Personne passée par Comète via les Pyrénées

Dernière mise à jour le 29 avril 2021.

Roy Frank CLAYTOR / O-415307
2930 Pawnee Avenue South, Birmingham, Alabama, USA
Né le 21 janvier 1917 à Bessemer, Jefferson County, Alabama / † 18 septembre 2003 à Hollywood, Alabama.
1st Lt, USAAF 100 Bomber Group 350 Bomber Squadron, pilote
Atterri près de Munsterbilzen, Limbourg belge
Boeing B-17 F Flying Fortress, n° série 42-5867, LN-O / "Alice From Dallas", abattu le 17 août 1943, endommagé par la Flak lors d'une mission sur Regensburg.
Ecrasé près de Langerlo, un peu au sud de Genk, Limbourg belge.
Durée : deux mois et demi
Passage des Pyrénées : le 8 octobre 1943

Informations complémentaires :

Rapport de perte d'équipage MACR 678. Rapport d'évasion E&E 120 disponible en ligne.

Le B-17 décolle de Thorpe Abbotts vers 06h00 du matin, heure anglaise et mène le second élément de l’escadrille volant sous le reste de la formation. En route vers l'objectif, il est attaqué vers 10h20 de front et par l'arrière, par des chasseurs allemands. Des obus détruisent l'aileron gauche et perforent l'aile en plusieurs endroits. Les moteurs fonctionnent toujours mais l'appareil perd de l’altitude, devient incontrôlable, s'embrase et le pilote Roy Claytor donne l'ordre de l'évacuer.

Deux hommes perdront la vie : le mitrailleur arrière S/Sgt Edmund A. Musante, dont le parachute s'est pris dans le stabilisateur horizontal au moment où il a sauté, mort dans l'explosion de l'appareil ; le mitrailleur ventral Sgt William M. Hinton, probablement resté trop longtemps à bord pour aider Musante. Tous deux ont été inhumés le 20 août 1943 au cimetière de l’aérodrome de Sint-Truiden / Saint-Trond. La dépouille de William Hinton a été exhumée après la guerre et il repose à l’Ardennes American Cemetery à Neupré, près de Liège. Les restes d’Edmund Musante ont été rapatriés aux Etats-Unis en 1949. Ils reposent au Mount Saint Peter Catholic Cemetery à Derby, New Haven County, Connecticut.

Le navigateur 2nd Lt Oscar C. Amison Jr, le mitrailleur gauche S/Sgt Clifford Starkey et le bombardier 2nd Lt Kenneth R. Lorch seront fait prisonniers. Lorch ne le sera qu'après avoir échappé pendant huit mois à la capture. Il passe trois mois à Paris et se fera appréhender en avril 1944 à Bordeaux, son hébergeur français étant ultérieurement exécuté par les Allemands.

Seuls Roy Claytor (la présente fiche), son copilote Raymond Nutting, l’opérateur radio William Quinn, le mitrailleur droit Charles Bailey et le mécanicien/mitrailleur dorsal John Burgin parviendront à s’évader.

Roy Claytor quitte le nez de l'appareil suivi par son copilote Nutting, n'ouvre son parachute qu'à 1.000 pieds (300 m), voit l'appareil exploser à 8.000 pieds (2500 m) et compte sept parachutes en-dessous de lui.

Claytor atterrit assez durement à trente mètres d'un équipier (son copilote Nutting) dans une pâture près d'un village. Ils sont entourés par une trentaine de personnes qui cachent illico leur équipement et leur disent que les Allemands seront là dans quinze minutes. En sortant d'une forêt de sapins, d'autres Belges les font se cacher au passage de deux camions allemands, puis leur disent de se terrer dans un groupe d'arbres.

Une centaine de Belges viennent les saluer et les nourrir en leur amenant des vêtements civils. Dans l'après-midi, ils sont amenés à un moulin par un jeune homme, se cachent dans des arbres et dorment dans la grange. Ils se cachent encore le 18 août dans des bois, puis deux hommes parlant anglais, William et Henri COLLETTE, de Liège, les prennent à vélo chez des amis le soir du 18. Les deux coéquipiers sont en fait recueillis par Marcel DE BRUYN de Liers (37 Rue Provinciale) et sont conduits par lui le 17 août chez Ghislain MICHELEMS (62 Rue Bas-Rhieu, Liège) de la section KREMER de Liège.

Le 21 août, trois hommes les conduisent à Liège chez un fleuriste. Ils vont alors chez Charles KREMER, chiropraticien au 03 Rue des Prémontrés à Liège, où habite sa mère, Célestine. Six Américains s'y trouvent : Joseph Walters, le S/Sgt E. C. King (PoW), le S/Sgt William P. Kiniklis (E&E 508) et le T/Sgt Thomas R Moore (E&E 332) du 381BG/535BS (B-17) 42-3225 "Chug-A-Lug Lulu" évadés respectivement via les Pyrénées par Bourgogne et par Shelburne à Breiz-Izel en janvier 44, Kenneth Fahncke, un mécanicien [le T/Sgt Otto F Bruzewski (également évacué par Bourgogne et les Pyrénées en janvier 1944 - E&E 320) de l'équipage de Kiniklis et Moore] et un Sgt RAF [probablement le Sgt J.D.H. Carleton, du Stirling EE905 abattu le 30 juillet 1943 - évacué via la Bretagne en janvier 1944 - SPG 3318/1720.]

Peu de jours après, Claytor y voit apparaître son bombardier, le 2nd Lt Kenneth R. Lorch. C'est un certain Victor (vraisemblablement Victor SALLE, du 271 rue de Tilff à Angleur) qui établit leurs faux papiers.

Claytor est séparé de Nutting après quelques jours et ne l'a plus revu par la suite. Le restant de son évasion est organisé.

Claytor part loger 13 jours chez Paul FREROTTE, un résistant du MNB. Edmond BORSUT (BORSU ? la liste des Helpers belges ne reprend pas de BORSUT, mais un BORSU, Place de la Cathédrale, sans autres détails…) l'y a amené et il est remis à Victor VAN DEN SANDE, habitant 13 Rue de Visé à Bressoux-Liège, qui le guidera à Bruxelles cinq semaines plus tard (en fin septembre ?). Raymond Nutting et John Burgin resteront deux mois de plus à Liège, chez Paul FREROTTE, un résistant du MNB, habitant "13 Rue de Mambourg" à Liège selon la liste des Belgian Helpers établie après la guerre en vue de l’attribution de récompenses. Arrêté par la suite, VAN DEN SANDE trouvera la mort à 28 ans le 26 février 1945 au camp de Dora en Allemagne.

Claytor déclare avoir rejoint Bruxelles avec Fahncke et Walters le 3 septembre, guidés par un Belge distingué d'environ 55 ans. Un Belge des services secrets parlant anglais les mène alors loger chez Mme CATS (vraisemblablement Alice CATS, du 283 Chaussée de Vleurgat à Ixelles). Ils sont alors déménagés chez son fils Jean-Pierre CATS pour trois nuits. Ce dernier les remet à Jacques DE BRUYNE du 135 Rue des Confédérés à Bruxelles, qui sera arrêté le 17 janvier 1944.

Roy Claytor, qui n'est donc apparemment pas guidé à Bruxelles par Aline DUMONT restera un mois (du 7 au 30 septembre selon Claytor) chez des logeurs de Jacques DE BRUYN, Raoul et Marie-Rose THIBAUT près du Square Eugène Plasky à Schaerbeek (en fait au 134 Avenue du Diamant). Le 30 septembre, Claytor rencontre le major Clifford Cole. Ils prennent le train ensemble et descendent deux haltes après Tournai.

Probablement guidé par Jacques DE BRUYN vers la frontière, Claytor est passé de Belgique en France par Henriette HANOTTE à Rumes, près de Tournai. Claytor dit qu'une jeune fille le guide sur 3 Km vers un local de la Croix-Rouge, et qu'on lui donne alors une carte d'identité française, avec un permis de travail et de déplacements. Un jeune garçon le guide à travers la frontière dans un petit village en France. Il s’agit du village de BACHY et le jeune garçon, âgé de 12 ans, est en fait René BRICOUT, le fils du douanier Maurice BRICOUT et son épouse Rachel, de Bachy, par chez qui Claytor et Cole sont vraisemblablement passés dans la soirée, étant guidés le lendemain matin par René pour prendre un bus pour Lille puis un train pour Paris.

Ils sont remis à Paris à un chef de réseau blond de 40 ans qui porte des moustaches (Jacques LE GRELLE). Ils sont interrogés et remis à deux femmes et Claytor suit la petite femme assez vive et aux cheveux noirs (Fernande ONIMUS). Elle le mène chez un homme armé à qui il manque le bras gauche.

Claytor est, quant à lui, repris sur la liste des 9 aviateurs logés chez Robert ONIMUS et son épouse Fernande PHAL au 84 Rue des Rondeaux, Paris XXe, au coin de l'avenue Gambetta et cimetière du Père Lachaise. Il a été logé 24 heures chez le couple Etienne MALOT et Francine BAUGRAS au 56 Rue Pixérécourt à Paris XXe, qui se souviennent d'un Américain mesurant 2 mètres. MALOT est un vétéran de l'Infanterie Alpine de 14-18 réformé à 100% et gardien du square Édouard Vaillant à la ville de Paris.


Quelque part en Belgique en 1943.
Debout de gauche à droite : Kenneth Fahncke, Joseph Walters et Roy Claytor.

Claytor part ensuit chez un jeune couple avec un enfant de 8 ans et il y rencontre Ford Cowherd qui y est depuis deux jours. Ils sont chez un Albert avec son épouse Georgette et leur fille de huit ans dans leur flat au 3e étage à la Rue Oudinot (près de chez Aimable FOUQUEREL, arrêté en juin). Ils y restent trois jours.

Le 4 octobre (en fait, le 5...), Claytor et Cowherd revoient le chef (Jacques LE GRELLE) et une femme de 35 ans dont le mari anglais est prisonnier (Rosaline THERIER épouse de Sydney WITTON). Elle les fait monter au train de 23 heures à destination de Bordeaux. Claytor apercoit Clifford Cole qui monte dans le train, suivant une petite femme (Marcelle DOUARD).

Un Français (Marcel ROGER) et un Belge (Jean-François NOTHOMB) les attendent à Bordeaux. Ils prennent un train pour un petit village hors de Dax et Claytor, Cole, Cowherd et leurs deux guides pédalent ensuite vers Bayonne. Le groupe loge à Bayonne chez Pierre ARRIEUMERLOU.

Le lendemain, ils roulent vers Saint-Jean-de-Luz en vélo, et arrivent chez une veuve et sa fille de 18 ans (Katalina LAMOTHE veuve AGUIRRE et sa fille Joséphine), au 58 Rue du Docteur Micé à Ciboure. Ils y rencontrent leurs guides basques.

Le groupe de Roy Claytor, Ford Cowherd et Clifford Cole passe la Bidassoa avec Jean-François NOTHOMB et Marcel ROGER lors du 61e passage de Comète. De San Sebastian, une voiture officielle anglaise les dépose chez un membre de l'ambassade britannique à Madrid. Ils rencontrent le major Clark qui les conduit à l'ambassade.

Roy Claytor signe une déclaration de confidentialité à Madrid, arrive à Gibraltar le 15 octobre 1943 et y est interrogé par le major Grady Lewis et Donald Darling, puis parvient en Grande-Bretagne par air à Hendon le 18 octobre 1943, date à laquelle il est à nouveau interrogé.

Roy Claytor a servi dans l’Air Force en Corée et au Viet Nam et a terminé sa carrière avec le grade de Colonel, USAF. Il repose au Maple Hill Cemetery, Huntsville, Alabama.

Pour davantage de détails sur la mission elle-même, voir à https://100thbg.com/index.php?option=com_bombgrp&view=macr&id=13&Itemid=394


(c) Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters