Personne passée par Comète via les Pyrénées

Dernière mise à jour le 4 février 2019.

Robert Sinclair CLEMENTS / J.6645
Stockholm, Saskatchewan, Canada.
Né le 26 mai 1917 / † le 7 décembre 1979 à Kelowna, Canada
Fl Off RCAF, RAF Bomber Command 57 Squadron, copilote.
Lieu d'atterrissage: près de Eksel, en Limbourg belge.
Avro Lancaster, W4822, DX-P, abattu par des chasseurs de nuit le 3 novembre 1943 lors d'une mission sur Düsseldorf.
Avion explosé en vol, écrasé à 3½ km au Nord de Hechtel, Limbourg belge.
Durée : 1 mois.
Passage des Pyrénées : le 06 décembre 1943

Informations complémentaires :

Rapport d'évasion SPG 3317/1657 (complet).

Parti de East Kirby vers 17h20 le 3 novembre, l'appareil n'arrive pas à Düsseldorf et est attaqué par des chasseurs avant d'atteindre la cible, à la verticale du Limbourg belge. La soute à bombe est touchée et des munitions incendiaires sont allumées. La soute est vidée d'urgence, mais le feu ne peut être combattu. Le pilote West donne l'ordre de sauter et le bombardier James Elliott saute le premier, suivi de Clements.

Le Fl/Lt Donald West, pilote américain détaché à la RAF, est tué dans l’explosion de l’appareil (voir à cette page), de même que l'opérateur radio/mitrailleur Sgt Harry Francis McKernin, le mécanicien Sgt William Frederick Neill, le mitrailleur dorsal le Sgt Francis Patrick Heaton et le mitrailleur arrière le Sgt John Edmunds, ces 2 derniers morts à leur poste dès les premières rafales. Les restes des 5 aviateurs furent d’abord inhumés au cimetière de la base de Brustem près de Saint-Trond / Sint-Truiden et furent transférés après la guerre au cimetière militaire du Commonwealth à Heverlee, près de Louvain / Leuven. Le navigateur, le P/Off Norman F. Buggey, la jambe brisée lors de son contact avec le sol, a été fait prisonnier - PoW n° 3348 au Stalag Luft 3.

James Elliott et Clements sont les seuls à pouvoir sauter et pourront s’évader avec succès. Clements atterrit dans un champ près d'Eksel. Il cache son équipement et file se cacher dans un bois. Il marche vers l'Ouest. En sortant d'un bois, vers minuit, il voit un appareil écrasé qui brûle et des patrouilles allemandes qui arrivent. Le paysage est si nu et plat qu'il ne peut se cacher et continue à marcher jusque 7 heures du matin. Il entend un clairon et des soldats allemands viennent s'exercer jusqu'à 50 m du fossé dans lequel il s'est caché en vitesse. Il s'était abrité, il le saura plus tard, dans la plaine du camp militaire de Bourg-Léopold. Il est occupé à manger des carottes quand il entend des personnes parlant français. Il comprend qu'il doit être en Belgique.

Clements s'approche d'une ferme, mais les gens ne savent pas quoi faire de lui. Le fermier part chercher quelqu'un qui parle anglais. Il revient avec un Form E que Clements remplit. Le lendemain, le 5 octobre, il est réveillé dans la grange par un homme armé d'un pistolet qui lui demande sa carte géographique et son compas. Clements s’exécute, l’homme semble satisfait et le laisse retourner à la grange. A 9 heures, l'homme revient avec deux jeunes filles et le questionne dans la maison. Clements se trouve chez Louis GESKENS, Stationstraat à Wijchmaal, entre Hechtel-Eksel et Peer. Quatre policiers viennent le voir dans les soirées. Ils rabattent les équipages de bombardiers. Tous les agents sous le n° 6.000 sont de confiance, les nouveaux ayant été recrutés par les Allemands. On lui coupe le haut de ses bottes et la moustache (on lui dit que puisqu'Hitler en porte une, les Belges n'en portent plus) et les deux filles l'emmènent à vélo vers Eksel le 8 novembre. Ils rencontrent trois patrouilles allemandes, qui ne remarquent pas qu'il est en battle-dress. Il arrive dans une maison, où il retrouve Elliott, chez Albert SOLS, au 58 Molenstraat à Eksel. On lui donne des habits civils, il est également mis en contact avec un réseau et son évasion est dès lors organisée.

Clements et Elliott et deux guides se rendent alors à Overpelt à vélo. Les guides sont Michel VANDERFEESTEN et Jan JUTTENS, tous deux de Neerpelt, qui les conduisent chez la famille SPOOREN à Overpelt. (A noter que la liste des Helpers belges reprend un Mathieu VANDERFEESTEN à Neerpelt, pas de Michel…)

Clements et Elliott restent une semaine chez les SPOOREN. [Note : la liste des Helpers belges établie après la guerre reprend Lambert, Theo et Michel SPOOREN, tous trois au Haspershoven à Overpelt - Lambert SPOOREN a été décoré de la US Medal of Freedom en 1947.] Donald Mills et Edward Johnson sont logés dans la maison voisine chez Mme Vve Lilian SMETS, avec laquelle Clements et Elliott avaient également été en contact. Cette dame, née WOODIWIS en Angleterre, habitant au « Little Yorkshire » à Eksel, était membre du Groupe ROYERS. Elle a été décorée en 1947 de la US Medal of Freedom. Née à Cullingworth dans le Yorkshire en 1897, Lilian avait épousé Franz Paul Smets d’Eksel, mort en 1941. Elle est décédée en mai 1975 à Neerpelt et a été inhumée à Eksel.) Durant leur séjour chez les SPOOREN, Clements et Elliott y sont visités par "LBC 11", un chef de la résistance.

Le 15 novembre, Clements et Elliott quittent les SPOOREN et sont conduits à vélo à la gare de Neerpelt par VANDERFEESTEN et JUTTENS. Ils sont munis de faux papiers qui portent des photos d'autres personnes. Leurs guides leur achètent des tickets pour Anvers et leur indiquent de suivre Charles WILLEKENS (de Beverbeek, entre Hamont et Achel) qui les accompagne jusqu’à une petite gare avant Anvers. Ils rencontrent un autre guide qui les mène en tram au centre de la ville. Ils sont conduits dans un café, puis dans un grand magasin une demi-heure plus tard, pour les faire prendre en photo. Leur guide les conduit chez sa sœur, où ils mangent. Le guide revient peu après avec leurs photos développées. Elliott et Clements sont logés chez Virginie DE BRUYN au 37 Keizerstraat à Anvers, amenés là par Gustave BUSSCHOTS (du 9 Zurenborgstraat, Antwerpen / Anvers).

A Bruxelles, Robert Clements est logé chez Henri et Marie MACA, Avenue du Val d'Or à Woluwe-Saint-Pierre. James Elliott va loger ailleurs, car les MACA n’ont pas assez de place pour tout le monde. Clements y rencontre Ronald Morley et son navigateur Kenneth Garvey. Ils vont souvent en soirée chez les VAN TUYKOM à Woluwé-Saint-Pierre, 2 rue Martin Lindekens, par leur jardin communicant. James Elliott logeait chez les VAN TUYKOM.

Le lendemain, le 17 novembre, Morley et Clements ont reçu de nouveaux papiers et se rendent à la gare pour prendre un train vers Tournai. Ils y descendent et traversent la frontière à pied avec un policier fier de porter un battle-dress de la RAF. Edward Johnson et John Harkins sont dans le groupe. Une fois en France, ils prennent un train d'ouvriers pour Lille, et un autre train pour Paris.

Clements et Harkins sont escortés jusqu’à Paris par Henriette HANOTTE. Là, Harkins et lui vont chez le docteur GUYOT au 50 Rue de Rome dans le VIIe, puis dans l'appartement de Célestin Simon JEAN-JEAN au 21 Rue de la Chine, dans le 20ème arrondissement, où Clements reste loger 16 jours dans des conditions qu’il qualifie des plus primitives.

Le 4 décembre, JEAN-JEAN le prend en Métro et remet Clements à un guide qui lui présente le Squadron Leader Cyril Passy. Clements restera avec lui jusque Madrid.

Clements loge à Sutar à l'auberge Larre de Jeanne MENDIARA en compagnie de Donald Mills, Edward Johnson et Cyril Passy. C'est le 77e passage de Comète par Larressore avec les seuls guides de Pierre ELHORGA. Les 4 hommes arrivent à Madrid vers le 10 décembre et y restent 4 ou 5 jours. Ils sont rejoints par Ronald Morley et James Kennedy et sont conduits à Séville. Ils y logent 6 jours chez un Espagnol et reçoivent la visite de M. MONTGOMERY du consulat britannique. Montgomery les fait embarquer clandestinement dans un cargo fruitier où ils se cachent dans une cale à l’avant pendant 60 heures. Le troisième jour, ils peuvent monter sur le pont et ils accostent finalement à Gibraltar le 23 décembre.

Robert Clements décolle de Gibraltar le 29 décembre 43 et arrive le même jour à Whitchurch, en Angleterre, où il est débriefé.


(c) Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters