Personne passée par Comète via les Pyrénées

Dernière mise à jour le 18 août 2016.

Moire Alphonse Jean PIERRE / 933234 et 133525
88 Red Bridge Lane, Ilford, Sussex, Angleterre
Né à Londres le 1er juillet 1917, de parents belges / † ?
Fl/Off, RAF Bomber Command 158 Squadron, bombardier, Bombing leader du 158 Sqn
atterri sur le toit d'un fort allemand à environ 5 km au Nord d'Aachen/Aix-la-Chapelle, tout près de la frontière et de l'extrême sud de la Province hollandaise de Limburg.
English Electric Co. Halifax Mk II, n° série DT694, NP-N, abattu la nuit du 14 au 15 février 1943, par un chasseur du 6./NJG1 (Lt Johannes Hager) lors d'une mission sur Cologne.
Ecrasé près entre Mechelen et Wittem (Limbourg hollandais)
Durée : 7 semaines
Passage des Pyrénées : le 2 avril 1943

Informations complémentaires :

Rapport d'évasion SPG 3313/1171 (incomplet).

Un Belge rencontré dans un café à Lanklaar (Nord de Maasmechelen) lui donne l'adresse de M. "Spannau" (Il s'agit de Lambert SPANOGHE), au 72 chaussée de Liège à Hasselt. Il est représentant de l'American Imperial Tobacco Company et est connu à Londres de Albert Martins, parachuté en Belgique sous le pseudo de "Mr Wings".

Moire Pierre arrive le vendredi 19 février 43 chez Lucien COLLIN, étant passé par le centre de rabattage de Jean MOBERS à Maaseik. Curieusement, "Marc" Pierre a truffé son rapport d'inexactitudes pour ne jamais dévoiler les noms des personnes qui l'avaient aidé. C'est ainsi que l'on lit dans le dossier de Jean MOBERS que Pierre et Mobers avaient fréquenté ensemble l'institut de commerce Scheppers à Malines avant la guerre et sa naturalisation anglaise. Il est donc parfaitement clair que c'est Jean Mobers qui l'a dirigé vers Lambert SPANOGHE, et que Marc Pierre lui-même savait où aller à Maaseik pour trouver de l'aide.

Par ailleurs, les archives du groupe Hoornaert-Dirix de Hasselt confirment que “le 19 février 1943, Lucien COLLIN vient chercher “Marcel Alphonse Jean Pierre (933234) chez Jean MOBERS“… La veuve de Jean MOBERS confirme qu'il fut habillé et logé chez eux et qu'il s'est rendu à Hasselt avec feu son mari. (Jean MOBERS a été fusillé le 19 avril 44 à Ludwigsburg, après son arrestation le 23 juin 43).

Moire Pierre est hébergé à Hasselt chez Mathieu VENKEN au 130 Chaussée de Liège (jusqu'au 21), chez Lucien COLLIN au 41 Rue du Demer (jusqu'au 26), chez Rosa LANQUIN-VANDERLINDEN (jusqu'au 4 mars), chez Géraldine GERARD (une nuit) et Lambert SPANOGHE à Hasselt.

De Hasselt, il retourne aux Pays-Bas par la route qu'il avait prise. Il reprend contact avec le skipper du vapeur de plaisance et arrange avec lui qu'il devienne une maison sûre pour d'autres aviateurs qui tomberaient dans ce coin des Pays-Bas, pour les passer ensuite à Hasselt. Il y retourne et y voit le Sgt Sankey, RAF, qui y passe. Il l'y interroge pour établir son identité et laisse des questions techniques à Hasselt (rédigées le 28 février avec Lucien COLLIN), qui furent ensuite distribuées aux Pays-Bas.

Le 1 mars, Clémentine LUCAS, épouse de Lucien COLLIN, va à Bruxelles dans la famille de "Marcel" Pierre.

Pendant qu'il est à Hasselt, vers le 21 février, un agent anglais, "Henri de Castille", fut assassiné au Rouge Cloître à Bruxelles. Il serait connu de Londres comme "Antoine" et son vrai nom serait DUCAS. Il aurait dû établir un réseau dans les deux Limbourg. Pierre croit qu'il fut tué à cause de bavardages intempestifs après l'arrestation de Jean GREINDL. On retrouva son corps dans un étang, et deux cartouches non loin. Il s'agit en fait de Henri DECAT, effectivement parachuté avec André DAVE la nuit du 14 au 15 janvier 43 (mission DREW, qui devait établir une liaison entre la Belgique et les Pays-Bas, appelée Ligne Antoine), affectés à Comète à la demande de Jean GREINDL pour l'identification des aviateurs. Henri Decat fut effectivement enterré sous l'identité de Henri Louis Ducastille (son pseudo forgé à Londres) sur son acte de décès originel.

Ces gens, à Hasselt, désiraient que Pierre reste travailler avec eux. Des représentants de la résistance disent que 3.000 hommes sont disponibles, mais sans contact avec Londres. Ils désireraient des armes, parachutées au Sud de Asch ou à Zonhoven.

Le 5 mars, jour de l'arrestation de Jean INGELS à Gand, il rencontre Fernando RADELET chez SPANOGHE.

Le 9 mars, Lucien COLLIN note qu'il reçoit la visite de son frère et de son père, qui repartent le lendemain.

Il quitte Hasselt au début mars (pas avant le 10), après être resté deux semaines chez SPANOGHE. Il se rend soi-disant seul (en fait avec Lucien COLLIN et Robert POREYE) à Bruxelles et loge chez certains de ses amis, non membres de son mouvement, au 82 Avenue Louise à Bruxelles (chez le gendarme pensionné Victor DETAILLE, qui connaît Jean-François NOTHOMB).

A Bruxelles, il prend contact avec les successeurs de Jean GREINDL, et il leur promet de ne pas révéler leurs noms et adresses : Ces personnes pensent que l'arrestation de GREINDL était due à une indiscrétion de Londres. En fait, le cas est plus complexe et des infiltrations successives, tant de Belgique que de France, l'ont provoquée. Il fut ainsi la première personne rapatriée par la ligne réorganisée par Fernando RADELET.

Il se rend à Paris avec un guide (Jean-François NOTHOMB), et y reste deux jours. Pierre se trouvait dans l'appartement de Frédéric de Jongh lorsque (le 07 avril 1943...) y arrivent trois hommes de la RAF : le P/Off B.C. Dennison (SPG 3314/1325) et le P/Off Gordon L. Spencer (SPG 3314/1345), tous deux RCAF, à bord du Halifax BB250 du 405 Squadron et le Sgt George R. Howard [RAF - Stirling R9149 du 7 Squadron - SPG 3314/1329] tous trois évacués par Oaktree/Burgundy.

Il avait été convenu - puisqu'il parlait le français - qu'il accompagnerait de Paris un Américain déguisé en prêtre (Gilbert Wright), mais celui-ci, guidé par Catherine JANOT, fut arrêté à la gare Montparnasse en partant. Pierre fait donc seul le voyage vers Bayonne en première classe.

Après Bordeaux, il est interrogé à deux reprises pendant dix minutes par un sous-officier allemand et deux soldats. Ils examinèrent sa carte d'identité et fouillèrent ses bagages. Ces soldats firent descendre huit personnes du train. Probablement une recherche de jeunes réfractaires au travail obligatoire. Pierre put bien se débrouiller, mais quelqu'un ne maîtrisant pas le français ne passait pas ce contrôle. Il pense que ce contrôle se fait toujours après Bordeaux, et suggère qu'il vaudrait mieux quitter le train avant cette ville.

De Bayonne, il va à Saint-Jean-de-Luz où des membres de Comète lui indiquent un guide. Wright arrêté, il sera le seul aviateur passé en Espagne lors de cette traversée. C'est le 40e passage de Comète par la route classique de Saint-Jean.

Il passe les Pyrénées de nuit avec Jean-François NOTHOMB. Une fois en Espagne, il va en tram à San Sebastian chez Federico ARMENDARIZ. Au lieu de citer le 2e étage du 3 Calle de la Marina, près de la Concha, il donne comme adresse le 5 Calle del Triunfo (une rue parallèle). Il est alors pris en voiture jusqu'à l'ambassade à Madrid, et après une nuit fut envoyé à Séville. Il y embarque et arrive à Gibraltar le 16 avril.

Il part en avion le 19 et arrive à Hendon le 20 ; il est interrogé par le MI-9 ce même 20 avril 1943.


(c) Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters