Personne passée par Comète via les Pyrénées

Dernière mise à jour le 3 mars 2017.

Bernard EVANS "Bunny" / 755262 et 142015.
29 Dorothy Crescent, Worcester.
Né à Manchester en 1907 / † ?
Fl/Sgt, RAF 15 OTU, mitrailleur arrière.
Mont-sur-Marchienne, entre Charleroi et Montigny-le-Tilleul, Hainaut, Belgique.
Vickers Wellington Mk Ic, R1791, SM-R, abattu par un chasseur allemand (Ltn Helmut Niklas - 6./NJG 1) dans la nuit du 30 au 31 mai 1942 lors d'une mission sur Cologne.
Écrasé près de Montigny-le-Tilleul (Route Charleroi-Gozée), Hainaut.
Durée : 7 semaines
Passage des Pyrénées : le 21 juillet 1942.

Informations complémentaires :

Rapport d'évasion SPG 3310/809 (incomplet).

Le Wellington décolle de Harwell à 23h14 et au retour de la mission, un chasseur allemand Me110 l’attaque subitement et ses rafales détruisent la tourelle arrière. L'intercom et la radio sont hors d'usage et les tirs ultérieurs de Niklas mettent le feu au moteur et à l'aile gauches. L'Unteroffizier Wenning, opérateur radar à bord de l'avion allemand rapporte avoir vu le Wellington exploser juste au-dessus d'une maison à Montigny-le-Tilleul. Le W/Off Stanley M. Green, observateur, le Fl/Sgt Thomas L. Lyons, opérateur radio/mitrailleur et le Sgt James McCormack, 2ème radio/mitrailleur sont tués. Ils reposent au cimetière communal de Charleroi.

Bernard Evans, dont c’est la 50ème mission, avait été décoré en avril 1942 de la DFM (Distinguished Flying Medal) suite à ses missions au Moyen-Orient avec le RAF No. 108 Squadron. Il atterrit dans un prunier à l’arrière d’une maison de mineur à Mont-sur-Marchienne. A peine arrivé au sol, entendant des fenêtres qui s’ouvrent et des voix, il quitte rapidement l’endroit. Il court en remontant une rue menant au cimetière et se cache entre les tombes avant d’aller frapper à la porte d’une maison aux fenêtres éclairées. Il déclare qu’il est un aviateur anglais et on le fait entrer. On lui donne à boire et on soigne sa blessure à la main avant qu’il soit conduit vers une autre maison où, après lui avoir donné à manger, on le cache dans un grenier. Au matin du 31 mai, les Allemands fouillent toutes les maisons du voisinage, mais pas celle où il se trouve. Dans la soirée, il est pris en charge par des membres de la Résistance.

Son pilote, le Sgt Dennis John Paul, blessé, est soigné dans un hôpital de Charleroi. C'est durant son séjour à l'hôpital qu'un dimanche après-midi, une dame, Madame Ruby DONDEYNE (du 135 Rue de Marchienne à Charleroi), parlant anglais, remet à Paul une note écrite par Evans sur du papier à cigarette : "Baled out - am in good hands. Bunny" ("Sauté en parachute - suis en bonnes mains - Bunny"). Le Sgt Paul sera par la suite interné en Allemagne dans les camps 9C/Luft 1/Luft 6 et Luft 4, prisonnier n° 39731. Sa citation pour la DFM passe à la London Gazette le 9 mai 41.

Le 2 juin, Mme Rose "Bault" (BAUDE) vient chercher Evans à Marcinelle pour le conduire à Charleroi chez un marchand de meubles qui le nourrit. Il dort chez les BAUDE au 51 Rue de Marchienne à Charleroi. (La liste des Helpers belges reprend une Mme Léa BAUDE à cette adresse).


Bernard Evans, au milieu, escorté dans la rue de la Montagne à Charleroi par deux de ses Helpers.
La photo, reproduite à la page 68 dans le Hors-Série "40-45 La Belgique en Guerre"
édité en mai 2015 par l’hebdomadaire "LE VIF-L’Express", émane du "Fonds Famille BAUDE – Collection André Sevrin".

Le 3, Evans est conduit chez Mme Renée SPINEAUX qui l'héberge 18 jours à la Route de Mons à Marchienne-au-Pont. Elle lui achète des vêtements, des chaussures et un imperméable, le nourrit et refuse l'argent qu'il lui propose. Afin d'éviter des rafles à Charleroi, il est ensuite conduit à Bruxelles chez un cousin de Mme SPINEAUX à Forest où il reste deux ou trois jours. Il se préparait à rentrer à Charleroi quand M. et Mme BAUDE arrivent avec un guide pour lui.

Mr et/ou Mme BAUDE le conduit au restaurant de l'Escargot d'or à la Rue de la Fourche où ils rencontrent Robert Poreye, qui conduit Evans en train à Namur. Ils vont à un café près de la gare attendre un autre homme qui l'emmène faire des photos. C'est probablement Jacques TIBERGHIEN de la Rue de l’Esplanade à Ixelles. Jules DUBOIS, le bourgmestre de Dhuy (près de Namur), le prend deux jours chez lui au 31 Rue du Village. Evans rencontre John Watson quand le bourgmestre de Dhuy les emmène chez un baron (Louis de JAMBLINNE de MEUX à Noville-sur-Mehaigne, près d’Eghezée) qui les loge deux autres jours, du 18 au 20 juin 42.

Jules DUBOIS vient chercher Evans et Watson en voiture et les conduit à Namur, où ils rencontrent un jeune homme et une jeune femme : Robert NICOLAS de "Bayard" et sa fiancée Suzanne LAURENT. Ils prennent le train pour Bruxelles et sont menés à la Cantine Suédoise (Swedish Relief Canteen) au 9 Rue Ducale, tenue par Jean GREINDL, qui y a un bureau servant de couverture.

"Nadine" guide ensuite Evans et Watson vers une maison où ils dorment quatre jours et où on leur procure un laisser-passer orange. Le 5 juillet, "Nadine" les conduit en train à Louvain "avec un autre pilote de la RAF inconnu" (Il s’agit de Joseph Pack, dont le rapport d’évasion mentionne que Bernard Evans, John Watson et lui sont partis ensemble à cette même date). Les trois prennent avec Andrée DUMONT le train de Paris à 21 heures 30. "Nadine" les fait tous passer pour des sourds-muets.

Là, les trois aviateurs sont menés par "Nadine" à l'Hôtel du Parc Luxembourg dans le Quartier Latin, où Frédéric DE JONGH avait une chambre (qu'il abandonnera plus tard pour louer une villa à Saint-Maur, en Val-de-Marne). Andrée et Frédéric DE JONGH arrivent vers 10 heures, "Nadine" rentre à Bruxelles, et Evans et Watson vont dans la villa louée par Frédéric DE JONGH à l'Avenue des Erables, où ils voient Joseph Angers, Marian Zawodny et William MacFarlane. qui s’y trouvent déjà. MacFarlane part ensuite seul chez René et Raymonde COACHE à Asnières. Evans et les autres restent jusqu'au 16 juillet avec Frédéric DE JONGH.


La villa de Saint-Maur-des-Fossés.
Debout de gauche à droite : Elvire Morelle, un aviateur, Gabrielle Dommain.
Assis de gauche à droite : un aviateur (probablement Evans), Jeannine De Greef et Joe Pack.
Un des deux aviateurs peut être Evans, puisqu'il y est avec Joe Pack.

A cette date, "Dédée" et une "Elvire" (MORELLE) guident Evans, Angers, Zawodny et Watson au train vers Saint-Jean-de-Luz, leur ayant fourni des faux papiers. A Bayonne, ils sont rejoints par une autre Elvire (Elvire DE GREEF "Tante Go") et un homme appelé "B" (Albert "Bee" Johnson). La gare de St-Jean-de-Luz est bourrée d'Allemands déchargeant des projecteurs, ce qui permet le passage aisé du contrôle. Le groupe se divise et se reforme chez un certain "St Vincent" (Ambrosio SAN VICENTE ARRIETA) au 7 Rue Salagoïty, non loin de la gare.


Mot de remerciement de Evans dans le carnet de Ambrosio San Vicente.

Evans et les trois autres restent là deux jours, nourris par Maritxu ANATOL, et partent le 19 juillet avec "Dédée" DE JONGH et deux guides basques (Manuel ITURRIOZ et Tomás ANABITARTE, précédés de Donato ERRAZTI jusqu'à la Bidassoa) vers une ferme à 10 Km. Ils quittent cette ferme (la maison Bidegain Berri chez Françoise HALZUET épouse ISANDIZAGA, dite "Frantxia") le soir et marchent dans le noir sous la pluie quand deux soldats Allemands (en fait des gendarmes français) surgissent en criant. Evans se cache dans un buisson et se retrouve seul. Un coup de pistolet est tiré et un homme (Watson) est couché par terre, disant "Kamerad" ce à quoi un soldat répond "Camarade". Ils discutent vivement pendant 20 minutes et Evans profite d'une forte averse pour s'enfuir.

Le matin, il traverse Urrugne et Hendaye pleins d'Allemands. Il entre dans une église et reçoit 10 francs pour prendre le tram pour retourner à l'hôtel Euskalduna à Saint-Jean-de-Luz. A chaque soldat qu'il croise, il dit "Mauvais temps" et n'est pas inquiété. Evans retrouve tout le groupe sauf Watson (gardé par les gendarmes) et Zawodny, qui revient plus tard directement à la ferme. Manuel ITURRIOZ se souvient qu'il avait lancé des cailloux à la fenêtre de l'hôtel Euskalduna pour attirer leur attention, mais à l'étage où logent des Allemands.

C'est le 17e passage de Comète par Saint-Jean-de-Luz, également raconté en détail par Manuel ITURRIOZ.

Les trois évadés et "Dédée" se reposent une journée. Evans signale que sa jambe, foulée suite aux marches ardues dans la montagne, est soignée avant son départ le 20 juillet vers Oyarzun, avec "Dédée", Angers, et Zawodny, sans Watson. Arrivés sans souci à Oyarzun, "Dédée" les y laisse et revient avec une voiture qui conduit les trois évadés à San Sebastian. Ils y mangent chez Bernardo ARACAMA.

Le consulat vient alors les prendre et signale qu'une voiture pour Madrid attendait depuis quatre jours leur arrivée. Evans, Angers et Zawotny restent quatre jours à Madrid et sont amenés à Gibraltar en ambulance. Ils quittent Gibraltar par un avion Dakota de la BOAC le 18 août et arrivent à Whitchurch en Angleterre le lendemain.


(c) Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters