Aviateurs de l'opération Marathon

Dernière mise à jour le 21 septembre 2019.

Jack Cecil DAVIS / 18168885
1911 Valmar Street, Little Rock, Arkansas, USA.
Né le 13 décembre 1922, Tennessee / † le 4 avril 1989, Little Rock, Arkansas, USA.
S/Sgt, USAAF 385 Bomber Group 551 Bomber Squadron, mitrailleur ventral.
lieu d'atterrissage : Fontenay près de Bernouville, Eure, France.
Boeing B-17G-20-BO Flying Fortress, 42-31598, HR-V / "Moon Glow", abattu par la Flak le 2 août 1944 lors de la mission sur le site d'armes V de Mery-sur-Oise.
écrasé à Les Petites Yvelines, ± 20 km au Nord de Rambouillet, Département des Yvelines, France.
Durée : 3 semaines.
Camps : caché à Rambouillet.

Informations complémentaires :

Rapport de perte d'équipage MACR 8161. Rapport d'évasion E&E 1128 disponible en ligne.

Le pilote, 1st Lt Luther P. Newcomer, le mitrailleur dorsal Sgt Joseph W. Panasuk, le mitrailleur droit Sgt Edward C. Abbott Jr et le mitrailleur arrière T/Sgt Kenneth Waterfield sont fait prisonniers.

Cinq hommes parviendront à s'évader : Jack C. Davis (la présente fiche), dont c’est la 32ème mission, le bombardier Edward O'Day, le copilote Russell Katz, l'opérateur radio T/Sgt Marion T. Church (E&E 2456) et le navigateur 2nd Lt James Lindquist.

L'appareil a décollé de Great Ashfield vers 10 heures ce 2 août. Pris à partie par la Flak, un moteur est atteint et un incendie se déclare dans la soute à bombe. Le pilote ordonne de larguer les bombes, mais le bombardier attend pour ne pas faire de victimes civiles et les largue à proximité de la cible. Au lieu de virer vers le Nord après la cible, le pilote continue vers l'Ouest et entre dans une zone battue par la Flak. Lindquist est occupé à maîtriser le feu et doit donner de l'oxygène au pilote en retournant vers sa baie à l'avant. Katz reprend alors les commandes et sort de la zone de Flak sur base des données de navigation que lui donne Lindquist. Newcomer va ensuite combattre le feu et Katz trouve qu'il fait maintenant très calme, malgré deux autres moteurs perdus. En fait, le restant de l'équipage avait sauté et il ne reste plus dans l'appareil que Katz, Lindquist et Newcomer. L'appareil devenant incontrôlable, ils sautent à leur tour.

La chute de l'appareil est observée par des troupes allemandes, mais également par des membres de la Résistance. Davis atterrit dans un champ de blé. Des Français dissimulent son équipement et lui disent de se cacher dans les bois proches. Ils reviennent près de lui avec des vêtements civils après une heure et demie. Dans un récit de 1984, Jack Davis précise que le soir vers 22h00, il est présenté au caporal Eugène FALEMPIN, membre des F.F.I (Forces Françaises de l’Intérieur) et que c’est lui qui lui apporte les vêtements, ainsi que des chaussures dont Davis est étonné de constater qu’elles lui vont parfaitement.

Davis enfile les vêtements et, un râteau sur l’épaule pour donner le change, il accompagne ensuite FALEMPIN jusqu’à Fontenay. Là, ils sont en train de se restaurer lorsqu’ils doivent rapidement quitter les lieux, une patrouille allemande étant annoncée. Davis accompagne FALEMPIN à vélo jusqu’à Paris, qu’ils atteignent après plusieurs heures de route. Arrivés au domicile de FALEMPIN et son épouse, Davis y sera nourri et logera une nuit avant d’être guidé le lendemain, toujours à vélo, jusqu’à une maison proche de l’Arc de Triomphe. Là, Davis est soumis pendant 3 heures à un interrogatoire très serré afin de vérifier s’il est bien l’aviateur américain qu’il dit être.

FALEMPIN guide alors Davis, toujours à vélo, jusqu’à l'hôpital de La Salpêtrière à Paris, où l’aviateur est pris en charge dans l’unité dirigée par Mlle Marie LAUDE (LAUDE selon son rapport E&E – son récit de 1984 reprenant «Marie Fau?é»… ?). Selon son rapport, après 2 ou 3 jours passés à l’hôpital, il part le 7 août pour Rambouillet en Seine & Marne où il rencontre ses coéquipiers Lindquist, Katz et O’Day. D’après son récit de 1984, vers le 7 août, Davis et FALEMPIN reprennent leurs vélos pour se rendre à une station de métro. Montés à bord d’une rame, ils se retrouvent dans des wagons différents, entourés de militaires allemands. Esseulé, Davis craint tout au long du voyage d’être interpellé par l’un de ceux-ci et ne pouvoir répondre valablement, ne connaissant pas le français. Arrivés sans encombre en bout de ligne, les deux hommes se retrouvent et prennent place à bord d’un camion transportant des ouvriers agricoles à destination de Rambouillet. Toujours selon le récit de 1984, FALEMPIN prend congé de Davis lorsqu’ils arrivent chez Mme LEFEBVRE (voir ci-dessous).

François PROMPSAUD, entrepreneur de fumisterie au 9 Rue Dubuc à Rambouillet fait chercher Jack Davis, caché à Saint-Cyr-l’Ecole et le loge chez lui du 7 au 8 août.

Christiane LEFEBVRE (née OLIVIER), maman de Claude Georges LEFEBVRE au 44 Rue du Petit Parc à Rambouillet, est membre dans la section de François PROMPSAUD de Marathon (François PROMPSAUD, Rambouillet). Elle héberge 8 aviateurs du 9 juin à la libération : du 6 au 11 août Russel Katz et Edward O'Day, du 7 au 19 août James Lindquist et du 11 (et non du 7) au 19 août Jack Davis. Dans son rapport, Davis indique que c’est pendant leur séjour là (chez les LEFEBVRE) qu’une jeune fille française leur déclare qu’elle peut héberger deux d’entre eux. Le choix se décide aux cartes et Katz et O’Day sont les gagnants. Davis et Lindquist restent donc à Rambouillet et sont remis aux troupes US qui ont libéré la ville le 20 août. [Marie Le Febvre, arrière-petite-fille de Christiane LEFEBVRE et petite-fille de Claude, a publié en octobre 2015 Risking and Resisting, un livre consacré aux activités de sa famille dans la Résistance et l’aide aux 8 aviateurs Alliés. Infos : http://www.riskingandresisting.com/]


Debout : Claude Lefevre. Assis de gauche à droite : J. Lindquist, J. Davis, Mme Lefevre-Olivier, R. Katz et E. O'Day.

Lindquist et Davis sont débriefés le 22 août par le 2nd Lt John Forsyth de l’I.S.9. Ils partent ensemble en avion de Cherbourg le 24 août, arrivent le même jour en Angleterre et se rendent immédiatement au centre de réception spécial du 63 Brook Street à Londres W1. Jack Davis se verra décerner la DFC (Distinguished Flying Cross) pour la mission et son évasion. Il sert en Corée et recevra une deuxième Purple Heart (décoration pour blessures au combat). Resté dans l’US Air Force, il prendra sa retraite en tant que Colonel. Il décèdera en avril 1989 d’un cancer directement lié à sa participation à des essais de bombes atomiques dans le désert du Nevada en 1952.


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters