Personne cachée jusqu'à la libération

Dernière mise à jour le 27 mai 2021.

Henry Cecil GRIFFIS / O-809589
504 West Jefferson Street, Dallas, Texas
le 26 août 1924 en Louisiane / † le 30 juin 1974 en Californie, USA
Capitaine, USAAF 100 Bomber Group 418 Bomber Squadron, navigateur radar
atterrissage forcé près de Tilburg, Noord-Brabant, Pays-Bas
Boeing B-17G-VE Flying Fortress, N° série 42-97564, nom "Belle of Berlin" abattu le 20 juillet 1944 par la Flak lors d’une mission sur une raffinerie de pétrole à Merseburg.
Atterrissage forcé vers 12h45 entre Chaam et Baarle-Hertog, au Sud de Tilburg, Noord-Brabant, Pays-Bas
Durée : 7 semaines
Au camp d'Acremont à la libération

Informations complémentaires :

Le Missing Air Crew Report relatif à la perte de cet appareil : MACR 7414. Rapport d’évasion E&E 2001 (disponible en ligne, incomplet).

Le B-17 décolle de Thorpe Abbotts à 08h00 et guide la formation des 295 B-17 dépêchés par la 3rd Bomb Division pour cette mission, ce qui explique la présence de 12 hommes à bord au lieu des dix habituels.

Juste après le largage des bombes, un coup direct de la Flak atteint l’avion entre le moteur n° 2 et le fuselage, endommageant également l’aile gauche. Heureusement, l’obus n’explose pas, mais l’impact entraîne une perte importante de carburant obligeant l’appareil à quitter la formation, accompagné par des chasseurs d’escorte P-51. Le Capitaine Francis C. Kincannon pose l’appareil dans un champ entre Chaam et Baarle-Hertog et tous les membres de l’équipage le quittent sains et saufs. Avant de s’encourir, les aviateurs détruisent l’équipement secret à bord afin qu’il ne tombe pas entre les mains des Allemands. Après leur départ, des P-51 de l’escorte mitraillent l’avion au sol et le détruisent.

Sept hommes de l’équipage seront fait prisonniers: le Command Pilot Major Magee G. Fuller, le pilote Capitaine Francis C. Kincannon, le copilote 1st Lt Bernard L. Farnum, le mécanicien/mitrailleur T/Sgt Donald B. Deason, l’opérateur radio T/Sgt Oscar L. Edge, le mitrailleur droit S/Sgt Glen E. Snider et le mitrailleur arrière S/Sgt Robert D. Chavez. Les cinq autres s’évadent : Griffis et le 1st Lt George Bonitz, 2e navigateur ; le Capitaine Robert Nance, bombardier ; le 1st Lt Louis Abromowitz, 1er navigateur ; le S/Sgt Daniel Cargile, mitrailleur latéral gauche.

Après avoir enterré leur parachute, harnais et Mae West dans un champ, Cargile et Griffis font équipe et courent vers un bois qu’ils aperçoivent à environ 3 km. L’arrivée d’une patrouille allemande à vélo les contraint à se cacher dans un fossé et à se couvrir d’herbe et de feuillage. Ils restent cachés là pendant 12 heures et assistent au mitraillage des alentours par des avions allemands. Malgré la présence de sentinelles postées tout autour, profitant de l’obscurité, ils parviennent à franchir le cordon et commencent à marcher vers le Sud-Ouest.

Le lendemain, 21 juillet, ils traversent champs et bois et vers 17h00 rencontrent un fermier à vélo auquel ils déclarent être des aviateurs américains. Le fermier leur procure des vêtements civils qu’ils endossent par-dessus leur combinaison de vol, il leur donne à manger et ils passent la nuit dans une meule de foin sur son champ. Le 22, ils marchent jusqu’à Turnhout, qu’ils traversent et, aux abords de Lille, un fermier leur propose de l’aide et les fait rencontrer un homme parlant anglais. A partir de ce moment, l’évasion des deux hommes est organisée.

Cet homme est Antoon NEEFS, le beau-frère de Karel PIEDFORT qui loge Cargile et Griffis chez lui au 7 Veenzijde à Gierle du 7 au 13 août, avant de les remettre à des résistants de la Witte Brigade-Fidelio.

Un rapport de 1948 sur les activités de la Section de Geel du MNB (Mouvement National Belge/ Belgisch Nationaal Beweging), indique que Cargile fut hébergé par un "SCHOLLAERT" (ce pourrait être SCHOLLER) durant cette période, tandis que Griffis resta chez NEEFS [*] pendant 6 jours. Par ailleurs, Griffis est également déclaré logé durant la période du 7 au 12 août chez Yvonne LOMMENS, veuve SCHOLLER, au 30 Sint-Amandslaan à Courtrai / Kortrijk. [Ce déplacement de Gierle vers Courtrai, à 180 km de là, nous paraît peu probable, d’autant plus que la liste des Helpers belges mentionne Yvonne SCHOLLER au "10 Het Smeel" à Gierle.] Griffis est renseigné comme amené en tandem par Mme VAN STEENBERGEN de Gierle et "Peter" NEEFS (*) le reprend avec "REYNAERTS" du Groupe LEEMANS de Fidelio. Le rapport de 1948 mentionne le 14 août comme la date à laquelle NEEFS remit les deux hommes à "RENAERTS", qui les fit conduire par GEVERS et VERSTUYFT à la gare de Turnhout où ils les remirent à Mme VERSTRAETEN. [La liste des Helpers belges reprend Albert GEVERS, 16 Korte Begijnenstraat à Turnhout-Grade 5 ; Jozef VERSTUYFT, 30 Rubensstraat, Turnhout ; Gaston RENAETS, Pastorijstraat à Kasterlee – Grade 4.]

[(*) La liste des Helpers belges reprend A. NEEFS-VAN STEENBERGEN, de même que Louis NEEFS, tous deux à la même adresse, 10 Middelveld à Gierle. Antoine NEEFS, de Gierle, s’est vu décerner la US Medal Of Freedom en 1947.]

Selon des renseignements recueillis par Kamiel Mertens, l'adresse où Griffis est logé ("du 12 au 14 août" 1944 tout comme Cargile) est le n° 80 (actuellement n° 84) de la Kwakkelstraat, chez Zozime Émilienne LAFILI, 41 ans, épouse de François VERSTRAETEN (prisonnier en Allemagne depuis mai 1940). Note : le prénom de Zosime LAFILI est repris sous différentes orthographes selon les sources : Zozine, Jozine, Josine, mais son acte de naissance établi à Leuven le 17 novembre 1902 reprend bien Zosime.

De chez Zosime LAFILI, Henry Griffis et Daniel Cargile sont guidés par elle en compagnie de Albert GEVERS (renseigné comme habitant à Mol, mais localisé à Turnhout dans la liste des Helpers) de Turnhout à Anvers, puis à Bruxelles, où le rendez-vous était à la Place Communale de Laeken. Là, les "colis" étaient remis à Frédéric DE MEYER (habitant au 102 Rue de la Victoire, à Saint-Gilles-Bruxelles).

Dans son rapport d’évasion, Griffis renseigne qu’il n’a jamais eu connaissance de l’identité de ses différents helpers. Comme Cargile, Griffis se retrouve dans un camp Marathon dans les Ardennes (Acremont), d’où ils seront libérés par des troupes américaines. Après son débriefing à Paris le 9, Henry Griffis retourne en Angleterre le 11 septembre 1944 où il est interrogé pour l’élaboration de son rapport d’évasion. Après un bref passage à son unité à Thorpe Abbotts, il est rapatrié aux Etats-Unis.


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters