Personne cachée jusqu'à la libération

Dernière mise à jour le 9 mai 2023.

Gordon HAND / 1591980
43 Rosedale Road, Scawsby, Doncaster, Yorkshire, Angleterre.
Né en 1917/18 / † le 6 juillet 2010
Sgt, RAF Bomber Command 432 Squadron, mitrailleur dorsal.
Atterri (comme Robert Banks) "à ± 30 km à l’est de Jeumont, France" (ce qui situe son point de chute dans la région de Laneffe, Somzée, en Belgique…)
Handley Page Halifax B.III, LW594, QO-L, abattu la nuit du 8 au 9 mai 1944, abattu par un chasseur de nuit du IV/NJG4 (Oblt Heinz-Wolfgang Schnaufer) lors d'une mission sur la gare de Haine-Saint-Pierre, Belgique.
écrasé à 03h32 le 9 mai à Grand-Reng près d'Erquelinnes, Hainaut.
Durée : 3 mois ½.
Camps : Fréteval.

Informations complémentaires :

Rapport d'évasion SPG 3348/312. Le récit de son évasion est similaire à celui de Robert Banks et ce qui est rapporté jusqu’à leur arrivée à Paris a été tiré du rapport SPG 3321/2136 de Banks.

De l'équipage de Robert "Rod" Banks qui est parfois cité comme "R.B. Haxton". L’appareil décolle d’East Moor vers 22h30. Après le largage des bombes et juste au moment de quitter la zone de l’objectif, l’appareil est attaqué par le dessous par un Junker 88. Les deux moteurs gauches sont touchés et prennent feu. Les extincteurs ne parviennent pas à maîtriser l’incendie. Le mécanicien Ibbotson dit au pilote Hawkins de se mettre en piqué pour éteindre le feu, mais durant cette manœuvre, le pilote donner l’ordre d’abandonner le Halifax. Trois hommes d'équipage furent tués et sont enterrés au cimetière communal de Gosselies : le pilote P/Off Stanley Allen Hawkins, le mécanicien Sgt Harry Ibbotson et le radio/mitrailleur F/Off William Henry Parkinson RCAF. Deux autres furent faits prisonniers : le navigateur F/Off Alvin Isadore Raetzen et le bombardier Sgt Michael Brian O'Leary, tous deux canadiens.

Gordon Hand atterrit dans un champ dans le Hainaut. Il se trouve dans une ferme voisine lorsqu’il entend la voix de son coéquipier Robert Banks. Les deux hommes se retrouvent donc et, ne parvenant pas à se faire comprendre par le fermier, ils décident de quitter la ferme, d’autant plus que le propriétaire semble apeuré. Ils marchent toute la nuit et, sans s’en apercevoir, passent la frontière belgo-française à un endroit que Banks situe "plein Ouest" de Jeumont (Jeumont étant en France, ce doit donc être plein Est…) Ils passent toute la journée du 10 mai dans un marais et ne se remettent en route qu’à la nuit tombée.

Ils s’adressent ce soir-là à une ferme près de Jeumont. Après leurs explications, la fermière les fait entrer, leur donne à manger et de la bière belge, et leur vend quelques vêtements civils et des chaussures. Ceci permettra à Banks de marcher avec moins de difficultés, d’autant plus qu’il n’avait plus qu’une botte après son atterrissage. Quatre heures plus tard, arrive la fille de la fermière, qui les emmène chez elle. Ils restent là jusqu’au lendemain, la fille leur recommandant de se rendre à un hôtel à Maubeuge, où selon elle, ils pourraient recevoir de l’aide. Ils arrivent aux abords de Maubeuge le 11 mai, mais comme il y a plein d’Allemands là, ils décident d’attendre la tombée de la nuit. Ils frappent à la porte d’une maison à l’extérieur de la ville où les gens les abritent pour la nuit. Ils partent de là le lendemain 12 mai à 6 heures du matin et marchent vers le sud jusqu’à La Capelle où ils rencontrent un Français auquel ils demandent où ils pourraient passer la nuit. L’homme les mène à sa ferme et ils y logent une nuit.

Le 13 mai, ils se remettent à marcher et, empruntant le plus souvent des chemins de campagne, ils passent par Marly-Gomont, Marle, "Clermont" (Clermont-les-Fermes ?) et Fismes pour arriver à Condé-en-Brie. Lorsqu’ils quittent Condé, ils sont appréhendés par des gendarmes qui leur demandent où ils vont. Comme ils sont incapables de s’exprimer correctement en français, les policiers leur demandent leurs papiers. Ils doivent avouer qu’ils n’en ont pas et qu’ils sont Anglais. Sur ce, les gendarmes leur disent de les suivre au poste. Les gendarmes leur disent cependant de les suivre "s’ils le souhaitent" et les précèdent d’environ 300 mètres sur la route de Condé. Comme ils ont l’air amical, les deux aviateurs se décident à les suivre jusqu’à la gendarmerie où on leur donne de l’argent, de quoi manger et boire, les traitant avec respect. Ils restent dormir au poste la nuit suivante et marchent alors jusqu’à Vauchamps, puis Esternay où ils passent une nuit dans une meule de foin. Banks précise que 3 semaines se sont ainsi passées à marcher depuis le crash, ce qui situe leur arrivée à Esternay aux environs de la fin mai.

Banks et Hand se remettent en route depuis Esternay en direction de Villenauxe-la-Grande. A la sortie de cette dernière, un camion s’arrête à leur hauteur sur la route et le chauffeur leur demande où ils vont et s’il peut les y conduire. Banks lui parle dans un français écorché et, comme l’homme paraît vouloir réellement les aider, lui dit qu’ils sont Britanniques. Sur ce, le chauffeur leur dit de monter et qu’il va faire demi-tour pour les mener chez lui à Villenauxe-la-Grande. Les deux évadés, fatigués et avec leurs pieds plein de cloches, acceptent et se retrouvent bientôt chez l’homme, qui leur donne à manger.

Dans son rapport, Banks indique que le lendemain était un dimanche (ce doit donc être le 28 mai) et que, comme il pleuvait, l’homme leur conseille de rester encore un jour chez lui avant de bouger. Le 29, Gordon Hand attrape la fièvre et l’homme contacte un groupe local de Résistance. Selon Banks, deux jours plus tard (donc le 31 mai…), une auto arrive pour les conduire à Provins. A la sortie de Villenauxe-la-Grande, le véhicule est stoppé par deux soldats S.S. qui demandent les papiers. Le chauffeur fait une sorte de cinéma et passe beaucoup de temps à chercher puis montrer finalement les siens, que le contrôle s’arrête là. Le camion peut ainsi redémarrer, au grand soulagement des deux aviateurs qui n’avaient aucun papier d’identité… Le rapport de Banks se termine en disant qu’arrivés à Provins, les Résistants les ont remis à une organisation d’évasion.

Robert Banks et Gordon Hand reçoivent des vélos à Provins et on leur indique la route pour atteindre Paris. On les signale comme arrivés là dans l’appartement d’un ami de Jean AVIGNON de Courtenay dans le Loiret, où ils rencontrent Ronald Emeny.(La liste des Helpers français ne reprend à Courtenay, qu’un seul AVIGNON, mais prénommé Bernard…) Ils traversent tous Paris à pied, et vont dans un parc attendre une blonde nommée "Françoise" (probablement Françoise VANDEVOORDE épouse de Maurice VANDEVOORDE, habitant au 167, Avenue de la République à Fontenay-sous-Bois avec leur fils Bernard, 24 ans). Elle arrive en compagnie du garde républicain Georges PREVOT et avec lui, mène Banks, Hand et Emeny à l'appartement de ce dernier au 20 Boulevard Sébastopol à Paris IVe. Ils y rencontrent Geneviève ROCHER, née DUBOIS et son mari, Jean ROCHER.

Emeny, Banks et Hand restent quatre jours dans l’appartement de Georges PREVOT. Le troisième jour, le Lt Jack Cornett les rejoint et le lendemain, tous sont conduits dans un garage où ils rencontrent Philippe d'ALBERT-LAKE, le gérant parisien de la compagnie maritime P&O. Il les emmène chez lui au 12 rue Danton à Levallois-Perret et ils rencontrent sa femme américaine, Virginia FRANKLIN ROUSH.

Gordon Hand et Robert Banks se trouvent par la suite (on mentionne "le 31 mai", mais il peut y avoir erreur sur la date…) dans l'appartement de Philippe et Virginia d'Albert-Lake, 1bis rue Vaneau à Paris avec Ronald Emeny, Jack Cornett et Thomas Hubbard lorsqu'y arrive Léonard Barnes. Donald Willis se retrouve également là avec les autres.

Georges PRÉVÔT, sa fiancée Raymonde GARIN, Jean ROCHER et son épouse Geneviève, sœur de Georges, ces deux derniers aussi membres du Réseau Bayard (affilié au Groupe Libération-Nord), vraisemblablement dénoncés par le traître Guy de Marcheret alias "Captain Jack", sont arrêtés le 11 août 1944 et tous trois déportés par le convoi quittant Paris le 15 août 1944 à destination de l’Allemagne. Seules Geneviève ROCHER et Raymonde GARIN reviendront des camps. Georges Michel PRÉVÔT, déporté dès le 20 août au camp de concentration de Buchenwald, puis à destination d’Ellrich-Nordhausen sous le matricule 77991. Il tenta de s’échapper du camp de Dora, mais fut rattrapé par des sentinelles allemandes et tué par les chiens lancés à sa poursuite le 6 décembre 1944. Né à Longwy le 8 avril 1918, il avait 26 ans. Quant à Jean ROCHER, 39 ans, il mourra à Dora le 27 octobre 1944.

 
Une plaque a été apposée après la guerre sur la façade du 20 Boulevard de Sébastopol,
à la mémoire de Jean ROCHER et Georges PREVOT.

Cornett, Emeny, Barnes, Willis et Hubbard sont les cinq derniers "colis" passés en Espagne par Comète.

Philippe d'ALBERT-LAKE n'ayant pu obtenir que 5 tickets de train pour Bordeaux, Banks et Hand sont forcés de rester à Paris, et des arrangements sont pris pour les diriger plutôt vers un camp au Sud-Ouest de Paris (Fréteval).

Banks et Hand arrivent donc dans la région de Cloyes-sur-le-Loir, en route vers les camps de la Forêt de Fréteval. Ils logent dans la maison de René JACQUES, responsable SNCF, située au passage à niveau n° 103 avant d'être menés le 9 juin au camp de Bellande. Ils seront libérés le 13 août 1944 par des troupes américaines.

Après le camp 1, Gordon Hand rejoint le camp 2 de Fréteval à Richeray et aide à sa construction.


Gordon Hand – Camp de Fréteval – été 1944

Ils seront libérés le 13 août 1944 par des troupes américaines. Avec Robert Banks, Gordon Hand est conduit en bus jusqu’à Bayeux, quitte la France en avion le 18 août à destination de Northolt, Angleterre. Il est interviewé par le MI9 le lendemain.


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters