Aviateurs de l'opération Marathon

Dernière mise à jour le 5 août 2022.

Paul Peter KASZA / 35520266
3296 West 23rd Place, Cleveland, Ohio, USA.
Né le 14 janvier 1921 à Cleveland, Ohio / † le 16 novembre 2005, Independence, Ohio, USA.
T/Sgt, USAAF 801 Bomber Group 406 Bomber Squadron, radio.
Atterrissage : près de Tourinnes, entre Huy et Hannut, province de Liège, Belgique.
B-24D-60-CO Liberator, 42-40478, F / "Lonesome", abattu le 30 mai 1944 par la Flak et abattu par un Ju 88 (Lt Karl Kern, 2./NJG4) lors d'une mission Carpetbagger (OSRIC 14) de parachutage d’armes pour la résistance (le Groupe "OTARIE") sur le secteur "Viemme", entre Huy et Waremme.
Ecrasé dans un champ à Fosses-la-Ville, près de Sart-Saint-Laurent, Province de Namur, Belgique
Durée : 15 semaines.
Camps : Bellevaux/Villance/Acremont.

Informations complémentaires :

Rapport de perte d'équipage MACR 5294. Rapport d'évasion E&E 1998 disponible en ligne..

Le B-24 décolle le 29 mai vers 23h00 heure anglaise et, d’abord touché par un obus de la Flak au-dessus du Continent, est attaqué ensuite par un chasseur de nuit Ju88.


L’équipage originel du Lt Fitzpatrick.
Debout, de gauche à droite : Joseph Lasicki, Howard W. Lynch, James S. Sherwood et Ernest B. Fitzpatrick Jr.
Devant, de gauche à droite : William E. Schack, James E. Williams, Walter W. Swartz et Paul F. Kazsa
(Richard V. Thiriot, qui ne figure pas sur la photo, avait remplacé Howard Lynch comme co-pilote lors de cette mission°
Photo http://www.801492.org/index.html


Extrait du MACR 5294 avec l’équipage abattu dans le 42-40478 le 30 mai 1944

Le pilote, le Lt Ernest Fitzpatrick parviendra à s’évader (rapport d’évasion E&E 2122) et restera caché jusqu’à la Libération chez diverses personnes en région de Liège, de même que le mitrailleur dorsal, le T/Sgt Walter W. Swartz (E&E 2121.) Quatre autres membres de l’équipage seront faits prisonniers : le 2ème navigateur, le Lt Cornell DeGrothy, le mitrailleur droit, le S/Sgt James E. Williams, le bombardier, le Lt Joseph J. Lasicki et le mitrailleur arrière, le S/Sgt William E. Schack, ces deux derniers étant arrêtés par la Gestapo à Liège le 27 juin 1944 après avoir été aidés par de nombreuses personnes de la région.

Paul Kasza, dont c’est la 18ème mission, saute de l'appareil en feu d’une altitude d’environ 1800 m, presque en même temps que Richard Thiriot et atterrit dans un champ, s'écorchant à des fils barbelés. Il cache son parachute, traverse un autre champ en direction du Sud et atteint un village. Des aboiements de chiens le font faire demi-tour et il se dirige d'abord vers le Nord, puis vers le Sud-Ouest. Arrivé à Braives, il aperçoit trois maisons et décide de se cacher dans une dépendance de la plus petite des trois. Au matin, il voit le propriétaire, Joseph TIMSONET, sortir de la maison et il s'adresse à lui. Après quelques hésitations, le couple de fermiers le fait entrer chez eux et lui donnent à manger avant qu'il s'endorme pour la journée.

Le soir du 30 mai, un membre de Comète vient l'identifier et Kasza lui remet son revolver. Manquant de nourriture en suffisance, la famille de Joseph TIMSONET (Route de Huy à Braives) s'adresse à leurs voisins les MÉLON, qui par la suite les approvisionnent ainsi que leur aviateur. Les MÉLON, également sollicités par le voisin LERUTH (en vue d'aider Thiriot), apprennent que celui-ci cache également un aviateur et c'est ainsi que les deux co-équipiers se retrouvent. Kasza et Thiriot sont évacués quelques jours plus tard vers la ferme de la famille de François MATIVA-BOTTIN, à Vieux-Waleffe, à environ 5 km à l’est de Braives, où ils dorment dans une grange. Ils y sont rejoints le lendemain par leur navigateur James Sherwood. Il se pourrait que les MÉLON soient apparentés à Léon MÉLON, de Kemexhe (à une vingtaine de km de Braives, entre Waremme et Liège), qui sera abattu, ainsi que ses camarades Marcel Lacroix, d’Ans et Jules Stiernet, d’Omal, par des soldats allemands en retraite, lors d’une mission qu’ils effectuaient pour le Groupe "OTARIE" le 5 septembre 1944 en bordure de la Chaussée Romaine à Omal.


Le moulin de Fallais.

Quelques jours plus tard, les trois aviateurs sont menés au moulin de Paul HEINE et son épouse, Rue du Chardon 77, à Fallais où le Baron Charles du FONTBARÉ, de Fumal, vient les prévenir qu'une auto viendrait les prendre pour les conduire vers un aérodrome, le but étant de les faire partir par air vers l'Espagne. Par crainte d'être dénoncés par un jeune voisin, ils sont transférés dans une autre maison de Fallais. Durant les sept semaines qu'ils se cachent à Fallais, ils se rendent de temps en temps au moulin des HEINE pour prendre un bain.


Richard Thiriot, James Sherwood et Paul Kasza devant le moulin de Fallais.
En route vers les Ardennes.

L’Appendix "C" du rapport d’évasion (très succinct) de Thiriot mentionne qu’il a été caché dans la maison de Lucien MOSSE à Fallais, mais sans précision quant à la durée de ce séjour. Il est fort probable que ce soit "l’autre maison" citée plus haut, mais on ne retrouve aucune mention de MOSSE dans la liste des Helpers belges. Par ailleurs, dans le rapport d’évasion de Sherwood, il est mentionné qu’il est resté à Fallais pendant 9 semaines, aidé et logé par Paul HEINE et Joseph TILKIN. Ce dernier est renseigné dans la liste des Helpers belges comme habitant "120 Rue Guillaume Bolliner, Fallais" (il s’agit de la Rue Guillaume Boline à Fallais-Braives et plus vraisemblablement du n° 12.)

La décision ayant été prise de les conduire dans un camp en Ardennes, on leur donne de faux papiers et au début du mois d'août, Louis VAN LIERDE (surnoms : "Henri Poupier" et "Petit Louis") et François Robert LINTERMANS "Bob", sont amenés en voiture vers leur cachette afin qu'ils conduisent les trois aviateurs le lendemain en train vers les Ardennes. Ce projet est abandonné car ils sont prévenus que des maquisards allaient faire sauter les voies du chemin de fer. C'est finalement à vélo (vers le 6 août selon le rapport de Sherwood) que le groupe, rejoint par Gaston NELIS de Waremme, quitte Fallais en direction de Namur, première étape. Le bris de la pédale d'un des vélos retarde la marche, jusqu'à ce que Louis VAN LIERDE, qui se dirigeait en voiture vers Namur, vienne récupérer les aviateurs pour les conduire à Namur tandis que les guides poursuivent leur trajet à vélo.

Les américains logent une nuit chez Albert LEFÈBVRE, 38 Chaussée de Louvain à Namur et ils sont guidés le lendemain dans la traversée de Namur et de Jambes par Mme Simonne DENIS-BOKIAN du 45 Chaussée de Waterloo à Namur, accompagnée d’une jeune fille. Sept ou huit autres aviateurs font aussi partie du groupe qui se dirige à vélo vers Dinant en longeant la Meuse. Malgré quelques frayeurs lors de contrôles, notamment au pont d'Yvoir, le groupe arrive enfin à Dinant. Passant par Anseremme, la petite troupe atteint Freyr, lieu de rendez-vous avec PETRYNS. Ce dernier arrive avec plusieurs heures de retard et signale qu'il n'a pas de logement pour les aviateurs. Vu l'état de fatigue de ces derniers, on finit par les installer pour la nuit dans une cabane de pêcheurs.

Un changement de programme fait qu'au lieu de partir directement le lendemain avec PETRYNS vers les Ardennes, ils sont menés ce jour-là par VAN LIERDE jusqu'à Beauraing. De là, ils partent pour Nollevaux en passant par Wellin, la barrière de Transinne et Maissin. A Beauraing, ils sont pris en charge par l'Abbé Roger ARNOULD "Jérôme", qui les guide jusqu'au camp de Villance, où nos trois hommes et d'autres évadés passent une quinzaine de jours dans une grange. (Voir aussi Charles Earnhart, qui mentionne avoir rencontré Kasza et d'autres aviateurs lors de l'arrivée de ces derniers dans un camp...)

A la fin du mois d'août, craignant une incursion des Allemands, on les évacue de nuit vers le camp d'Acremont où une patrouille américaine les trouve le 8 septembre 1944.

Kasza, Sherwood et Thiriot furent transportés vers Paris en C-47 le 10 septembre pour y être interrogés à l'Hôtel Francia par le 2nd Lt Richard H. Dana de l’I.S.-9. Le 11 septembre 1944, un autre C-47 les emmena vers leur base de Harrington.

Puis ce fut le retour aux États-Unis, où les trois hommes devinrent instructeurs. Le livre "40-45 Parachutage de nuit" de David J. CHAUSSÉE - Ed. J.M. COLLET, Braine-L'Alleud - 1996, relate toute l'histoire de la mission et de son équipage.


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters