Personne capturée durant son évasion

Dernière mise à jour le 5 février 2020.


Robert James HOKE / O-673572
55 West River, Ilion, Herkimer County, Etat de New York
Né à Herkimer, New York, le 4 mars 1915 / † le 23 juillet 1983 à Norwich, Etat de New York
2nd Lt, USAAF 388 Bomber Group 563 Bomber Squadron, navigateur
atterri près de Duffel, au nord de Malines / Mechelen, Belgique
Boeing B-17G Flying Fortress (Forteresse Volante), n° série 42-30202, Q-?, abattu par la Flak et achevé par Hans Walter Sander du 8./JG26 lors de la mission du 30 juillet 1943 sur Kassel.
Écrasé près de Berlaar, du côté de Broek Els, au sud-est de Lier, Prov. d'Anvers
Durée : 7 semaines
Arrêté le 15 avril 1944 à Anvers (fausse ligne KLM - René Van Muylem)

Informations complémentaires :

Rapport de perte d'équipage MACR 3125.

L’appareil décolle de Knettishall et doit effectuer des manœuvres pour se positionner dans la formation, dont certains appareils doivent la quitter pour problèmes techniques ou autres. C’est le cas également pour le 42-30202 et sur le vol du retour, l'appareil est touché par la Flak à hauteur d'Anvers. Le moteur n° 2 est en feu et les flammes s’étendent jusqu’à l’arrière. Voyant la tournure des événements, le copilote Billy Hooker, qui à ce moment avait pris le relais de son pilote, le Fl/Off Earl E. Pickard, donne l'ordre d'évacuer. Tous les hommes sautent à hauteur de Rijmenam / Putte, près de Malines. Pickard sera fait prisonnier comme huit autres membres de son équipage. Parmi ceux-ci, trois parviendront un temps à échapper à la capture, le navigateur Robert Hoke (la présente fiche), le bombardier Wallace Soderberg et le mitrailleur arrière Donald Boyd. Les autres sont l’opérateur radio T/Sgt Walter E. Togel, le mitrailleur dorsal T/Sgt Orville W. Lewis, le mitrailleur gauche S/Sgt Ralph T. May, le mitrailleur dorsal S/Sgt Sam H. Tucker Jr, ainsi que le mitrailleur droit S/Sgt Harlan C. Oakberg. Seul le copilote Billy Hooker réussira son évasion.

Selon un rapport dans les archives de la NARA (RG 319 / NM3 81 – NND 746001), Robert Hoke a marché vers le Sud pendant 1 heure avant d’être pris en charge par un fermier, qui l’aide à se cacher dans un bois avant de lui amener une dizaine de personnes pour le voir. Le fermier, identifié comme étant Albert VAN DEN EYNDE, de Duffel, lui dit qu’un homme parlant l’anglais viendrait le voir le lendemain. Hoke passe la nuit dans des broussailles et au matin, le fermier lui apporte de la nourriture. Le rapport de Hoke mentionne que le fermier lui a remis une somme d’environ 500 francs et que du 30 au 31 juillet dans l’après-midi, Elisabeth PEETERS (fille de Frans PEETERS, 22 Zijpstraat à Duffel) lui apporte également un peu de nourriture. Dans la soirée du 31 juillet, arrive d’Anvers Edgar VANDENNIEUWENHUYSEN (du 30 Leopold de Vriesstraat à Berchem-ANTWERPEN) qui lui paraît ne pas savoir quoi faire de lui. Edgar lui donne des vêtements, amenés par sa fille et son fiancé. La fille teint en noir les chaussures de Hoke et on lui procure un vélo. VANDENNIEUWENHUYSEN et Hoke roulent alors ensemble vers Anvers. Arrivés dans les faubourgs, ils rencontrent un homme d’environ 30 ans (± 1m70, robuste, lunettes) que le fiancé avait vraisemblablement contacté. L’homme (identifié à la fin du rapport de Hoke) est Jean MOENAERT, du 46 Hendrik Kuypersstraat à Mortsel/Antwerpen. MOENAERT mène Hoke à peu de distance dans une maison lui appartenant et qu’il n’occupe que l’été. Hoke y reste seul la nuit suivante, l’épouse de VANDENNIEUWENHUYSEN lui faisant parvenir de la nourriture.

Le 1er août, MOENAERT revient et Hoke et lui roulent à vélo jusque chez Mme "Degrèves" (en fait DEGREVE-RUWET, épouse ou veuve de Guillaume) au 46 Rysheuvelsstraat à Berchem/Antwerpen. Là, il se restaure à midi et au soir et reçoit la visite dans l’après-midi d’un autre Anversois (Henri TERRYN, du 67 Rysheuvelsstraat à Berchem/Antwerpen) qui lui demande des renseignements sur son équipage, de manière à aller vérifier ses dires auprès de son chef à Bruxelles. Selon le rapport de Hoke, cet entretien s’est déroulé au Century Hotel à Anvers. MOENAERT repasse à Berchem le même jour avec une fausse carte d’identité et le mène loger chez lui à la Hendrik Kuypersstraat à Mortsel. Le 2 août, après avoir pris son petit déjeuner chez Mme DEGREVE, y arrive Henri TERRYN, qui va guider Hoke jusqu’à Bruxelles. [Henri TERRYN sera arrêté à Berchem le 27 mars 1944, déporté en Allemagne par le convoi du 12 août et mourra le 19 janvier 1945 au camp de concentration de Flossenburg]. Hoke et TERRYN arrivent chez Mme HARDY (née Édith BAGSHAW - et selon le rapport de Hoke, portant le nom de guerre "Mme Mercier") au 54 Rue Théodore Roosevelt à Schaerbeek. Le Sgt RAF Allan Poulton s’y trouve à son arrivée et déclare à Hoke que, vu des arrestations dans la ligne, il devrait attendre quelques semaines avant de bouger. Hoke reste deux nuits chez elle. Il est ensuite conduit en même temps que Poulton par Louis THIRYN chez son père Éleuthère THIRYN, représentant de commerce, au 328 Rue du Noyer à Schaerbeek, où Poulton et lui logent une nuit. Poulton reste chez les THIRYN, tandis que Hoke retourne ensuite pour un jour et une nuit chez Mme Edith HARDY-BAGSHAW, qui le remet ensuite à Mlle Mariette GORLIA. Celle-ci l'héberge du 5 août 43 au 6 janvier 44 au 2 Rue de la Longue Haie à Bruxelles. Durant ce séjour, Hoke se rend parfois chez les THIRYN à Schaerbeek, quelques fois pour un jour, une fois pour une semaine. Poulton passe parfois chez Melle GORLIA et reste quelques jours là avec Hoke. Ce dernier précise que le 6 août, un médecin était passé chez GORLIA pour soigner son rhume. Melle GORLIA va chercher les médicaments prescrits et Hoke, alité, revoit encore une fois le médecin par la suite (le rapport mentionne "ED. CONVENT, rue St Henri ?" et il se vérifie à la liste des Helpers belges et dans l’Almanach de Bruxelles pour 1939, qu’il s’agit bien du Docteur Edmond CONVENT, 70 Rue Saint-Henri à Woluwé-Saint-Lambert.)

Lors d’une descente de la Gestapo le 22 janvier 1944 chez les THIBAUT, Hoke et Raoul THIBAUT parvinrent à s'enfuir par l'arrière de la maison. Odile de Vasselot rapporte également l'incident dans son livre "Tombés du Ciel" pages 163-4 sans cependant nommer Hoke.

Hoke précise que durant son séjour chez Mariette GORLIA, une jeune fille juive ("FIDETTE") sert de messagère pour Edith HARDY et passe de temps en temps. Il ajoute que Louis THIRYN portait également des messages et servait de guide. Hoke mentionne qu’il a été invité de temps en temps chez Louis et son épouse Christiane au 60 "rue" des Cerisiers (en fait, Avenue des Cerisiers à Woluwé-Saint-Lambert) et que Poulton s’y trouvait plus souvent que lui. Mariette GORLIA et Edith HARDY fournissent des vêtements à Hoke, dont entre autres l’un des pardessus du mari de Mme HARDY. Christiane THIRYN se chargeait de l’approvisionnement en tabac et Mariette GORLIA lui obtint un chapeau venant de chez Mme BALIEUX (Anne Irène RADERMACKERS, veuve de Frédéric BALIEUX) du 87 Boulevard de Waterloo, qui elle-même avait hébergé Poulton pour 8 ou 10 jours…

Selon Hoke, en novembre 1943, le pilote de la RAF Sgt Vincent Horn entre dans le groupe aidé par Édith HARDY. Hoke, Poulton et Horn fêtent Noël chez Eleuthère THIRYN, chez qui Hoke logera seul du 24 décembre au 1er janvier environ. Entretemps, selon Hoke, il avait rencontré "Bill l’avocat" (?), d’Anvers, dont il pense qu’il était membre de l’organisation… THIRYN avait rencontré un contact le 24 décembre et au cours de la semaine suivante, ce contact, "Mr Jules", passe chez THIRYN pour questionner les aviateurs. Il s’agit en fait de Jules DRICOT, chef guide de Comète depuis peu et qui sera arrêté en janvier et mourra en déportation en Allemagne en avril 1945. Hoke retourne loger chez Mariette GORLIA, qui le conduit le 6 janvier chez THIRYN. Jules DRICOT les y rejoint et conduit Hoke, Poulton et Horn jusqu’au Cinquantenaire à Bruxelles où "Michou" (Aline DUMONT) vient à leur rencontre. "Michou" et un/une autre guide emmènent alors Hoke et Horn, déposant Horn à une adresse et Hoke chez un jeune couple avec un bébé. Après ½ heure, Mme Octavie DEBRUYNE arrive et mène Hoke chez Raoul et Marie-Rose THIBAUT, au 134 Avenue du Diamant à Schaerbeek. Hoke reste là du 6 au 22 janvier, période pendant laquelle Jules DRICOT passe le voir, de l’aide étant apportée par Marguerite, la femme de ménage de Mme DEBRUYNE.

Lors d’une descente de la Gestapo en début d’après-midi le 22 janvier 1944 chez les THIBAUT, Hoke et Raoul THIBAUT, alertés par Marguerite, parvinrent à s'enfuir par l'arrière de la maison, passèrent par le jardin du voisin, Monsieur DOM au 132 pour arriver dans une droguerie (HOEBANCX ?) où une coupure à la main de Hoke fut soignée. Mme THIBAUT avait jeté la valise de Hoke contenant ses papiers dans le jardin de Mme DOM qui s’empressa de la cacher. Odile de Vasselot rapporte également l'incident dans son livre "Tombés du Ciel" pages 163-4 sans cependant nommer Hoke. Hoke et THIBAUT vont alors chez Adrien ALSTEEN et Marguerite DE SCHRIJVER au 24 Avenue Gustave Latinis à Schaerbeek (un magasin Delhaize Le Lion), où ils restent loger la nuit et où Charles HOSTE (de EVA) vient les voir et les interroger.

Le dimanche 23, Charles HOSTE, qui était venu auparavant, amena un docteur et un photographe chez ALSTEEN. Hoke indique que passa également là l’aviateur américain John Bradley, qui logeait chez Joseph HOEBANCX (voir ci-dessous). Ce dernier procure des chaussures, une écharpe et un béret à Hoke. Au soir du 23, HOSTE conduit Hoke chez Albert Louis FRANÇOIS et Laurence VANDERBORGHT au 40 Rue Pierre Mattheussens à Evere, chez qui Hoke déclare avoir logé jusqu’au 25 février. Hoke déclare que durant son séjour chez FRANÇOIS, "Hubert" (Jean PORTZENHEIM), dont le rôle était de rendre visite aux évadés et s’enquérir de leurs besoins, lui rend visite une ou deux fois par semaine pour lui apporter du tabac et des articles divers. Selon Hoke, c’est le 25 février que PORTZENHEIM lui apporte un manteau et le conduit chez Joseph HOEBANCX et Alice VAN ELDERS au 30 Rue Guillaume Kennis à Schaerbeek, où Joseph tenait une droguerie. Ceci contredit une mention dans le dossier EVA selon lequel Charles HOSTE aurait repris Hoke "le 7 février" chez FRANÇOIS pour le conduire chez Joseph HOEBANCX et Alice VAN ELDERS…

Charles HOSTE déclare que J. VAN RYN (du 25 Avenue Gustave Latinis à Schaerbeek) a participé au sauvetage (comme guetteur) de Edward Cobb et Hoke chez les HOEBANCX. Hoke et Cobb y sont régulièrement visités par PORTZENHEIM et Mme ALSTEEN leur apporte tabac et nourriture. Suite à un contact établi par PORTZENHEIM, Hoke indique que ce dernier l’a mené vers le 17 mars auprès d’un homme qui l’a guidé seul jusqu’à une petite clinique privée près de la Place Eugène Flagey à Ixelles (ce pourrait être l’ancienne Clinique de la Charité Maternelle au 39 Rue Malibran, démolie depuis). Hoke y est reçu par le directeur et remplit un formulaire dans son bureau avant d’être amené au domicile du directeur juste à côté où Hoke rencontre un Flight Officer, bombardier américain caché là… et qu’il reverra plus tard en prison à Anvers.

Le 25 mars, la maison de HOEBANCKX est l’objet d’une descente des Allemands et ces logeurs sont arrêtés par la Gestapo. Heureusement, l'agent de police Joseph VAN DER ELST (du 41 Rue Portaels à Schaerbeek) avait été chargé de prévenir les aviateurs qu'ils allaient être enlevés dans la nuit du 24 au 25 mars 44 par Charles HOSTE et René WARNY. Hoke et Cobb échappent donc de justesse à l’arrestation. Ce ne sera pas le cas de Joseph HOEBANCKX, qui sera interné à la Prison de Saint-Gilles avant d’être envoyé en Allemagne au camp de Buchenwald par le convoi du 8 mai 1944 (prisonnier n° 48917). Il survivra et rentrera en Belgique en 1945.

HOSTE signale avoir conduit Hoke chez Adrien ALSTEEN le 25 mars (dans son rapport, Hoke précise que Cobb et lui y ont été menés dans la soirée du 25 par HOSTE ainsi qu’Adrien ALSTEEN et un autre homme, qui doit être René WARNY…) Hoke poursuit : Après une nuit chez ALSTEEN, Hubert (PORTZENHEIM) vient y chercher Hoke et Cobb pour les conduire le 26 mars chez Mme Maurice DEVOS, 80 Rue Commandant Ponthier à Etterbeek [La liste des Helpers belges reprend Constance DE VOS, à cette adresse, l’Almanach de Bruxelles pour 1939 reprenant l’orthographe Mme de VOS, propriétaire de la maison]. Dans son propre rapport, HOSTE déclare que c’est lui qui a repris Hoke et Cobb chez ALSTEEN le 26 avec René WARNY. Hoke et Cobb sont renseignés comme sortis de l’organisation EVA le "16 avril 1944".

Dans son rapport, Hoke précise que Cobb et lui sont restés chez Mme de VOS jusqu’au 10 avril. Ce jour-là, Hubert (PORTZENHEIM) vient les chercher et les confie en cours de route à Jeanne VAN TUYKOM ("Jacqueline") du 2 Rue Martin Lindekens à Woluwé-Saint-Pierre. Jeanne les mène à la Gare du Nord, mais comme un bombardement avait coupé la ligne vers Anvers, le voyage ne peut se faire et elle guide Hoke et Cobb jusque chez elle pour les loger jusqu’au 15 avril. Jeanne leur apprend qu’elle avait également hébergé auparavant le copilote de Hoke, Billy Hooker. Elle remet de nouveaux faux documents d’identité à Hoke et Cobb. Un après-midi durant leur séjour chez Jeanne, elle les conduit chez Gustave (Gustaaf) et Louise VAN KERKVOORDE au 172 Rue François Gay à Woluwé-Saint-Pierre où les deux hommes prennent un repas. Hoke indique que le couple avait logé plusieurs autres évadés.

Le samedi 15 avril, PORTZENHEIM et Jeanne VAN TUYKOM conduisent Hoke et Cobb en ville, d’abord dans un café en face de la Gare du Nord où ils rencontrent un homme et sa femme, qui devaient les conduire à Anvers. Hoke mentionne Marcel DAELEMANS, du 15 Oranjestraat à Anvers. La liste des Helpers belges reprend Marcel C. C. J. DAELMANS à cette adresse. Arrivés à Anvers, dans un café près de la gare, le couple remet Hoke et Cobb à René VAN MUYLEM (que Hoke ne pourra identifier que plus tard sur base d’une photo de ce collaborateur). VAN MUYLEM guide les deux aviateurs autour du bloc de bâtiments et les confie à un homme (27 ou 28 ans, mince, environ 1,75m, cheveux foncés, nommé "Pete"). Ce Pete les guide dans la soirée vers un appartement proche de la gare, leur disant qu’ils partiraient cette nuit en voiture vers la frontière française. Vers 21h00, deux hommes arrivent avec une bouteille de cognac. L’un était âgé d’environ 50 ans, chauve, parlant l’anglais, l’autre, plus jeune, de taille moyenne, les cheveux blond roux. Ces hommes commencent à les interroger (Hoke reconnaîtra plus tard l’un d’entre eux dans une gare à Bruxelles, cette fois revêtu d’un uniforme de la Luftwaffe) et vers 22h00 arrive un autre homme (qui s’avérera plus tard être un Feldwebel-sergent de la GFP-Geheime Feldpolizei). L’homme fait monter Hoke et Cobb dans une voiture où se trouve déjà le chauffeur. Après avoir roulé 5 minutes, la voiture fait un virage abrupt et rentre dans le bâtiment de la Police de la Luftwaffe (Belgiëlei ?).


Extrait du rapport KU575 concernant le transfert de la Prison d’Anvers à Bruxelles le 21 avril 1944 de Hoke et Cobb,
ainsi que Osborn, Jernigan et Merkley (RCAF) qui ont également leur page sur ce site.


Document donnant les noms de prisonniers RAF et USAAF partis le 14 juin 1944 de Bruxelles
vers le Centre d’Interrogation de la Luftwaffe à Oberursel, près de Frankfurt,
où ils sont enregistrés le 6 juillet (Hoke est le n° 27)

Après un séjour à la Prison d’Anvers, Robert Hoke passera par la Prison de Saint-Gilles à Bruxelles, avant d’être transféré en Allemagne puis interné au Stalag Luft 3 à Sagan/Zagan, Pologne.

Robert Hoke reste dans l’Air Force après la guerre. Décédé en 1983, il repose au Saint Pauls Cemetery à Norwich, Chenango County, New York.


(c) Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters