Personne passée par Comète via les Pyrénées

Dernière mise à jour le 21 mai 2022.

David Aitken SIBBALD / NZ.411102
Courage Road, Amberley, North Canterbury, South Island, Nouvelle-Zélande.
Né à Christchurch, Nouvelle-Zélande le 14 juin 1922 / † le 26 septembre 2008
Fl Sgt RNZAF, RAF Bomber Command 35 Squadron, opérateur-radio
Handley Page Halifax Mk II TL-Y, N° série W7851 abattu par un chasseur allemand (Oblt Ludwig Meister du 1./NJG4) lors d'une mission sur Nuremberg la nuit du 8 au 9 mars 1943.
Écrasé entre Ors et Catillon-sur-Sambre, à l’est de Le Cateau-Cambrésis (on mentionne aussi, erronément semble-t-il, "à Avesnes-les-Aubert"), à l’est de Cambrai (Nord, France).
Durée : 9 semaines
Passage des Pyrénées : le 10 mai 1943

Informations complémentaires :

Rapport d'évasion SPG n° 3313/1214 (indisponible).

Le Halifax décolle de Graveley à 19h24, heure anglaise. Trois membres de l’équipage seront tués : le pilote F/O John Hilton Brown et les mitrailleurs F/Sgt Patrick Flynn et le néo-zélandais Sgt Stanley Seymour Vinicombe (RNZAF). Tous trois reposent au cimetière communal de Cambrai, Nord, France. Trois autres sont faits prisonniers : le navigateur néo-zélandais F/Sgt Albert George Murray Coulam (RNZAF), le mécanicien Sgt A. Tacey et l’observateur Squadron Leader Corner Donald Waterer.

David Sibbald sera le seul à pouvoir s’évader. Nous ignorons comment il parvient à Lille, mais dans cette ville, on renseigne Eugène D'HALLENDRE, ancien rabatteur de la ligne Pat O'Leary et récupéré par Comète, comme remettant Sibbald à Rosine WITTON-THERIER au 6 route de Bapaume à Achicourt (Arras). [ Eugène et Lucienne D’HALLENDRE et leur fils Edgar habitaient au 1 Impasse Bomart à la Madeleine, près de Lille. Eugène D’HALLENDRE, né en 1898, cheminot à la SNCF, a été arrêté le 20 juillet 1943 sur dénonciation, en même temps que son épouse, leur fils Edgar l’étant un peu plus tard. Eugène D’HALLENDRE a été fusillé par les Allemands à Bondues le 27 décembre 1943. Edgar D’HALLENDRE, né en 1922, figure comme sa mère Lucienne, née BUYSSE en 1899, à la liste des Déportés français et ont survécu au conflit, Edgar étant interné d’abord en France puis en Belgique jusqu’à la Libération, sa mère ayant été internée en camps en Allemagne et libérée par des troupes russes le 5 mai 1945.] Rosine WITTON-THERIER loge Sibbald chez elle puis le guide à Paris et le remet à Robert AYLE pour être ensuite logé par Reine THOMAS, au 25 Rue Bapts à Asnières en même temps que Bernard Marion.


Une photo nous paraissant être celle de Sibbald et provenant de la page
https://www.memoire14-45.eu/fr/notice/2017-1-34-aviateur-britannique-aide-par-la-famille-d-hallendre-musee-de-la-resistance-bondues-a614f85f-0e61-449d-8676-135ff678c8a7
avec comme seule indication " Photographie d'un aviateur britannique aidé par la famille d'Hallendre le 13 avril 1943."

Au soir du 8 mai, escortés par "Madeleine" (Madeleine BOUTELOUPT), David Sibbald et Bernard Marion prennent le train pour Bordeaux à la Gare d'Austerlitz. Etant d'origine francophone, le navigateur Marion pourra tenir une conversation durant le voyage, Sibbald devant simuler une extinction de voix. Egalement à bord du même train : William Laws, John Whitley et Gordon Brownhill, accompagnés eux par "Jacques". Il s'agit de Jacques TINEL, du 254 Boulevard Saint-Germain Paris VIIe, qui vient en renfort de Jean-François NOTHOMB.

Voyageant via Nantes, le train arrive à Bordeaux le 9 au matin. Tous les aviateurs se retrouvent dans la gare où, suite à une alerte aérienne, ils ne sont heureusement pas contrôlés. Chacun ayant reçu de "François" (Jean-François NOTHOMB) de nouvelles cartes d'identité et un Permis de Circulation "allemand", tous quittent la gare à pied individuellement dans la direction de Saint-Jean-de-Luz. Au début de l'après-midi ils se regroupent et prennent le train pour Dax où ils arrivent vers 16h30.

Marion, Sibbald et Brownhill partent à vélo, escortés par Jean-François NOTHOMB, qui les mène à Bayonne. Ils logent dans un appartement dans la ville et sont rejoints le lendemain par Whitley, Laws et Jacques TINEL (qui remplace maintenant "Bee" Johnson) qui, eux, ont pris le train du matin après avoir passé la nuit à l'Hôtel du Terminus à Dax. Jean-François NOTHOMB, accompagné de Sibbald, va le lendemain matin à Saint-Jean-de-Luz pour chercher un vélo supplémentaire, de sorte qu'à son retour, il puisse refaire le voyage avec Whitley et Marion. Ils sont rejoints dans un flat à Bayonne plus tard dans la soirée par Laws et Brownhill. Le groupe se disperse alors dans plusieurs cafés pour se retrouver par après, à l’exception de Sibbald.

Le même soir, le groupe se sépare par paires et longe la voie principale de chemin de fer au Sud de Ciboure, où ils revoient Sibbald et deux guides, dont Florentino GOIKOETXEA. Tous arrivent à la ferme Yatxu Baïta de Joseph LARRETCHE, près d’Urrugne, où ils changent de pantalons et se chaussent d'espadrilles en vue de la traversée des Pyrénées. C'est le 43e passage de Comète par la route de Saint-Jean avec NOTHOMB et Jacques TINEL, qui remplaçant là aussi Bee Johnson, apprend l’itinéraire.

Sibbald, Laws, Whitley et Brownhill quittent la ferme vers minuit dans la nuit du 11 au 12 mai. Le courant de la Bidassoa étant trop fort, ils sont obligés de faire un détour et atteignent Endarlaza juste avant l'aurore. Ils franchissent le pont d'Endarlaza, heureusement non gardé, et se retrouvent dès lors en Espagne. Ils constatent que Brownhill manque à l'appel et Florentino, Jacques TINEL et Jean-François NOTHOMB, partis à sa recherche, reviennent bredouilles. Le reste de la troupe suit la voie de chemin de fer menant à Hendaye (le train de la Bidassoa ou Txikito Tren) et, passant un tunnel et traversant un ruisseau, arrive finalement au terme de son échappée.

Brownhill avait perdu ses compagnons de vue dans les montagnes et avait décidé de poursuivre sa marche tout seul. Arrêté à sept km de la frontière par un garde espagnol, il passe deux jours en prison, puis deux autres dans un hôtel avant d'être autorisé à se rendre à San Sebastian pour voir le consul Britannique. Après deux autres semaines dans un autre hôtel et deux jours dans la prison de Saragosse, Brownhill est envoyé au camp de Miranda de Ebro où il reste environ deux semaines. Il prendra le bateau à Gibraltar le 23 juin 1943 pour arriver à Liverpool un mois après les autres, le 29 juin.

Tout comme Laws, Marion et Whitley, David Sibbald quitte Gibraltar par avion le 24 mai 1943 et arrive à Hendon en Angleterre le lendemain. Le sergent Sibbald, qui s’était engagé dans la Royal New Zealand Air Force en février 1941, a reçu la DFM (Distinguished Flying Medal) en juillet 1943, pour "son courage, sa force morale et sa débrouillardise de haut niveau", lors d’opérations de la "Pathfinder Force" dans les derniers mois de 1942 :


David Sibbald, décédé en 2008, repose au Awa Tapu Cemetery à Paraparaumu, Wellington, North Island, New Zealand.


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters