Personne passée par Comète via les Pyrénées

Dernière mise à jour le 21 mai 2022.

Tadeusz Jan FRANKOWSKI, "Teddy" / P782235
38 Trentham, Leeds Yorkshire et "51 Gorne Lei", Jaroslawa à Lwow (actuellement Lviv) en Ukraine
Né le 2 août 1920 / † le 13 février 1996 à Blackpool, Lancashire, Royaume-Uni
Sgt, RAF Bomber Command - 305 Squadron "Polkowice-Sieroszowice", Bombardier - mitrailleur avant
lieu d'atterrissage: près de Eindhoven (Pays-Bas)
Vickers Wellington Mk IV, Z1245, SM-D, abattu la nuit du 27 au 28 août 1942 lors d'une mission sur Kassel, abattu par un chasseur allemand
Écrasé à la Woenselsestraat, Eindhoven, Noord-Brabant (Pays-Bas)
Durée : 4 semaines
passage des Pyrénées : le 5 octobre 1942.

Informations complémentaires :

Rapport d’évasion SPG 3311/939, dont résumé traduit ci-dessous. La photo de gauche en médaillon provient du site http://aircrewremembered.com/pytlak-jan.html

Le Wellington décolle de Hemswell à 20h45, heure anglaise. L’appareil n’atteint pas l’objectif et fait demi-tour à hauteur de Münster. Il est attaqué à hauteur d’Eindhoven par un chasseur de nuit et s’écrase. Le crédit de cette victoire est attribué au pilote Hauptmann Siegfried Wandam du 3./NJG 1, à bord d’un Messerschmitt Bf110 basé à Venlo.

L’équipage : le pilote Sgt Jan Pytlak (tué) ; l’observateur/bombardier F/Lt Antoni Wladyslaw Kiewnarski (prisonnier ; évadé du Stalag Luft 3 de Saga/Zagan lors de la "Grande Evasion" en mars 1944 ; arrêté par la suite et exécuté le 31 mars 1944 comme 49 autres sur ordre de Hitler) ; l’opérateur radio Sgt Feliks Gawlak (tué) ; Sgt Frankowski (la présente fiche – évadé) ; le mitrailleur arrière F/Sgt Jozef Janik (tué). Kiewnarski repose au cimetière du Commonwealth à Poznan, Pologne. Pytlak, Gawlak et Janik ont été inhumés après la guerre au cimetière d’Eindhoven (Woensel), Pays-Bas.

Traduction du rapport SPG 3311/939 de Frankowski : "Vers minuit, nous fûmes forcés de sauter en parachute au-dessus de Eindhoven. J'atterris dans un champ longé par une route à l'extérieur d'un village près d'Eindhoven. Je pus voir l'avion en flammes pas très loin de là et m'éloignai dans la direction opposée, traversant des haies et des canaux d'irrigation. Je me cachai dans une haie jusqu'à la soirée du 28 août lorsque je me présentai dans une maison. Les occupants apeurés me donnèrent un verre de lait et me dirent que nous étions près d'Eindhoven. Je tentai de marcher vers le sud, mais dû m'orienter vers l'ouest à cause des canaux bloquant le passage. Après une nuit caché dans un champ, je quittai cet abri et me cachai dans des haies jusqu'à la soirée. Je me rendis (le 29) dans une ferme près de l'endroit où l'avion s'était écrasé, j'y reçu de la nourriture et on soigna mes blessures (j'avais été touché par du shrapnel dans le dos et par une balle dans le bras.) Un ami de la famille m'apporta des vêtements civils et je passai la nuit dans des buissons.

Le soir du 30 août, après avoir marché dans ses faubourgs, j'entrai finalement dans Eindhoven. Ma boussole déréglée me fit perdre du temps et peu après 23h00, ayant traversé deux canaux, j'atteignis un champ hors de la ville où je restai la nuit. Dans la matinée du 31 j'atteignis le village de Hokstel, puis, via les champs, la rivière canalisée de Beerze.

Marchant vers le sud à travers champs et le long de sentiers, j'arrivai dans une petite ville où je rencontrai un paysan auquel je donnai 20 florins pour m'apporter de la nourriture. J'attendis vainement son retour dans un champ, puis décidai de continuer à marcher. En début de soirée, je rencontrai un ouvrier agricole qui me donna du café et l'un de ses deux sandwiches. Il me dit qu'en traversant un bois et une voie de chemin de fer, j'arriverais en Belgique. Je suivis ses indications, mais ayant traversé la voie de chemin de fer, j'appris d'un gamin que je la frontière était encore à 2 km. Apprenant que j'étais de la RAF, le garçon appela sa sœur, qui m'apporta du lait et de quoi manger. Le garçon me dit qu'il me mettrait en contact avec des contrebandiers-fraudeurs qui me feraient passer la frontière. Le lendemain, l'air apeuré, le garçon revint en disant que les fraudeurs ne pourraient m'aider, trois d'entre eux ayant été tués par les Allemands durant la nuit. Il me quitta en m'indiquant le chemin vers la frontière.

Après réflexion, je décidai de me faire passer pour un ouvrier agricole tout en évitant les routes et chemins, coupant à travers champs et traversant quelques canaux. Atteignant finalement une route, je vis un ouvrier marchant devant moi, duquel j'appris que j'étais près de Achel en Belgique. Je continuai à marcher vers le sud, et, les pieds meurtris par l'usure des vieilles chaussures reçues en Hollande, j'arrivai dans une ferme où je vis des religieux au travail dans le jardin. Ayant dit que j'étais de la RAF, et vu leur intention de déclarer ma présence aux autorités, je décidai de m'enfuir à travers la campagne, traversant des canaux en direction de la région francophone du pays.

Au matin du 2 septembre, je rencontrai un ouvrier dans un champ. Il m'amena chez lui, me permit de me laver et me raser et me donna un col propre et des chaussures de tennis. Je donnai 150 francs belges à cet homme pauvre qui me dit que nous nous trouvions encore dans le Limbourg. Après avoir mangé un peu de pain, je le quittai et je dépassai Hasselt dans la soirée. Après une nuit passée dans des buissons, je marchai jusqu'à Ryckel (4 km à l'Est de Saint-Trond) où pour la première fois, je pus loger dans une maison. Les propriétaires étaient pro-Anglais et m'hébergèrent une nuit et un jour. Parmi d'autres choses, ils me donnèrent des chaussettes et du talc pour soigner mes pieds.

Toujours en solitaire, le lendemain 4 septembre je marchai à travers Saint-Trond. Malgré des cloches aux pieds, j'arrivai dans la soirée au sud de Nethen (± 10 km au sud de Louvain/Leuven). Là, un homme me demanda pourquoi je me donnais tant de peine au lieu de me rendre. Je passai la nuit dans un champ.

Le 5 septembre, marchant à travers la Forêt de Meerdael [Meerdaal Bos], je vis une maison isolée de forestier où je pus trouver refuge et où l'on me mit en contact avec une organisation."

Selon l'appendice C du SPG 939, la femme était seule et appela son fils qui connaissait un peu d'anglais. Ils ne croyaient pas qu'il était aviateur anglais, et il leur montra ses disques et ses cartes. Les gens soignèrent ses blessures et ses pieds et il put prendre un bain. Il eut "sa" chambre pour deux semaines. Le 6 septembre, un autre fils, Marcel ANCIAUX de Nethen en Brabant arriva et le vit par accident. Il avait travaillé dans un réseau. Il alla à Bruxelles et revint avec trois livres en anglais, des cigarettes et un message écrit lui demandant de rester où j'étais, signé "Un Belge qui n'oubliera jamais ce qu'il doit à votre peuple". Il est allé une fois à un match de football à Louvain et a fait quelques promenades à vélo.

Le 21 septembre, Marcel ANCIAUX le conduisit à la maison de deux jeunes femmes à Bruxelles, chez Élisabeth LIEGEOIS et FERAILLE au 16 Rue Vanderhoeven à Saint-Josse. Léonard Pipkin y était déjà. Il est remis à Jean GREINDL et Marguerite VAN LIER.

Le 25 septembre, ils partirent de la gare du Midi pour Paris avec Philipp Freberg, William Randle et Dalton Mounts. Il va loger avec Freberg chez Reine THOMAS au 25 Rue Bapts à Asnières.

Le 3 octobre, il fait le trajet de Paris à Saint-Jean-de-Luz avec le même groupe et le Sqn/Ldr belge Léon Prévot. Ils dorment un nuit à Saint-Jean-de-Luz au 7 Rue Salagoïty (chez Ambrosio SAN VICENTE) et sont guidés en Espagne par Andrée DE JONGH et Florentino GOIKOETXEA.


Mot de remerciement chez Ambrosio San Vicente.

C'est le 25e passage de Comète par la route de Saint-Jean et la Bidassoa.

Tadeusz Frankowski quitta Gibraltar le 25 octobre 1942 et arriva le même jour à Mount Batten en Angleterre (probablement par avion ou hydravion), et il est interrogé à Londres le 26.

Décédé en 1996, Tadeusz Frankowski repose au Blackpool (Layton) Cemetery, dans le Lancashire.


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters