Personne capturée durant son évasion

Dernière mise à jour le 17 septembre 2020.

William Erskine BAKER/ 34258894
Box 52, Pineville, Mecklemburg County, Caroline du Nord, USA
Né le 19 septembre 1918 à Waxhaw en Caroline du Nord / † le 7 novembre 1991 à Charlotte, Caroline du Nord, USA
S/Sgt, USAAF 306 Bomber Group 368 Bomber Squadron, mitrailleur gauche
Atterri près de Zundert, Province de Zuid-Brabant, Pays-Bas.
Boeing B-17 F Flying Fortress (Forteresse Volante), n° série 41-24465, "Montana Power", touché le 5 avril 1943 par la Flak puis abattu par l’Olt Otto Stamberger ou l’Olt Addi Glunz du IV./JG26 durant une mission sur les usines ERLA à Anvers.
Écrasé près du "Klein Schietveld", côté Sud de la Heikantstraat, hameau du Heikant, à 4 km au sud-ouest de Kalmthout, Province d’Anvers, Belgique.
Durée : 7 semaines.
Arrêté en fin mai/début juin 1943 juste après avoir passé la frontière franco-espagnole au Sud de Bordeaux.

Informations complémentaires :

Rapport de perte d'équipage MACR 15534.

L'avion décolle de Thurleigh vers 12h30 heure anglaise. Après le largage de ses bombes, il est touché par la Flak dans le moteur n° 1 qui commence à fumer. L’appareil doit quitter la formation et devient ainsi une proie facile pour les chasseurs. Le copilote Kramarinko signale par radio à l’équipage qu’une dizaine de Focke-Wulfs approchent de front. L’attaque commence et à un certain moment, la mitrailleuse de Walls s’enraye. Kramarino donne l’ordre d’ouvrir la soute à bombes pour se préparer à sauter, mais la porte reste bloquée. On parvient finalement à l’ouvrir et à une altitude de 6000 m, Roland Magee saute en premier, William Keskey ensuite, Walls sautant derrière lui, suivi de William Baker. On mentionne à la fois l’Oberleutnant Adolf “Addie” Glunz et l’Oberleutnant Otto Stamberger, tous deux pilotes dans le IV./JG26 comme l’ayant abattu.

Le B-17 est aperçu pour la dernière fois, deux moteurs en feu, virant pour retourner en direction de l’intérieur des Pays-Bas à hauteur de Westkapelle, à l’extrémité ouest de la presqu’île de Walcheren, Pays-Bas. Aucun parachute n’est vu et aucune recherche en vue de localiser l’appareil n’a pu être tentée.

Un article du pilote le Lt Robert W. Seelos paru dans l’édition de janvier 1987 du «306th Echoes» (www.306bg.org/PDFs/87jan121.pdf.be) confirme Stamberger, que Seelos a d’ailleurs eu l’occasion de revoir lors de son voyage en Belgique, Hollande et Allemagne en novembre 1984.

Le pilote Seelos, blessé, d’abord aidé par Elsa MOORS de Wuustwezel, fut rapidement fait prisonnier, de même que deux autres hommes : le navigateur Lt William W. Saunders et le mitrailleur arrière Sgt Roland Magee [qui avait été blessé à l’œil par un fragment d’obus de la Flak et se trouvait caché chez le fermier METHEEUSSEN (MATTHEUWSEN ?) près de Loenhout, où les Allemands menèrent rapidement Seelos pour l’identifier]. Trois hommes perdirent la vie : le bombardier Lt James E. Murray, le mitrailleur dorsal T/Sgt Stanley P. Stemkoski et l'opérateur radio T/Sgt Fred Ray Hampton. Murray et Hampton ont été trouvés dans les débris de l’avion ; le corps de Stemkoski a été découvert le 8 avril par un ouvrier forestier à 2,5km au sud de Kalmthout. Tous trois furent inhumés le 12 avril 1943 au cimetière du Schoonselhof à Hoboken (Anvers). Après la guerre, leurs dépouilles furent transférées au Cimetière Américain de Neupré (Neuville-en-Condroz).

Outre William Baker (la présente fiche), trois autres hommes parviendront à s'évader : William Keskey, Raymond Walls et Alexander Kramarinko. Certains furent arrêtés avec Frédéric DE JONGH à Paris le 7 juin 1943, et d'autres par le traître belge Prosper Dezitter et l'Abwehr à Bruxelles en juillet 43.

Nous ignorons beaucoup de détails du parcours de William Baker. Selon un récit du pilote Robert Seelos, dans le livre “First over Germany” (l’historique du 306th Bomb Group) par Russell A. Strong, Seelos et Kramarinko ont touché le sol pas loin l’un de l’autre dans la ville de Wuustwezel. Seelos fut immédiatement arrêté, mais Kramarinko parvint à éviter la capture et fut rejoint assez rapidement par son mitrailleur William Baker.

Le Belge Achille RELY, de Mortsel près d’Anvers, a écrit deux livres à propos des dégâts occasionnés aux localités avoisinant l’usine ERLA par une erreur involontaire de bombardement en ce fatidique 4 avril 1943: “Bommen over Mortsel” et “Geen oorlogskruis voor Mortsel – De ramp van 5 April 1943” (publié en 1993). Selon des détails figurant à (www.306bg.org/MISSION_REPORTS/5apr43.pdf.), Baker et Kramarinko auraient été aidés depuis Loenhout jusqu’à Bordeaux par Henri KUYPERS, 17 ans. [Henri KUYPERS, né à Loenhout le 3 mars 1926, habitait au 19/2, Kapelstraat à Loenhout. Nous savons qu’il a été décoré de la US Medal of Freedom sans Palme en 1947. Arrêté par la Gestapo pour ses activités dans la Résistance, il fut condamné à mort, puis vit sa peine commuée en emprisonnement à vie. Il a survécu à la guerre et est décédé à Brasschaat, près d’Anvers, le 15 juillet 1975. Selon Maria JOCHEMS, sœur de Jozef JOCHEMS (voir ci-dessous), contactée le 16 janvier 2013 – il appartenait à la Witte Brigade, mais nous n’avons pas pu retrouver d’autres renseignements au sujet de son action, ni de son véritable rôle dans l’évasion de Baker et Kramarinko.]

Dans un autre livre, “Wuustwezel en Loenhout in de Tweede Wereldoorlog” de Guido van Wassenhove (Wuustwezel, Drukkerij Flitsgrafiek, 1985- http://www.getuigen.be/Getuigenis/3den/van-Wassenhove-Guido/tkst.htm), nous lisons que plusieurs aviateurs sont tombés dans la région le jour du bombardement de Mortsel. On signale que le 6 avril au matin, Jozef JOCHEMS, fils du fermier Jan JOCHEMS (habitant au n° 7 Popendonk – actuellement Popendonkseweg - à Loenhout), revient de la laiterie avec sa charrette de laitier et découvre dans le bois du Molenbos, à environ 1km au nord du centre du village, un aviateur américain nommé “Russell”. Il l’emmène chez lui où l’aviateur est caché du mieux que l’on peut. Il n’y a aucun « Russell » parmi les aviateurs US abattus le 5 avril et l’on ne peut s’empêcher de penser qu’il puisse s’agir de « Russ » Kramarinko. En fait, la chose est confirmée dans l’article de Seelos - découvert le 15 janvier 2013 - et dont question ci-dessus.

Personne dans la famille JOCHEMS n’est membre d’un mouvement de résistance. Le même soir, un autre aviateur est amené chez eux par des connaissances habitant Zundert, juste de l’autre côté de la frontière, en Hollande, et là encore, il se confirme dans l’article de Seelos qu’il s’agit bien de William Baker, qui retrouve donc Kramarinko. Comme on souhaite voir ces hommes partir au plus tôt, vu le danger, des contacts sont pris et les deux aviateurs sont emmenés le lendemain 7 avril par un membre d’un groupement de résistance de Wuustwezel.

[ Jan Jozef JOCHEMS, né à Zundert, Hollande, le 4 novembre 1891, a été arrêté le 31 mai 1944 et se trouvait comme prisonnier n° 60062 à bord du convoi du 19 juin 1944 à destination de Buchenwald. Interné à Harzungen et Ellrich, il sera transporté vers l’infirmerie du camp de travail de Dora pour y faire soigner une sérieuse inflammation au genou. Il succombera là le 6 novembre 1944. Jan Jozef JOCHEMS se verra attribuer la US Medal of Freedom à titre posthume pour l’aide apportée à plusieurs aviateurs américains. La décoration fut remise à sa veuve en 1947. ]

Baker et Kramarinko ont vraisemblablement transité par Anvers puis Bruxelles, avant de rejoindre Paris puis Bordeaux en train, après un voyage de onze heures.

A la fin du mois de mai, Baker et Kramarinko arrivent finalement au pied des Pyrénées. Marchant dans la montagne, souvent dans la neige, ils arrivent à la frontière espagnole. Ils passent en Espagne et atteignent une cabane de montagne où ils s’écroulent et s’endorment, épuisés. Ils sont réveillés peu de temps après par des soldats allemands qui les menacent de leurs armes. Les deux hommes sont immédiatement arrêtés. Ils se trouvaient à ce moment à environ sept kilomètres à l’intérieur de l’Espagne, donc dans la zone de 10 km bordant la frontière et où les Allemands, selon à un traité passé entre l’Espagne et le Reich, étaient autorisés à rechercher et arrêter des aviateurs alliés. Nous n’avons pas de date pour cet épisode, mais il doit s’être passé au plus tard en fin mai ou tout début juin 1943.


Traduction du rapport allemand original KU-4748 où l’arrestation de William Baker et d’Alexander Kramarinko est mentionnée, sans indication de date de capture (Archives NARA)

Il est vraisemblable que, comme Kramarinko, William Baker soit passé par la prison de Fresnes à Paris avant d’être envoyé au Centre d’interrogation Dulag Luft à Oberürsel, près de Francfort. Comme il n’est pas officier, il est interné dans un autre camp que Kramarinko, à savoir le Stalag Luft XVIIB à Braunau/Gneixendorf en Autriche (Baraque 35A).

William Baker repose au Forest Lawn West Cemetery à Charlotte, Mecklemburg County, Caroline du Nord, USA.


(c) Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters