Personne passée par Comète via les Pyrénées

Dernière mise à jour le 3 février 2016.

Clifford Elbert COLE / O-023834
Athens, Effingham, Illinois, USA.
Né le 30 septembre 1915 en Illinois / † le 27 octobre 2001 à Nashville, Tennessee.
Major, 95 Bomber Group 335 Bomber Squadron, copilote.

Boeing B-17F-BO Flying Fortress, 42-30194, OE-O / "We Ain't Scared", touché par la Flak puis attaqué par des chasseurs allemands le 12 août 1943 lors d'une mission sur des installations ferroviaires à Bonn.
Ecrasé près de Kattenbos, au Sud de Lommel, province d'Anvers.
Durée: deux mois et demi.
Passage des Pyrénées : le 08 octobre 1943.

Informations complémentaires :

Rapport de perte d'équipage MACR 253. Rapport d'évasion E&E 119 disponible en ligne.

L'appareil, parti de Horham à 06 heures, est en pointe pour guider et diriger la mission et il est touché par la Flak à l'approche de l'objectif. Un moteur est mis hors d'usage, une hélice ne peut être mise en drapeau et tourne fou, le tout freinant considérablement l'appareil. Le major Cole abandonne son rôle de chef de groupe au pilote d'un autre avion et le 42-30194 quitte la formation pour rentrer en Angleterre. Une nuée de chasseurs allemands passe bientôt à l'attaque et endommage sérieusement l'avion. A 6.700 m, le pilote, le Capitaine Clifford B. Hamilton, donne l'ordre d'évacuer. Hamilton et quatre autres aviateurs périront, deux seront fait prisonniers, trois parviendront à s'échapper. Deux parmi ceux-ci seront ultérieurement fait prisonniers : le bombardier 1st Lt Virgil W. Jones et le mitrailleur dorsal T/Sgt John L. Anderson [Arretés dans la fausse ligne Jackson].

La majeure partie du texte ci-dessous est un résumé traduit du récit du Major Cole (Escape and Evasion) repris dans le livre "B-17s over Berlin" édité par Ian L. Hawkins.

Vers 11h00, après avoir vu son avion exploser en vol et s'écraser à proximité, Cole atterrit en parachute dans une clairière entourée de sapins. Caché dans des broussailles, il entend du bruit et voit deux hommes à une vingtaine de mètres, faisant des appels, auxquels il ne répond pas. Après leur départ, Cole reste dans sa cachette jusqu'à l'obscurité. La nuit venue, aidé de sa boussole, il part vers l'ouest, d'abord en direction de la côte. Il marche ainsi durant trois nuits, se cachant dans des haies pendant le jour. Au matin du quatrième jour (le 17 août), il est réveillé par un martèlement à proximité. C'était un homme, accompagné d'un chien, qui réparait une clôture à une centaine de mètres. Le chien s'approche de sa cachette en aboyant si fortement que l'homme, qui se révéla être en fait un adolescent, le rejoint. Cole se lève en lui disant bonjour, expliquant dans son français hésitant qu'il est un aviateur américain et qu'il a faim et soif.

Soudain, le jeune homme lui fait signe de se taire et de se coucher à terre à l'abri des regards. Après 2 ou 3 minutes, le chien s'étant calmé, un autre homme arrive, s'entretient brièvement avec le garçon avant de disparaître. Le garçon fait comprendre à Cole que, bien que l'autre homme soit connu comme étant un "collabo", tout est OK. Dans son E&E, Cole déclare que plusieurs hommes viennent le voir durant la journée, l'un d'entre eux lui donnant un costume civil.

L'aviateur apprend alors qu'il se trouve à environ 20 km au Sud-Ouest de Bruxelles. Le jeune homme l'aide à s'installer dans une autre cachette, avant de le diriger vers un groupe de maisons à proximité. Son E&E dit qu'il est amené en tandem à Tessenderlo, au Nord-Est de Bruxelles. Peu après, une femme arrive lui apportant du café, du pain et deux pommes. Puis, trois autres femmes prennent son relais durant le reste de la journée, assurant le ravitaillement de l'aviateur. Passe la dernière femme du groupe, qui parle assez bien l'anglais et lui dit qu'un homme viendrait le chercher à vélo le même soir. L'homme arrive avec un tandem et remet des vêtements civils et des sabots à Cole, qui accompagne son guide jusqu'à la maison de ce dernier, où il loge au grenier. Le lendemain matin, un membre de la résistance vient le chercher pour le conduire en train à Bruxelles.

Dans son E&E, Cole est d'abord amené à Tessenderlo en tandem et y reste une nuit et un jour. Il déménage dans la même ville pour une seconde nuit. Un certain "René" le conduit ensuite pour une nuit à Oostham. Ce même René le guide en train à Bruxelles. Au 166 Avenue Louise, il reste avec Joseph PHILIPPE et René jusqu'au 31 août. [La liste des "helpers" belges établie après la guerre reprend le nom de Mme PHILIPPE au 166 Avenue Louise.] Le 1er septembre, il va chez Joseph PEERAER au 12 Avenue Albert à Forest-Bruxelles, guidé par un homme de 45 ans. PEERAER travaille à la prison municipale. Le ménage cache déjà un Juif allemand, "Charles", échappé d'un camp de concentration.

Là, Clifford Cole est pris en charge par Aline DUMONT. Il passe quelques jours par le centre de rassemblement chez Hélène CAMUSEL au 160 Rue Marie-Christine à Laeken. Il raconte dans son récit qu'il reste caché un certain temps à Bruxelles, d'abord près de l'Avenue Louise, dans un bâtiment adjacent à des bureaux occupés par un Etat-Major allemand. Ses logeurs là étaient un employé de la Régie des Télégraphes et Téléphones et sa femme nettoyeuse dans les bureaux voisins, tout deux membres actifs de la Résistance. L'homme profitait de ses compétences et de l'accès aux lignes téléphoniques pour écouter les conversations de l'ennemi et transmettre des informations à destination de Londres concernant les mouvements de troupes allemands, en région bruxelloise notamment.

Un projet de faire enlever Cole par un avion est abandonné après quelques semaines durant lesquelles il change souvent de cachette dans la capitale. Dans l'une d'elles, il rencontre un jour un banquier juif, en fuite des Nazis, avec lequel il a l'occasion de sortir, avec repas dans des restaurants sûrs et assister à des matches de football... Hélène CAMUSEL dit qu'il part le 30 septembre, ce qui correspond au récit de Roy Claytor.

Cole dit dans son E&E que "Lilly (Aline DUMONT) le guide au train. Il rejoint Claytor et ils suivent une femme de 30 ans jusque Paris.

Dans son autre récit, après deux voyages en train, il atteint Paris, "guidé dans le 2ème train par une infirmière en uniforme blanc qui, en touchant discrètement la visière de son couvre-chef, lui indique secrètement quatre autres évadés". Nous savons en tout cas que Cole est passé en France par Henriette HANOTTE et qu'il est avec Claytor.

Cole relate qu'à Paris, un autre guide (Jacques LE GRELLE) s'étant assuré que son "colis" n'était pas un faux aviateur, l'a mené à un appartement occupé par un couple actif dans une ligne d'évasion. L'homme travaillait dans une usine automobile fournissant des camions à l'armée allemande et dans laquelle des ouvriers n'oubliaient pas de saboter des pièces à l'occasion... Il est ainsi logé du 30 septembre au 04 octobre chez Raoul TOUQUET et Lucienne PRIOUL au 16 Rue Henri Tariel à Issy-les-Moulineaux, qui travaille effectivement à la SOGA au 21 Boulevard Pershing Paris XVIe, et est agent de Fernande ONIMUS-PHAL.

Un jour, un autre agent vient lui apprendre qu'il quitterait Paris dans la soirée pour un voyage vers le Sud avec d'autres évadés. Après un long voyage en bus ils arrivent dans un petit village au pied des Pyrénées. Après un repas dans une ferme, un guide basque apparaît, qui leur apprend qu'ils passeraient des montagnes pour atteindre l'Espagne.

Cole déclare dans son E&E qu'une femme de 40 ans le conduit dans un jardin d'enfants à Paris, où il revoit Jacques LE GRELLE et une petite femme de 35 ans (Marcelle DOUARD). Elle le guide à Bordeaux en même temps qu'un jeune français voulant quitter le pays. De là, son récit est le même que celui de Claytor.

Un Français (Marcel ROGER) et un Belge (Jean-François NOTHOMB) les attendent à Bordeaux. Ils prennent un train pour un petit village hors de Dax et Claytor, Cole, Cowherd et leurs deux guides pédalent vers Bayonne. Ils logen à Bayonne chez Pierre ARRIEUMERLOU.

Le lendemain, ils vont à Saint-Jean-de-Luz en vélo, chez une veuve et sa fille de 18 ans (Katalina LAMOTHE veuve AGUIRRE et sa fille Joséphine), au 58 Rue du Docteur Micé à Ciboure. Ils y rencontrent leurs guides basques.

Le groupe de Cole, avec Ford Cowherd et Roy Claytor passe la Bidassoa avec Jean-François NOTHOMB et Marcel ROGER au 61e passage de Comète.

Cole raconte qu'à San Sebastian, on le(s) mena à ce qui lui parut être un vignoble où après un copieux repas il dort sur la paille d'une grange voisine. Il indique que cette même nuit, une auto de l'Ambassade de Grande-Bretagne vient le chercher pour le conduire à l'Ambassade des Etats-Unis à Madrid, où on lui signale que l'on ne peut rien faire pour lui. C'est alors l'Ambassade de Grande-Bretagne qui l'héberge et lui procure de nouveaux vêtements et papiers d'identité.Après quelques jours passés à Madrid, un guide de l'Ambassade accompagne Cole et d'autres évadés en train jusqu'à Gibraltar. Son interrogatoire par le Major Grady Lewis y est daté du 15 octobre.

On le signale rentré au Royaume-Uni le 18 octobre 1943 (et son interrogatoire à Londres est daté à ce jour), mais dans son récit, Cole mentionne qu'un avion de la RAF le transporte d'Espagne à Londres le 7 décembre 1943 (il atterrit à Hendon le 18 avec Claytor selon son E&E). Les dates officielles sont les mêmes que celles de Roy Claytor.

Quoiqu'il en soit, peu avant la Noël, il se retrouve chez lui à Effingham où l'attendent sa femme Louise et ses deux filles, la cadette étant née le lendemain du jour où son avion avait été abattu.

Merci à son fils Grant pour la photo de son père en uniforme.


(c) Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters