIR les fait déplacer. Le 31 août, à 13 heures, deux guides (Victor HASTIR et Firmin CENSIER) arrivent en sifflant "Tipperary" et leur donnent des instructions écrites : "Follow the guide to the right-hand side of the road; hide until someone comes along with a white handkerchief. Reply by using a white handkerchief. Follow at 10 metres distance until someone speaks to you in English out of the bushes". Les évadés sont alors convoyés jusque Mande, où HELMBACHER prend la place de CENSIER. A Houmont, les quatre sont remis à l'abbé Edmond LALLEMAND. [A noter que la liste des Helpers belges établie après la guerre reprend "2Lt. HEIMBACHER – 362 Bataillon Fusiliers Belges, Libramont".]

A 15 heures, toujours le 31 août, ils rencontrent un homme ("1m75, 40 à 45 ans, lunettes, moustache grise et deux garçons. Leurs rapports décrivent l’homme, "1m75, 40 à 45 ans, lunettes, moustache grise. Il nous dit de dire au major KING qu'ils avaient été entre les mains du capitaine BRADLEY". L’homme ajoute qu'il est un agent britannique parachuté d'un Halifax. Les aviateurs suivent l’homme et les deux jeunes hommes et sont cachés dans un baraquement pour réfractaires et puis dans un chalet de chasse abandonné. On rapporte qu’ils y sont restés jusqu'au 11 septembre. Les rapports de Kenny et Gillman reprennent les détails suivants (sans préciser s’ils se trouvent à 2 ou à 4) :
* Le 31 août : partis à 23h00. Marché pendant 2 heures à travers bois. Passé la nuit dans une étable ("shed").
* le 1er septembre : partis dans la soirée ; marché jusqu’aux abords de Libramont. Passé la nuit dans un autre shed.
* le 2 septembre, amenés pour rencontrer un agent du MI.9, un Belge parlant anglais, qui les guide vers une maison vide à l’extérieur de Libramont. Restés jusqu’au…  Leurs rapports sautent alors au 16 septembre.

Le 11 septembre à 15 heures, les aviateurs sont amenés tous les quatre près de Libramont par Albert ETIENNE, habitant Bastogne, sur ordre de HASTIR, et y arrivent vers 21 heures et demi. Jean GREGOIRE devait les attendre sur la route de Remagne, mais le rendez-vous est manqué. Abandonnés sur place, nos quatre aviateurs ont de la peine à retrouver leur chalet, qu’ils finissent cependant par rejoindre.

Le 13 septembre, Victor HASTIR les remet à Jean GREGOIRE au même endroit. Pendant ce temps, Max BRAHMS, le radio luxembourgeois de GREGOIRE, a été présenté à Marie-Louise GRINGOIR du 20 Rue des Archers à Koekelberg, à Bruxelles. Marie-Louise GRINGOIR viendra chercher les 4 aviateurs le 16 septembre à Libramont en vue de les remettre à Comète (Yvon MICHIELS était aussi dans Zéro). Elle est attendue par Jean GREGOIRE (un bouquet de bruyères à la main) à la gare de Libramont. Le soir de ce 13 septembre, ils sont logés dans un chalet de la forêt de Remagne sous la garde du maquis du Lt DOMINIQUE.

Max BRAHMS y amène le Sgt Peter Smith. BRAHMS signale que la Gestapo les recherche tous. Ils apprennent aussi que le chef de gare, son fils et deux gendarmes de Sibret sont condamnés à six mois de prison pour ne pas avoir signalé à la Gestapo que les aviateurs avaient fui leur appareil en flammes.

Le 8 (ou le 14) septembre à 15 heures, ils sont amenés tous les cinq à Libramont par Jean MARTIN et Jean GREGOIRE. Rainsford, Ramsden et Smith doivent se cacher dans une petite cabane d'un chantier des Pères Dominicains (à leur insu), une église en construction sur les hauteurs de Bonance un peu à l’est, juste en dehors de la ville. Gillman et Kenny, eux, vont loger chez Paul LAMBERT, le garde-salle de la gare de Libramont, dont il est prévu qu’il les aidera à y prendre le train.

Le 16 septembre à 21 heures, le rendez-vous à la gare étant raté, Kenny, Gillman, Ramsden, Rainsford et Peter Smith sont guidés tous les cinq depuis le chantier des Dominicains par le jeune Jean MARTIN, du 2 Rue de l’Eglise à Libramont. Seul, Martin les guide vers le Nord à travers bois (vraisemblablement le Bois de Bèrnihè) et ils traversent la voie de chemin de fer reliant Libramont à Grupont. Un gendarme les guide une partie du trajet. Ils arrivent enfin au château de Ronfay, où ils sont accueillis par le baron et la baronne Eric de WYKERSLOOTH de ROOYESTEYN. Ce château est situé sur le territoire d’Ochamps à mi-chemin entre Libramont et Libin et dispose d'une piste d'aviation privée. Des piquets sont plantés - mais peuvent être enlevés en quelques heures - sur ce terrain qui pourrait convenir à des bimoteurs. Les 5 aviateurs reçoivent des vêtements frais, sont nourris, peuvent enfin prendre des bains chauds et logent dans une des dépendances du château. Dans leurs rapports, Kenny et Gillman déclarent être arrivés le 18 septembre au château et y être restés jusqu’au 21…


Le château de Ronfay à Ochamps.

Le 19 septembre, Jean MARTIN et Jean GREGOIRE les amènent au pont de Libramont, où Max BRAHMS les prend en charge pour les conduire jusqu'à la gare. Le train part à 8 heures du matin en direction de Bruxelles et les hommes voyagent en 2e classe. Le "capitaine BRADLEY" les regarde partir de loin. Comme c'est BRAHMS qui est allé à Bruxelles se faire présenter Mme GRINGOIR, cette dernière ne manque plus le rendez-vous comme le 16 septembre, où elle n'avait pas reconnu Jean GREGOIRE et son bouquet de bruyères.

A Bruxelles, Mme GRINGOIR les remet à Mme Dominique PAULI en gare du Luxembourg. Elle les emmène tous non loin de là chez une "Pauline" (Isabelle ANSPACH veuve PAULI, sa mère), au 30 rue de Naples à Ixelles, non loin du square de Meeûs. Un QG allemand est situé trois maisons plus loin, et beaucoup d'officiers allemands sont logés de l'autre côté de la rue. Dominique PAULI procède à leur interrogatoire afin de s’assurer que les aviateurs sont authentiques et non des agents infiltrés. Ils entendent parler d'un aviateur américain, du T/Sgt Victor Ciganek /32392925, qui était à bord du "Dame Satan" 42-2990. Il était de Jersey City, New Jersey (243 Halladay Street...) Opérateur radio. Blessé par la Flak et soigné dans un hôpital de Bruxelles avant d'être envoyé en Allemagne. Prisonnier aux Stalag 9C et Stalag Luft 4.

Comme Isabelle ANSPACH ne peut loger que trois hommes, Peter Smith les quitte le 19 à 14 heures et demi et est conduit en tram et en train dans une maison de la banlieue de Groenendael, Rue ou Avenue des Anglais, chez Marcel et Suzanne BOUFFA, où il reste trois semaines.

Le 8 octobre (Kenny et Gillman parlent du 9, les autres du 14…), Rainsford, Ramsden, Kenny et Gillman se retrouvent tous dans une gare, avec leurs guides. Rainsford y a été guidé par Jean Ferdinand FISCHBACH, du 103 Boulevard de Waterloo, Bruxelles, où il se trouvait du 19 septembre au 7 octobre. Le groupe part en train à Mons avec de fausses cartes d'identité, et arrivés à Mons, ils poursuivent en tram jusqu’à Erquennes. Là, ils attendent jusqu’au soir dans la maison d'un douanier (François BOURLARD à Erquennes). Kenny et Gillman disent avoir alors passé une nuit, soit chez BOURLARD, soit chez Georgette DIEU. Ils y rencontrent deux guides français, un homme et une femme. On mentionne également un passage par Quiévrain, d’où ils marchent vers la France, passent la frontière et logent jusqu’à 8 heures du matin chez André DEWAUVRAIN, fermier et bourgmestre de et à Camphin-en-Pévèle.

Le 10 octobre, Gillman, Ramsden, Rainsford et Kenny prennent un train pour Valenciennes où ils changent de train pour aller à Paris. Arrivés à la Gare du Nord à 15 heures, après un nouveau changement de trains, ils sont accueillis par deux hommes parlant anglais. L’un des deux les emmène dans un flat à la "Rue de Chile" (cela peut être au 16 Rue du Chevalier de la Barre à Montmartre chez Mme Suzanne BASTIN) où ils sont interrogés et où on les prend en photo. Le groupe est alors scindé et Kenny et Gillman ne reverront plus Ramsden et Rainsford par la suite. En fin d’après-midi, Kenny est emporté dans une autre maison.

Kenny et Gillman se retrouvent le 12 octobre et sont guidés ailleurs par Suzanne BASTIN (l'adjointe de Dominique Edgard POTIER du réseau POSSUM ). Ils sont rejoints plus tard par Ian Robb et Carlyle Darling. Le 14, quatre autres aviateurs arrivent et restent une nuit.

Le 18 octobre, Suzanne BASTIN et Dominique POTIER les emmènent à Fismes, près de Reims dans la Marne. Ils passent la nuit chez le fermier Émile THIRION, père de Jacqueline, à Serzy-et-Prin. Se trouvent également là, Ian Robb, Carlyle Darling et deux membres de l’équipage du B-17 n°42-3538, le S/Sgt Arthur T. Whalen et le T/Sgt Herbert M. Browning (qui seront tous deux évacués par avion Lysander vers l’Angleterre le mois suivant - rapports d’évasion, respectivement E&E 190 et 191).

Le 19 octobre, l'abbé Roland FONTAINE (alias Victor Delcourt) de Savigny-sur-Ardres les conduit dans une grotte (la Caverne du Dragon, à Oulches-La-Vallée, près du Chemin des Dames) à une 30ne de kilomètres au nord de Serzy pour échapper à une fouille allemande. Le 21, l’abbé FONTAINE conduit Kenny et Gillman chez le comte Joseph TIRANT de BURY et son épouse Marthe de Savigny, au "Vieux Château", 2 Rue Perrier de Savigny à Savigny-sur-Ardres. Le 28 octobre, le comte les déménage à quelques kilomètres de là, chez Mr et Mme Pierre PREVOST, fermiers à Crugny. [Le comte Joseph TIRANT de BURY a été arrêté le 21 juin 1944. Déporté à Neuengamme, il est décédé le 17 septembre 1944 au camp de travail de Farge (Bremen). Quant à Pierre PREVOST, arrêté le 7 avril 1944, il semble qu’il ait survécu à la guerre.]

Le 23 décembre (le 24 selon Kenny), Kenny et Gillman sont ramenés à Paris par Suzanne BASTIN. Francis GUYOT, agent d’assurances à Vanves, emmène Gillman loger chez Louise CULOT, épouse d’Albert, au 111 Rue Sadi Carnot à Vanves. On ne sait où Kenny part, mais il réapparaît le 7 janvier 44 chez le fabricant de peintures Albert PELLEGEAY et son épouse, au 119 Rue Sadi Carnot et y demeure durant 30 jours selon Mme PELLEGEAY, Kenny, lui, indiquant qu’il y est resté deux semaines, jusqu’au 21 janvier. Il ajoute qu’il a entretemps été hébergé 3 nuits chez Francis GUYOT.

Le 10 février, Kenny et Gillman retournent au flat de Suzanne BASTIN au 16 Rue du Chevalier de la Barre à Montmartre, mais ils sont rapidement transférés par Robert ROCHER (du 7 Rue Louis Rouquier à Levallois-Perret) chez les CAMPION suite à des fouilles de la Gestapo. Mme Marie-Louise CAMPION, du 71 Rue de Rochechouart, Paris 9e, les héberge jusqu’au 3 mars, date à laquelle les deux aviateurs, aidés par Pierre COURTADON, vont chez Edmond et Zélie RECOULES, au 48 Rue des Abesses, Paris 16e, qui les hébergent jusqu’au 9 mars.

Le 9 mars 44, vers 21h30, Kenny et Gillman partent pour Pau, où les RECOULES ont des amis. Ils font le voyage en train avec Edmond RECOULES, qui porte le même prénom que son père, et Mme CAMPION. Un contrôle de la Gestapo les arrête près de Dax le 10 mars 44. Leurs papiers ne sont pas en ordre pour la région Sud et Kenny, Gillman et le fils RECOULES sont arrêtés. Marie-Louise CAMPION échappera à l’arrestation et pourra témoigner des événements. Les parents RECOULES seront également arrêtés le dimanche suivant à Paris. Edmond RECOULES père fait partie du convoi du 21 mai 1944 à destination de l’Allemagne. Il mourra à 61 ans à Bergen-Belsen le 21 mars 1945. Son épouse Zélie, 43 ans, part par le convoi du 6 juin 1944, est internée à Ravensbrück et en réchappera. Quant à leur fils Edmond, parti le 4 juin, il mourra à 21 ans à Sachsenhausen en février 1945.

Kenny et Gillman sont menés à la prison militaire de Bayonne où ils sont interrogés. Ils y restent 8 jours, avant d’être menés en train vers Paris, puis en voiture vers la prison de Fresnes, à Paris. Ils y restent pendant 5 semaines et le 22 avril 1944, ils sont transférés en train à la prison de la Gestapo à Frankfurt pour interrogation supplémentaire. Kenny (prisonnier n° 3781) et Gillman (n° 3783) sont déplacés le 10 mai au Dulag Luft à Oberursel, près de Frankfurt. Le 18 mai, ils sont transférés au Stalag Luft 6 à Heydekrug, ensuite le 18 juillet au Stalag 357 ("Kopernikus") à Thorn / Torun, en Pologne. Le 20 août 1944, ils sont déplacés vers le Stalag XIB (357) à Fallingbostel d’où ils sont libérés en avril 1945, Kenny le 15 par une unité de la 2ème Armée britannique, Gillman le 17 près de Celle. Rentré en Angleterre, Ernest Gillman est interviewé le 17 novembre 1945.

Merci à Fred Greyer pour ses notes sur cet aviateur.

Ernest James GILLMAN, resté dans la Royal Air Force après la guerre, faisait partie du RAF N° 9 Squadron en 1948. Le 30 avril 1948, il est à bord du Avro Lincoln RF474 (WS-C), l’un des 6 avions qui décollent de la base de Luqa à Malte, où ils avaient fait escale, venant de Shallufa en Egypte. L’appareil n’atteindra jamais la base de Binbrook, sa destination en Angleterre. Vu le très mauvais temps au-dessus du sud de la France, il s’écrase près de Verquières, à environ 6 km au nord-ouest de Châteaurenard (60 km au nord-ouest de Marseille). Il n’y a aucun survivant parmi les 11 hommes à bord. Ernest Gillman, 25 ans, et ses infortunés compagnons reposent au cimetière de Mazargues, à 6 km au sud de Marseille.


(c) Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters