Personne cachée jusqu'à la libération

Dernière mise à jour le 14 juin 2019.

Joseph Patrick HEALEY / R179472
155 D 11521, Stanislas Street, Cartierville, Montréal, Québec, Canada.
Né le 21 décembre 1921 Middlesborough, Yorkshire, Angleterre / † le 16 novembre 2006.
Sgt RCAF (engagé à Montréal en 1942), RAF Special Operations 138 Squadron, mitrailleur.
Lieu d'atterrissage : atterrissage forcé sur un champ en bordure de la Sint Corneliusstraat à Larum, près de Geel, province d'Anvers, Belgique.
Handley Page Halifax Mk II, LW281, NF-W, abattu par la Flak de Herentals dans la nuit du 18-19 octobre 1943, lors de la mission "Badmington/Rugger" vers "Muskat 3/4"..
Atterrissage forcé à Larum, près de Geel, province d'Anvers.
Durée : 10 mois ½.
Camps : maquis de Falemprise.

Informations complémentaires :

Rapport d'évasion SPG 3323/2441.

Ayant décollé de Tempsford, le Halifax est touché par la Flak légère d'Herentals durant une mission S.O.E. (parachutage de deux agents hollandais, "Apollo" et "Brutus") et le pilote est contraint de faire un atterrissage forcé.

Dans le même équipage, outre Joseph Healey, les aviateurs et agent suivants éviteront également la capture : Sqn Ldr Cyril Passy, pilote ; F/Off Geoffrey Ward, bombardier ; Fl/Sgt John Grout, radio ; Geoffrey Madgett, navigateur ; Ashley Bruce, mécanicien de bord ; Fl/Sgt Kenneth Rabson, dispatcher ; P/Off Reginald Mantle, mitrailleur et Johan Van Schelle (un des deux agents néerlandais). Seul le Ashley Bruce sera fait prisonnier et interné aux Stalag 4B à Muhlberg et Luft 3 à Sagan, Pologne.

Joseph Healey, blessé à l'épaule et à une jambe, part avec l'agent Johan Van Schelle. Ils marchent durant trois heures avant que Van Schelle, devant poursuivre sa mission et rejoindre la Hollande, se voie forcé de l'abandonner.

Resté seul pendant quelques jours, désespéré, Healey trouve une famille de fermiers à Krabble [Grobbedonk ?], près de Pulle, qui le nourrissent et lui cherchent un refuge. Plus tard, deux jeunes hommes, Renaud de CHANGY et Hervé VAN WERVE arrivent et lui proposent leur aide. Après un court séjour dans la maison de VAN WERVE, Renaud de CHANGY le mène à la maison de sa mère à Bruxelles où il reste caché quelques jours. Il est ensuite mené à la demeure des de CHANGY, le château d'Envoz, 1 Drève d'Envoz à Couthuin-Héron, où il reste environ une semaine.

Après avoir été transféré dans une maison à Java-Wanze, il est pris en charge par le Cdt Philippe de Pret Roose de Calesberg (1908-1983) au château de Pret à Fallais (en Hesbaye) où il est traité comme quelqu'un de la famille. Il est caché là pendant un mois environ, en même temps que Antoine d'URSEL "Jacques Cartier" mais sans se rencontrer, avant d'être convoyé à Charleroi le 3 décembre 43 par Simone GAZET pour y rencontrer Henri et Marie MACA. Dans ce même château vit clandestinement SAR le prince Charles de Flandre, futur Prince Régent du pays.

A Charleroi, il reste chez Mme Élise CAËLS Vve Arthur HUBEAUX au 74 Rue de Couillet à Marcinelle du 5 au 18 décembre, tandis que ses faux papiers sont confectionnés. Il part ensuite pour Bruxelles, guidé à nouveau par Simone GAZET le 18 décembre et remis à Marie MACA. Il est hébergé par Mme Georges HOYAUX (Clotilde TARTE) au 21 Boulevard Poincaré à Anderlecht du 30 décembre au 23 janvier (selon une déclaration de Clotilde TARTE), convoyé par Marie MACA. Joseph Healey figure dans la liste des aviateurs hébergés par Yvonne MEUNIER-LACHAPELLE et sa fille Madeleine, 16½ ans, au 2 Avenue du Blankedelle à Auderghem. On l’y renseigne comme y ayant logé pendant 23 jours, sans précision de dates. Selon des informations du chercheur canadien Michael LeBlanc, il y serait resté du 31 décembre 1943 au 23 janvier 1944. Le n° 2 de l'Avenue Blankedelle faisait le coin avec le n° 110 de la Rue de l’Homme de Bien et les MEUNIER y tenaient un café. Ces deux rues ont été rebaptisées après la guerre en l’honneur de résistants morts en captivité et sont devenues respectivement, l’Avenue Charles Schaller et la rue Albert Meunier (Albert étant l’époux d’Yvonne et le père de Madeleine - arrêté le 14 juillet 1942 ; décapité à Wolfenbüttel, Allemagne, le 14 juin 1944).


Mots de remerciement dans le carnet de Madeleine Meunier (le 18 janvier 1944)

Il attend que l'on organise son départ prévu pour l'Espagne le 4 janvier 1944. Les événements se précipitent suite à l'arrestation de Raymond ITTERBEEK et à 3 heures du matin, le 4, Henri MACA arrive en trombe chez HOYAUX pour dire à Healey de ramasser ses affaires et de s'enfuir par la porte arrière pour aller se cacher à quelques rues de distance. Il s'exécute (oubliant dans sa précipitation d'emporter ses chaussettes et ses chaussures), tandis qu'Henri MACA prévient sa logeuse Mme HOYAUX, née Clotilde TARTE.

Un peu plus tard, Henri le retrouve en rue et le mène à la maison de son père.

Dans son rapport d'évasion, Charles Higgins indique que lui-même, Elmer Gilcrease "et un aviateur canadien "Joe" (= Joe/Joseph Healey, la présente fiche) ont logé 4 ou 5 jours chez une Luxembourgeoise mariée à un Américain, et dont le fils (identifié : Victor J. Palmer) servait dans le corps des U.S. Marines. Il s'agit de Mme Eugénie JAANS, épouse (divorcée) de l'Américain Thomas PALMER et qui habite avec sa sœur Suzanne au 20 Boulevard Général Jacques à Ixelles "dans un des immeubles les plus élevés de Bruxelles, en face de la Gestapo". De l'arrière de cette "Résidence La Cambre" on pouvait en effet apercevoir en face l'immeuble de la Gestapo au 453 de l'Avenue Louise, qui avait été mitraillé par Jean de Sélys Longchamps en janvier 1943. Le rapport d'activités d'Eugénie PALMER-JAANS mentionne qu'elle a reçu Healey de Henri MACA, qu'elle a hébergé cet aviateur pendant "10 jours" en janvier 1944 et qu'elle l'a ensuite remis à Simone SCHREYEN.


"dans un des immeubles les plus élevés de Bruxelles, en face de la Gestapo"

De là, Healey est renvoyé à Charleroi, d'où il est passé à des gens dans la région de Wavre. Il apprend que la Gestapo avait son nom et sa photo et que, plutôt que de risquer de le faire partir vers l'Angleterre via l'Espagne, on envisage de le placer dans un groupe de résistants du maquis de Falemprise, près de Cerfontaine au Sud de Walcourt, où ses capacités en transmissions et communications seraient très utiles.

Début février 1944, Healey est ainsi amené de Bruxelles à Boussu par Émile PECRIAUX ("Frère Materne", de Walcourt) et remis à Walter NEUVILLE de Boussu-lez-Walcourt qui l'installe au maquis de Falemprise.

C'est à cette période qu'il rencontre Charles Warren, Gerald Dechambre, Andrew Torok et Howard Gebert, ainsi que d'autres évadés qui se trouvaient dans le même cas que lui.

Quelques jours plus tard, Walter NEUVILLE le place chez Marie LOUWAGE et son fils Raymond à Boussu-lez-Walcourt où il reste huit jours. Healey rencontre ensuite Armand LIGOT (du 4 Rue de Fraire à Walcourt), chef de section du maquis, qui l'héberge un temps avant qu'il le fasse rejoindre les maquisards dans les bois. Healey sera actif avec eux pendant quatre mois jusqu'à la libération de la région le 15 septembre 1944. Il sera l'opérateur du S-Phone durant les missions de largages de containers pour ce maquis.

Alors qu'il voyage en train en vue de retrouver certains de ses helpers pour les remercier, Healey est appréhendé par des MP qui l'arrêtent comme déserteur. S'étant expliqué, il est rapatrié par avion en Angleterre le 17 septembre 1944.

Merci à Michael Leblanc pour ses informations.

Merci à M. Hugo Clockaert (veuf de Madeleine Meunier) pour la photo de la dédicace.

A l’invitation de Chris Van Kerckhoven de Geel, qui avait fait des recherches sur l’emplacement du crash, Joseph Healey et Tigger Passy, le fils de Cyril Passy, vinrent en Belgique en mai 2000. Une station de TV régionale a filmé le groupe et interviewé Joseph Healey à l’endroit du crash le 15 mai 2000.


La vidéo de cette émission est visible à http://www.youtube.com/watch?v=jU9k157Ic78


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters