Dernière mise à jour le 29 août 2025.
Paul Hinckley McCONNELL / O-796562
1705a Madison Avenue, Montgomery, Alabama, USA.
Né le 22 avril 1920 Fort Wayne, Indiana / † le 9 octobre 2000, San Juan Capistrano, Californie.
2nd Lt, USAAF 381 Bomber Group/ 533 Bomber Squadron, navigateur.
Lieu d'atterrissage : près de La Coulonche, au sud-est de Flers, Orne, France.
Boeing B-17F-75-BO Flying Fortress, 42-29928, VP-W, abattu par des chasseurs le 4 Juillet 1943 lors d'une mission sur l'usine d'assemblage de moteurs d'avions Focke-Wulf, Le Mans.
Écrasé dans un verger en Val de Vée, Forêt des Andaines, près de La Coulonche, Orne, France.
Durée : 6 mois.
Passage des Pyrénées : le 10 janvier 1944.
Rapport de perte d'équipage MACR 161. Rapport d'évasion E&E 380 (disponible en ligne).
A l'approche de la cible, l'appareil est attaqué par quatre chasseurs Me109. Un obus explose et tue le mitrailleur gauche, le S/Sgt Harry Walter Bauscher. Plusieurs autres hommes sont blessés, deux des quatre moteurs sont endommagés et l'arrivée d'oxygène pour la partie arrière de l'appareil est sectionnée. Poursuivre la mission sans cet apport d'oxygène signifierait la mort des mitrailleurs survivants et le pilote, le 1st Lt Olof Maximillian Ballinger, quitte la formation et descend en altitude tandis qu'il s'oriente vers l'Angleterre, pensant devoir amerrir en Mer du Nord.
Plusieurs chasseurs Me109 mitraillent l'appareil isolé durant sa descente et à environ 2000m d'altitude, avec le feu à bord et un stabilisateur de queue détruit, les commandes ne répondent plus. L'avion, impossible à diriger, perd inexorablement de l'altitude et le pilote donne l'ordre de l'évacuer.
Parviendront à s'évader, outre McConnell : le pilote Ballinger (E&E 248 - évacué par la Ligne Bourgogne vers les Pyrénées - octobre 1943), le copilote John Marshall Carah (prend un bateau à Gibraltar le 28 février 1944 avec escale à Casablanca pour arriver à New York le 2 mars), le mitrailleur arrière William Claxton Howell (E&E 328 - évacué par la Ligne Bourgogne vers les Pyrénées - janvier 1944) et le Sgt Francis Edward "Bud" Owens Jr, mitrailleur droit. Ils avaient été tous évacués via Paris et "Bud" Owens se retrouvera dans un groupe de sept évadés accompagnant six ou sept officiers français se préparant à franchir les Pyrénées. Les 6 autres évadés sont également américains : il y a son pilote Ballinger, le navigateur 2nd Lt Harold Bailey (B-17 42-5827 du 379th Bomb Group), le radio T/Sgt William B. Plasket (B-17 42-30163 du 306th Bomb Group), le Major William T. Boren (pilote du B-26 41-31721 – E&E 194 ; tué le 8 janvier 1945 dans un accident d’avion aux USA), le 1Lt Keith W. Murray (E&E 196 – B-17 42-30271 du 95th Bomb Group), le 2nd Lt Charles H. Hoover (E&E 195 – B-17 42-29789 du 381st Bomb Group). Guidés par Emile DELPY, qui hésite à entreprendre le passage ardu des Pyrénées vu le pauvre état physique des aviateurs, le groupe amorce la traversée le 22 octobre. Arrivés à Suc-et-Santenac, Ballinger abandonne le premier, les autres poursuivant leur route à travers les montagnes en direction de la Principauté d’Andorre. Ils sont surpris en altitude par une tempête de neige et Bailey s’écroule. Bud Owens et Bill Plasket le relèvent et pendant plusieurs heures le portent jusqu’à ce qu’eux aussi tombent d’épuisement. Delpy et leurs camarades ne peuvent rien pour eux et doivent les abandonner dans la neige, leur mort inévitable intervenant vraisemblablement le 25 octobre 1943. Le corps des 3 hommes sera retrouvé aux environs de Port de Rat, en Andorre, au printemps suivant. Bud Owens, d’abord inhumé comme ses compagnons d’infortune à Arinsal en Andorre, repose au cimetière américain des Ardennes à Neupré, près de Liège. (Voir détails à https://www.conscript-heroes.com/Art32-Tragedy-Pyrenees-960.html).
Au moment de sauter, Carah voit au bord de la soute le Bombardier, le 2nd Lt George C. Williams, tenant dans ses bras son parachute accidentellement déjà déployé. Il l'encourage à sauter malgré tout, mais Williams hésite et en descendant, Carah le voit quitter l'appareil trop peu de temps avant le contact avec le sol, faisant de Williams une autre victime. Les restes du 2nd Lt George C. "Whitey" Williams, d’abord inhumés en France, ont été rapatriés après la guerre à Trumbull, Ohio. Également rapatriés en Ohio, mais à Cincinnati, les restes de Harry Walter Bauscher. Le mécanicien S/Sgt Albert Gerald Wackermann, dont le parachute ne s’était pas ouvert complètement (et peut-être touché par des tirs de chasseur lors de sa descente) a été inhumé au cimetière d’Alençon (Orne). Après la guerre, ses restes ont été transférés au cimetière Américain de Neupré, près de Liège.
Deux blessés seront faits prisonniers : le radio T/Sgt John Kenneth Lane et le mitrailleur dorsal T/Sgt Byron Jerome Gronstal. Tous deux se retrouveront au Stalag 17B près de Gneixendorf/Krems, Autriche. Partis de là en marche forcée de 260 kilomètres d’est en ouest jusqu’à Braunau, ils y seront libérés par l’arrivée de troupes Soviétiques.
McConnell est l’un des premiers à sauter, et aperçoit six autres hommes quittant l'appareil. Durant sa descente, il voit les dernières attaques des chasseurs sur l'avion en perdition. Il atterrit dans la cour d'une ferme et son premier contact est Charles BOUVET, un forestier et garde-chasse à Le Ménil-Ciboult. Il ne parle pas l'anglais et McConnell ne connaît que peu de français. BOUVET l'emmène dans une forêt proche et lui y indique une cachette. Il se recouvre de feuilles humides, doit chasser les souris, les araignées et les moustiques qui l'assaillent, ne parvient pas à vraiment dormir d'autant plus que de nombreux coups de feu claquent aux alentours jusqu'au matin alors que des patrouilles allemandes fouillent le coin avec des chiens. Au matin, il se met en route et aperçoit des bûcherons travaillant dans une clairière. Il n'hésite pas à les approcher car il n'a rien mangé ni bu depuis 36 heures. Les hommes lui donnent à boire et le mènent à une cabane, sorte de bureau de campagne, où un homme parlant l'anglais le questionne de manière assez pointue, puis lui donne à manger et lui sert du vin.
La résistance locale, avisée, lui prépare des vêtements civils et on le mène chez la famille d'Emmanuel BOURGOIN au Château de l’Ermitage à Champsecret, au sud de Dampierre. L’épouse de ce dernier, Lucienne, l'installe dans une chambre de réserve avant de téléphoner au "Grand Pépin", membre du réseau local.
Ce dernier contacte André ROUGEYRON, chef d’un réseau de renseignements militaires sur les installations allemandes dans la Manche, l’Orne et la Mayenne et participant à l’aide aux aviateurs évadés. On décide de placer McConnell dans un chalet appartenant à ROUGEYRON (le "Chalet du Brouillard"), à Domfront, distant d'une dizaine de kilomètres. "Le Grand Pépin" (Roger Charles PEPIN, de La Sauvagère, un peu au sud-est du lieu du crash) emporte l'aviateur sur une moto "empruntée" aux Allemands et force adroitement un barrage avant d’arriver à bon port à Domfront.
Selon certaines informations, le co-équipier de McConnell, le mitrailleur William Howell, se trouve chez ROUGEYRON en même temps que McConnell et y reste avec lui jusqu'au mois d'août avant qu'ils soient tous deux dirigés vers Paris. André ROUGEYRON déclare avoir logé McConnell du 5 juillet au 26 août 43, et l'avoir remis à André Auguste SHOEGEL dit "Fiquet", guide hébergeur, 2 Rue Jenner à Orly. McConnell, Howell et le 2nd Lt John Dougherty Jr (navigateur à bord du B-17 42-5797 abattu le 16 août 1943) sont confiés à Mr et Mme Gabriel PONS au 174 Avenue Jean Jaurès à Bobigny-Paris.
McConnell est renseigné comme mené "à la fin du mois d’août" au Café du Moulin Rouge, 42 Avenue Henri Barbusse à Drancy, tenu par Maurice BERTHE-COTTEREAU. Dougherty y était arrivé le 23 et transféré le même soir chez Gabriel PONS où McConnell et Howell le rejoignent quelques jours plus tard.
Après leur départ, André ROUGEYRON prendra alors en charge le pilote Ballinger et le mitrailleur Owens avant de les transférer rapidement sur Paris également.
Dans un récit où il ne cite jamais Howell, McConnell dit que durant les semaines qui suivent, il est déplacé à plusieurs reprises entre ce chalet, une petite maison sur les hauteurs de Domfront et une maison jumelée, plus grande, dans la même localité. La partie de ce bâtiment qu'il occupe jouxte celle où un officier allemand a son quartier général, et il arrive souvent que McConnell, habillé en civil, salue les soldats qui y sont en faction. Il perfectionne son français rudimentaire du début et joue parfaitement son rôle de "français moyen" avant d'être transféré vers la fin août en région parisienne, où il aide des résistants à organiser la récupération d'aviateurs alliés.
Le groupe est découvert et pratiquement anéanti par les Allemands, mais McConnell échappe à la capture et participe à sa reconstitution. André ROUGEYRON est arrêté le 3 août 1944 et déporté au camp de concentration de Buchenwald (prisonnier matricule 77103). Ayant survécu au conflit, il deviendra maire de Domfront après la guerre et décèdera en 1997. Quant à McConnell, sa tête qui avait été mise à prix et valait 20.000 francs lors de son arrivée en Normandie, atteint à présent la valeur de 80.000 francs. Rester en région parisienne est devenu trop dangereux et son évacuation vers l'Espagne est organisée.
Le 28 août, McConnell , Howell et Dougherty vont loger chez le boucher Pierre MANGEOLLE et son épouse Louise FAVRE, au 28 Rue Chevalier de la Barre à Les Pavillon-sous-Bois. Quelques jours plus tard, ils y sont rejoints par 2 équipiers du 42-5797 de Dougherty : le 2nd Lt John Heald, bombardier et le S/Sgt Robert Marvin Sheets, mitrailleur latéral gauche. Tous deux seront évacués vers l’Espagne par le Réseau Bourgogne.
Gary Hinote rejoint les autres chez les MANGEOLLE le 11 octobre. On signale McConnell comme hébergé en octobre (date ?) chez Mlle Myriam LEDOUX, Hôtel Bienvenue, 4 Rue Saint-Sulpice, Paris 6ème. McConnell déclare être resté chez les MANGEOLLE jusqu'en fin novembre. Howell, lui, dit y avoir logé dix jours, seulement. McConnell est d'abord envoyé à Quimper où un "M. Henry" devait les envoyer par bateau vers l’Angleterre, mais Dougherty et McConnell ne peuvent prendre place dans l'embarcation. John Dougherty part alors pour Toulouse et sera lui aussi évacué vers l’’Espagne par le Réseau Bourgogne. McConnell, quant à lui, revient en région parisienne et y reste 99 jours de plus via l'abbé de l’église Saint-Sulpice et Mlle Raymonde CHASSAGNE, du 228 Rue Lecourbe, Paris 15ème, chapelière-modiste dans un magasin de mode au Boulevard Raspail. McConnell y sera caché, avec l’aide de Lucienne FÈVRE (de Les Pavillons-sous-Bois, près de Drancy). Raymonde CHASSAGNE sera arrêtée le 2 mars 1944 et déportée au camp de Ravensbrück en Allemagne. Elle survivra au conflit et sera libérée en mai 1945. Née en 1904, Raymonde est décédée en 1959.
En août 2025, le chercheur Français Marti Hayotte nous a appris que McConnell avait été aidé par Charles LUQUEL, pédicure au 8 Rue Fustel de Coulonges à Paris 5ème (né à Barcelone en 1910-décédé à Paris en 1997). Une de ses photos de son kit d’évasion ainsi que l’une de ses plaquettes d’identité (dog tag) ont été retrouvées à cette adresse. Aucune indication quant à la durée du séjour de Paul chez LUQUEL. Peu après la guerre, ce dernier avait reçu des lettres du F/Sgt Cecil Ernest Bernard Eckel le remerciant pour l’aide apportée. Eckel était pilote du Typhoon JP381 (RAF - 247 Squadron) – incident mécanique, écrasé près de Flers le 15 février 1944. Nous ignorons s’il se trouvait chez LUQUEL en même temps que McConnell ou pas. Mené à Paris par André ROUGEYRON, Eckel s’y trouvait caché lors de la libération de la capitale le 25 août 1944. Il a rejoint l’Angleterre par avion le 5 septembre. (Rapport d’évasion SPG 3324/2770.)
McConnell est logé plus tard par Mme Fernande ONIMUS née PHAL pendant trois jours avec Gary Hinote du 6 au 9 janvier chez Raoul TOUQUET (ex-sergent de l'armée française, affecté au 8e Génie en 1924, mobilisé en 39, prisonnier en 40 et évadé) et son épouse Lucienne PRIOUL au 16 Rue Henri Tariel à Issy-les-Moulineaux. Le couple TOUQUET fut arrêté le 28 mars 1944. Raoul, prisonnier 132762 au camp de Mauthausen, survivra au conflit, de même que son épouse, internée au camp de Ravensbrück et libérée le 30 avril 1945, rentrant en France le 28 juin, 3 semaines après son mari.
McConnell, Howell et Dougherty sont menés à la Gare d’Austerlitz où ils revoient Gary Hinote et Steve Krawczynski. Ils prennent le train en direction de Bordeaux, vraisemblablement avec Marcelle DOUARD (19 Rue Lamblardie, Paris 12ème), la secrétaire de Jacques LE GRELLE chef de Comète à Paris. A Bordeaux, ils rencontrent "Franco" (Le Belge Jean-François NOTHOMB), qui leur achète des tickets pour Dax. Arrivés là, ils continuent en train vers Bayonne où "Max" (le Français Max ROGER) les rencontre à la gare. De là, le groupe se dirige vers Biarritz puis Saint-Jean-de-Luz.
Après que le groupe ait logé à Sutar à l'auberge Larre de Jeanne MENDIARA, McConnell franchit la frontière espagnole le 12 janvier 1944 avec Gary Hinote, Steve Krawczynski, Frank Hill ainsi que Robert Poreye et Jean Cassart au 90e passage de Comète, par Souraïde et Quito borda, avec les seuls guides de Juanito BIDEGAIN (Michel ECHEVESTE et son frère Joseph Marie).
McConnell est à Madrid le 2 février via Alhama, et à Gibraltar le lendemain. Le 4, il embarque dans un avion pour Prestwick en Ecosse, où il atterrit le 5 février
Rentré aux Etats-Unis, Paul McConnell est démobilisé en décembre 1945.
Décédé en 2000, Paul McConnell repose au Ascension Cemetery à Lake Forest, Califonie.