Aviateurs de l'opération Marathon

Dernière mise à jour le 13 mars 2024.

Donald Murley LEWIS / O-748699
320 Madison Street, Coalinga, Fresno County, Californie
Né le 14 juin 1921 Coalinga, Californie / † le 25 avril 1991 à Grants Pass, Oregon, USA
2nd Lt, USAAF 363 Fighter Group 382 Fighter Squadron, pilote.
Atterri en parachute près de Marcilly-sur-Eure, Eure-et-Loir, France. P-51B-5-NA Mustang - 43-6494 (C3-), abattu le 5 avril 1944 au retour d'une mission d'escorte de bombardiers sur l'Allemagne.
Ecrasé vers 15h00 entre Saint-André-de-l'Eure et Anet, Eure-et-Loir, au Nord de Dreux, France.
Durée : 4 mois
Camps Marathon : Fréteval

Informations complémentaires :

Rapport de perte d'équipage MACR 3572. Rapport d'évasion E&E 964.

Lewis décolle de Rivenhall vers 13h00. Alors qu'il mitraille un aérodrome dans le Nord-Ouest de la France, son Mustang est touché par des tirs d'armes légères. L'appareil prend feu et Lewis doit sauter à très basse altitude (environ 300 m). Il a peine à enrouler son parachute avant de le dissimuler et d'aller se cacher dans des buissons, près d'une route principale. Des patrouilles allemandes rodent dans le coin et près d'une maison, il est secouru par une femme qui coupe ses gants pour les dissocier de ses mains brûlées. Elle lui apporte du rhum et des couvertures, lui disant d'attendre la tombée du jour. Le soir, elle vient le chercher pour le conduire à sa maison.

Dans son rapport d'évasion, Lewis indique que la première maison où il a été caché se trouvait à Dampierre (il doit s’agir de Dampierre-sur-Avre, à une quinzaine de km de son point de chute). Selon des archives, il aurait été pris en charge, peu après son atterrissage, par Marcel FOUCHE de Marcilly-sur-Eure. Lewis poursuit : le lendemain, Michel PIERRE, membre d'un groupement de Résistance de Nonancourt, est venu l'y voir. Comme Lewis était grièvement brûlé, PIERRE fait venir un médecin qui refuse de le soigner. Lewis ajoute que le lendemain, un autre docteur (des archives indiquent qu'il s'agit du Docteur Raoul DAUPHIN de Nonancourt, agent du Réseau Hunter) est venu le chercher en ambulance pour le conduire à un hôpital à Nonancourt. Là, on le place incognito dans une petite chambre d'une aile séparée à l'arrière et sa présence n'est connue que de deux médecins et d'un infirmier, qui s'occupent bien de lui.

l y a toujours quelqu'un avec lui jour et nuit, pour l'aider en cas de descente de la Gestapo, les Allemands étant toujours à sa recherche dans la région. Après une semaine de séjour, on annonce que l'hôpital va être soumis à une fouille et on le transfère dans une maison toute proche, qu'il décrit comme une "plant nursery" (pépinière) à Nonancourt. Il s’agit vraisemblablement de celle de Julien PLANCHENAULT, à Saint Lubin-des Joncherets (en face de Nonancourt, sur l’autre rive de l’Avre). Le maître de maison, sa femme et ses deux filles l'hébergent pendant 3 semaines, et Lewis y reçoit la visite de nombreux voisins, en plus de celles de ses deux docteurs et de son pharmacien. Ce dernier est vraisemblablement Léon TROSSEAU, ayant une officine à Nonancourt. Un autre visiteur était le directeur d'une firme d'électricité et membre de la Résistance. L'homme - environ 35 ans, costaud, 1m62, cheveux noirs, visage rond - a une épouse, jolie, d'environ 25-30 ans. La liste des Helpers Français reprend un électricien à Dampierre-sur-Avre, nommé Jean CUTUIL – pas d’autres détails). L’homme emmène Lewis à Le Buisson-Chevalier, entre Damville et Évreux, dans la ferme d'une Mme "Madeline" (45-50 ans, très grande, voûtée). Monsieur "Madeline" (environ 55 ans, 1m70, corpulent) est propriétaire d'un restaurant à Damville et lui apporte de la nourriture à chaque fois qu'il rentre à la ferme. Lewis apprend que ces gens avaient hébergé deux autres aviateurs alliés et que leur fils Paul travaille activement à Paris en liaison avec les services de renseignements alliés. Il s’agit en fait de Charles et Yvette MADELAINE, qui avaient hébergé en octobre 1943 Clarence Witheridge dans leur Café de l'Agriculture à Damville au 1 Rue de Verdun, où un café de ce nom existe toujours.

Lewis ne donne que très peu de dates et de noms dans son rapport, mais les archives indiquent qu'il a été aidé/hébergé par Léon TROSSEAU et .Pierre ESQUERRE, tous deux de Nonancourt, avant d'être caché du 10 au 13 avril par André PENNUEN à La Madeleine-de-Nonancourt. Jean SIMON et Robert LE LÉDAN sont également repris comme ayant aidé Lewis et Dickens à Nonancourt. Jean Marius Raymond SIMON, né le 11 octobre 1921 à Saint-Vincent-du-Boulay (Eure), a été arrêté par la Gestapo, déporté en Allemagne et détenu au camp de Flossenbürg avant d’être envoyé au camp de concentration de Mauthausen. Il est décédé le 24 février 1945 à Gußen, camp de travail (Kommando) de Mauthausen. Robert LE LÉDAN, quant à lui, est cité pour de l’hébergement en avril 1944 pour Jack Dickens et son pilote Edmund Hourigan (voir leurs pages sur le présent site) et de l’aide, non précisée, à Donald Lewis. Robert Louis LE LÉDAN, directeur de l’usine à gaz de Nonancourt, né le 4 avril 1902 à Évreux, a été arrêté en juillet 1944. Déporté par convoi parti de Paris le 15 août 1944 à destination du camp de concentration de Buchenwald. Il est mort le 4 avril 1945 au camp de travail (Kommando) de Nordhausen.

Lewis mentionne sans les nommer un jeune chef de la Résistance de Nonancourt, habitant Rouen, assez fanfaron mais pas tellement actif selon l'aviateur, ainsi qu'un technicien radio de Paris.

Lewis reste environ 1 mois chez les MADELAINE avant d'être guidé vers Dampierre-sur-Avre chez M. et Mme Pierre LAMOUREUX, respectivement environ 65 et 50 ans. Un instituteur (vraisemblablement Roland DABLANC, de Breux-sur-Avre) et sa femme, elle aussi dans l'enseignement passent l'y voir. L'instituteur, qui avait vécu aux Etats-Unis, est membre d'une organisation s'occupant d'évadés et le 14 juin (date qu'il donne dans son rapport), Lewis est escorté par plusieurs guides différents vers le camp de "Lucian" (Sqn Ldr Lucien BOUSSA, agent ARA belge chargé de la création et l’organisation de camps secrets en Forêt de Fréteval). Il semble que ce soit le vétérinaire René DUFOUR, de Chartres, qui l'ait amené en juillet à ce camp "Marathon" à Fréteval, d'où il sera libéré le 13 août par des troupes américaines.

Donald Lewis rentre en Angleterre par avion le 15 et rejoint ensuite son unité à Staplehurst en Angleterre.

Il repose au Eagle Point National Cemetery, Eagle Point, Oregon.


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters