Personne passée par Comète via les Pyrénées

Dernière mise à jour le 21 mai 2022.

Thomas Richard WILBY / J15138
134 Pennine Drive, Barnet, Londres et Fredericton, New Brunswick, Canada
Né le 13 juin 1919, à Richmond, Virginie, USA / † 8 juillet 2003 à Fredericton, New Brunswick, Canada
Fl Off, RAF Bomber Command 78 Squadron, mitrailleur arrière
Lieu d'atterrissage : à Marboz, dans l’Ain, France.
Handley Page Halifax, n° série W7856, EY-?, touché dans la nuit du 11 au 12 décembre 1942 lors d’une mission sur Turin, Italie.
Parvenu à rejoindre l'Angleterre.
Durée : 4 ½ mois
Passage des Pyrénées : le 1er mai 1943

Informations complémentaires :

Rapport d'évasion SPG 3313/1212 (indisponible).

Au retour de la mission, alors qu’il survole la Suisse, le froid en altitude provoque le givrage des ailes du Halifax et l’arrêt de ses moteurs. L’appareil part en vrille et le pilote donne l’ordre de l’évacuer. Thomas Wilby tente de quitter sa tourelle arrière au-dessus de la Suisse, mais sa jambe droite reste coincée. L’ouverture de son parachute se déclenche et il est entraîné hors de l’avion, se brisant la jambe. Tandis qu’il descend, le Halifax sort de sa vrille, les moteurs se remettent en route et le pilote, ayant pu en regagner le contrôle, réussira à le ramener vers l’Angleterre, atterrissant sans dégâts à Manston.

Après son atterrissage près de Marboz, Wilby est soigné par un docteur, qui le dénonce ensuite aux Allemands. Envoyé à l’hôpital de Bourg-en-Bresse, Wilby parvient à s’en échapper grâce à la complicité d’un médecin de l’hôpital. Il reste caché dans une maison de la région, où il est soigné tant bien que mal. Ayant rejoint Lyon, il y prend un train pour Toulouse. Dans le train, le hasard le fait rencontrer deux Résistants qui le mettent en contact avec Jules HIMPE (repris dans la liste des Helpers français au 2 Avenue Gambetta à Montauban, à 50 km au nord de Toulouse). Jules HIMPE envoie Wilby en train vers le Nord en l’assurant que des contacts de son épouse Hélène pourraient le faire rentrer en Angleterre par avion.

Arrivé chez Hélène HIMPE, née Wullaert, au 135 Rue du Chêne Houpline à Tourcoing, Wilby constate rapidement que ce plan est irréalisable. (Interviewé à Londres par le MI.9 le 28 mai 1943, Wilby déclare qu’il ne peut se rappeler les noms des deux Français qui l'ont aidé à Toulouse, mais qu’il pense qu'ils ont à voir avec Comète).

Pris en charge par le docteur DECONINCK (signalé comme étant de Tourcoing), Wilby se retrouve hébergé par Valentine PLOYART et son fils Guy au 28bis Rue Jeanne Maillotte, à La Madeleine (Lille). Son mari Moïse PLOYART est prisonnier au Stalag XII/D (n° 14696). Wilby est ensuite aidé et guidé par Eugène D'HALLENDRE de Lille (ce dernier indique "Willy Tommy" sur sa liste). Valérie PLOYART, née Defeller, dont l’activité devient trop connue, est envoyée dans une autre région, mais elle sera finalement arrêtée le 28 octobre 1943 et, détenue à la Maison Centrale de Loos, elle sera jugée par un tribunal militaire à Lille. Elle sera envoyée à la Prison de Saint-Gilles à Bruxelles. Elle partira de là par le convoi du 16 mai 1944 et transitera par Aix-la-Chapelle d’où elle sera transférée le 21 juin 1944 à la Prison Centrale de Cottbus. De là, elle sera dirigée le 2 février 1945 sur la maison de réclusion de Waldheim (Saxe, Allemagne) où elle mourra de phtisie pulmonaire (comme beaucoup d’autres détenus) le 2 avril 1945. Elle avait 35 ans.

Quant aux D’HALLENDRE, Eugène, sa femme Lucienne et leur fils Edgard, 21 ans, seront arrêtés le 20 juillet 1943. Eugène, 45 ans, condamné à mort le 12 décembre, a été fusillé le 27 décembre 1943 au Fort de Bondues (Nord). Son épouse Lucienne, née Buysse en 1899, condamnée à 3 ans de travaux forcés, passera par plusieurs prisons et camps et sera libérée de la prison de Gommern en Allemagne le 5 mai 1945. Leur fils Edgard, étudiant, fut incarcéré à la prison de Huy en Belgique et libéré là par l’arrivée de troupes américaines le 5 septembre 1944.

Merci à Jean-Michel Dozier pour certains détails de l’évasion de Wilby avant son arrivée à Lille (voir http://frenchhelpers.fr/MondeWWII/WWII_2.htm)

Nous ignorons comment et avec l’aide de qui Wilby arrive à Paris. Il y est logé par Reine THOMAS, au 25 Rue Bapts à Asnières (qui le cite comme "Willy J15138"). Nous n’avons pu trouver l’identité d’autres logeurs et Helpers à Paris et ignorons qui l’accompagne lorsqu’il quitte Paris en train à destination de Bordeaux.

Le 28 avril 43 à midi, Elvire DE GREEF ("Tante Go") l'amène dans un café en face de la gare de Bordeaux où John Curry, Iva Fegette et William Whitman étaient déjà avec Jean-François NOTHOMB ("Franco").

Vers 15h30, les quatre aviateurs et NOTHOMB prennent un train pour Dax en 3e classe après qu'un arrangement pour des vélos n'échoue. C'est la première fois que fonctionne cette escale de Dax. Ils y dorment dans un hôtel : l'Hôtel du Terminus. Le 29 au matin, ils se rendent en train à Bayonne où ils passent un contrôle. Ils y retrouvent la femme qui avait amené Wilby à Bordeaux, ainsi que sa fille (Elvire et Jeanine DE GREEF). Ils vont dans un café et montent passer la journée du 29 au-dessus du bar dans des chambres, où ils mangent. Il s'agit du bar de Pierre ARRIEUMERLOU, époux de Catherine LESCOULIER au 12 Quai Augustin Chaho à Bayonne. Les gens de l'hôtel savent qu'ils sont britanniques (anglo-saxons).

Après 18 heures, ils partent en train pour Saint-Jean-de-Luz. Ils passent le contrôle allemand et NOTHOMB part chercher des guides. Au soir, NOTHOMB les conduit chez deux femmes. Le 30 à 22 heures, ils quittent deux-par-deux la maison pour le pont à Saint-Jean-de-Luz, où NOTHOMB et un autre homme les attendent. Ils lui donnent le reste de leur argent. Des hommes, postés le long du chemin leur indiquent la direction. Ils arrivent à une ferme en bordure des Pyrénées, qui doit être celle de Joseph LARRETCHE, Yatxu-Baïta à Urrugne où ils reçoivent des espadrilles et des pantalons.

Le passage des Pyrénées prend dix heures, avec Florentino GOIKOETXEA, Patxi et Jean-François NOTHOMB. C'est la 42e traversée de Comète, par la route de Saint-Jean-de-Luz. Il pleut et ils voient les lumières d'Espagne avant de descendre et traverser la Bidassoa.

Le 1er mai, ils s'arrêtent à une ferme toute la journée, et "Franco" va chercher un taxi. Ils le prennent à 20 heures dans un village et vont loger trois jours à San Sebastian chez "le chauffeur", soit Bernardo ARACAMA au n°7, 5e étage à gauche, Calle Aguirre, quartier de Miramon, soit Federico ARMENDARIZ au 2e étage du 3 Calle de la Marina, près de la Concha, plage de San Sebastian. Cet Espagnol les prend en voiture jusque Miranda. Là, ils montent dans une camionnette de l'ambassade de Madrid. Fegette et Whitman y restent du 6 au 20 mai. Ils arrivent à Gibraltar le 21 mai et y sont interrogés par Donald Darling le 23. Ils arrivent en Angleterre le 25 mai en B-17 à Portreath et repartent à Benson.

Wilby, quant à lui, quitte Gibraltar le 24 mai 1943 et arrive à Hendon, Angleterre, le lendemain. Il est débriefé au MI-9 à Londres le 28.

Tom Wilby s'était engagé à Moncton le 12 septembre 1940. Il avait suivi l'entraînement au n°1 ITS (3O décembre), n°7 EFTS (29 janvier 1941) et au n°4 BGS le 23 juin 1941.

Il a reçu la DFC par AFRO 1582/43 du 13 août 1943 et passé à la London Gazette du 6 juillet 1943.

Thomas Wilby est enterré au Heritage Cemetery à Fredericton, New Brunswick, Canada.


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters