Aviateurs de l'opération Marathon

Dernière mise à jour le 2 décembre 2021.

James Madison COCHRAN Jr / O-752653 & O-752633 (repris tous deux sur son rapport E&E)
366 Burton Avenue, Washington, Pennsylvanie (et 123 West Walnut Street, Washington, Pennsylvanie, également repris sur son E&E)
Né le 17 mai 1917 à Washington, Pennsylvanie, USA / † le 12 mars 1993 à Plainfield, New Jersey, USA
2nd Lt, USAAF 457th Bomber Group 748th Bomber Squadron, bombardier
Atterri près de Moerbeke-Waas au Nord de Lokeren, Flandre Orientale, Belgique.
Boeing B-17G-BO Flying Fortress (Forteresse Volante), 42-38055, K /, abattu par des ME-109 et endommagé par la Flak le 27 mai 1944 lors d'une mission sur Mannheim et Ludwigshafen.
Atterrissage forcé/Ecrasé à Overslag, Brandstraat, Moerbeke-Waas.
Durée : 15 semaines.
Camps Marathon : Porcheresse et Bohan. Libéré à Auménancourt-le-Petit, France, le 30 août 1944.

Informations complémentaires :

Rapport de perte d'équipage MACR 5298. Rapport d'évasion E&E 1448 (disponible en ligne).

En route vers l'objectif, la formation est attaquée par une nuée de chasseurs Me110. Le 42-38055 est touché et, avec deux moteurs en feu, l'appareil quitte la formation, le pilote Birkman espérant pouvoir amener l'appareil jusqu'en Suisse. Il n'a pas le temps de prendre le nouveau cap que des obus de la Flak atteignent l'avion, incendiant le moteur n° 3. Sans espoir de pouvoir rejoindre même l'Angleterre, Birkman donne l'ordre de sauter et tous quittent le B-17 à hauteur de Moerbeke.

Roger Birkman et cinq hommes de son équipage parviendront à s'évader: le navigateur, Lt Michael Stanko, le mécanicien T/Sgt Raymond Koch, le bombardier Lt James Cochran Jr (la présente fiche), le mitrailleur John Toney et le copilote le Lt Alexander Kucherenko.

Les quatre autres hommes seront fait prisonniers: l'opérateur radio Sgt Andrew Kafka, le mitrailleur droit Sgt James C. Jones, le mitrailleur ventral Sgt John Buechel et le mitrailleur arrière Sgt Errol Bailey. Michael Stanko, d'abord évadé, sera arrêté par la suite à Aalst / Alost le 14 juin 1944 (le 18, selon le Lt Cochran, qui se trouvait avec lui et Koch à cette période).

James Cochran saute à 3000 m et délaie l'ouverture de son parachute jusqu'à une altitude d'environ "600 ou 900m". Son parachute reste accroché dans un arbre où il l'abandonne, cachant le reste de son équipement (harnais et Mae West). Ses camarades Koch et Stanko atterrissent non loin de lui et les trois hommes se rejoignent et courent se cacher dans un bois.

Le même soir, vers 23h00, Cochran, Koch et Stanko se mettent en marche et se déplaceront ainsi pendant trois jours, marchant de nuit, se cachant la journée. Ils n'obtiendront de la nourriture qu'une seule fois durant ces trois jours et ce sera de la part d'un fermier (selon le rapport de Koch, ceci se passe le premier soir). Le 30 mai, un autre fermier leur donne des vêtements civils (Koch précise que ceci se passe au sud de Lokeren) et Cochran déclare qu'à partir de ce moment, leur évasion est organisée.

Le rapport de Cochran ne le mentionne pas, mais il a été caché dans la région de Moerbeke avec Koch et Stanko. Il indique, sans préciser d'où ni la date, que Stanko, Koch et lui partent alors, toujours à pied, en direction d'Aalst / Alost et qu'en cours de route ils demandent leur chemin à deux garçons à bicyclette. Koch précise dans son rapport que l'un des deux s'appelait DE MAYER. Les gamins les emmènent chez eux et ils y resteront 2½ semaines, période durant laquelle ils recevront la visite d'une dame parlant anglais et qui leur donne des vêtements supplémentaires, achetés spécialement par elle. C'est cette dame également qui leur procure de faux papiers et Cochran mentionne qu'on l'appelait "Nell" (vraisemblablement NELLE) et que, pour des raisons de sécurité, il valait mieux qu'ils ne connaissent rien d'autre de son identité.

Selon nos informations, Cochran, Koch et Stanko furent tous cachés pendant cinq (?) semaines dans la maison de la famille de la veuve WAEGEMAN et son fils au 51 Hoek Overweg à Gijzegem. Koch, lui, parle de deux semaines seulement passées chez "Wageman". On les renseigne également comme hébergés chez Lucie HENDRICKX au 51 Rue Hoogstraat à Hofstade (Alost) le 29 mai 44, Stanko ne restant là que 2 jours.

Dans son rapport, Cochran indique que le 15 juin, il se rendit dans la maison de NELLE, y logea deux nuits et y rencontra le chef de la Résistance locale. Des arrangements furent alors pris pour que les trois hommes soient conduits en voiture à Bruxelles. Le plan prévoyait que chacun séparément s'approcherait de la voiture dans un parc, ce que firent Cochran et Koch… qui ne virent pas Stanko les rejoindre. Ils apprendront plus tard de résistants que leur camarade avait été arrêté par la Gestapo et Cochran indique "This was on 18 June 1944." Il semble que Stanko se soit imprudemment promené dans le parc, à moins qu'il n'ait pu localiser la voiture.

Après l'arrestation de Stanko, Koch et Cochran furent pris en charge par EVA à Bruxelles. Cochran ne le mentionne pas, mais Koch indique qu'à Bruxelles, Cochran et lui furent logés dans l'appartement de WILLY et MARIE, parents d'un garçon et qui avaient également hébergé un pilote de P-47 nommé Jack (comme cet aviateur est selon toute vraisemblance Jack Terzian, nous pouvons en déduire qu'il s'agit de Marie KUMPS, de son époux et de leur fils Jean-Marie).

Le rapport de Koch signale que Cochran et lui ont passé deux nuits dans une autre maison où se trouvait le Sgt RAF John Stone. Il s'agit de la maison de Claire DE VEUSTER, qui les renseigne hébergés du 27 au 30 juin 1944. Aucune mention de ce dernier détail dans les rapports de Cochran et Koch ni que c'est "Max" qui les remet le 27 juin à Yvonne BIENFAIT qui elle-même les a ensuite confiés "à un autre membre de Comète" (donc, Claire DE VEUSTER).

Le 30 juin, Cochran et Koch quittent Bruxelles pour être conduits en camion avec comme destination Wépion, en compagnie d'autres voyageurs, dont Stone. C'est un camion de boulanger, conduit par Guy (ou Henri) POUPIER. Selon Cochran, le lendemain, à bord d'un autre camion, également accompagnés d'autres hommes, ils roulent en direction de Paliseul lorsqu'à un pont sur la Meuse (à Dinant selon nos sources) des soldats allemands ordonnent au véhicule de s'arrêter. Les documents d'identité des passagers sont inspectés mais heureusement tout se passe bien et le camion peut poursuivre sa route.

Le rapport de Koch mentionne qu'arrivés à Wépion, ils logent une nuit dans une maison où avaient été cachés deux Américains auparavant. Ils passent la nuit suivante dans la maison d'un aumônier près de la frontière française et la troisième nuit, ils roulent à vélo vers le camp Marathon de Porcheresse. Cochran précise que c'est le 2 juillet qu'ils y arrivent et y rencontrent le Fl/Sgt RCAF Gilbert Millar et le Sgt RAF Jack Macknight.

Le 30 juillet, Cochran, Koch, Macknight, le Lt Russell Gecks et un autre aviateur de la RAF que Cochran ne nomme pas, quittent Porcheresse et arrivent au camp de Bohan (conduits dans une Packard précise Koch) où ils restent jusqu'au 20 août, rejoints par la suite par une quinzaine d'Américains.

Le 20 août ("vers le 1er septembre", selon Koch), Cochran, Koch et Macknight décident de partir seuls en direction de la France pour tenter d'aller à la rencontre des troupes libératrices. Des douaniers français et un ex-capitaine de l'Armée française les aident à passer la frontière (près de Bagimont indique Koch), leur recommandant de ne pas aller plus loin comme ils en ont l'intention. Les trois hommes sont alors placés dans trois maisons différentes à Gespunsart.

Selon Cochran, le 22 août, la maison dans laquelle se trouve Koch est encerclée par la Gestapo qui recherche un saboteur. Cochran rapporte que Koch aurait sauté par une fenêtre et qu'il a dû échapper à la capture, ajoutant qu'il ne l'a plus revu par après. Le rapport de Koch ne parle pas de cet incident, évoquant seulement qu'après avoir passé la frontière, ils ont trouvé refuge dans un petit village (le Gespunsart de Cochran ?), puis traversé la Meuse et ensuite, vu la présence de trop nombreux soldats allemands, ils sont partis vers le Nord sur "Brax" (?) où ils ont logé trois nuits. Koch termine en disant qu'un maquisard les a alors menés à un village où ils restèrent jusqu'à l'arrivée de troupes américaines vers le 4 septembre… parvenant par la suite à rejoindre Paris avant de sauter dans un avion au Bourget, qui les ramène en Angleterre…

Selon le rapport de Cochran, Macknight et lui, quant à eux, s'encourent vers des bois où ils rencontrent Russell Gecks, Charles Mitchell et Richard Kindig dont ils ignoraient jusque-là qu'ils les avaient suivis à travers la frontière. Les cinq hommes se mettent en marche, deux devant, les trois autres à quelque distance derrière, et arrivent le 24 août à Echelle. Ils y restent jusqu'au 26 avant de se rendre à Raillicourt où ils rencontrent un aumônier qui organise leur voyage en train jusqu'à Auménancourt-le-Petit.

Le 28 août, les évadés, cachés dans une étable, observent les Allemands qui commencent à battre en retraite et le 29 août, entendant le crépitement de mitraillettes américaines, ils sortent dès lors de leur cachette pour aller à la rencontre d'une colonne de blindés US.

Cochran signale également que, durant la période (non précisée dans son endroit ni sa durée) où il se trouvait avec le Sgt RAF "John" Macknight (en fait Jack), celui-ci avait planifié la plupart de leurs mouvements et que cela, couplé à sa connaissance des gens et de la langue française, a grandement aidé au succès de son évasion. Il est plus que probable qu'il se réfère à leur présence ensemble dans les Ardennes belge et française.

Cochran est interviewé par l'I.S. 9 le 2 septembre 1944 et rentre le lendemain en Angleterre.


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters