Personne passée par Comète via les Pyrénées

Dernière mise à jour le 23 janvietr 2023.

Donald Keith MacGILLIVRAY / R152382
765 Fourth Avenue, Niagara Falls, Ontario, Canada
Né le 15 septembre 1921 / † le 11 février 2005 à London, Ontario, Canada
Fl/Sgt RCAF, RAF Bomber Command 428 Squadron, bombardier
Atterri entre Best et Veldhoven, au nord-ouest d’Eindhoven, Pays-Bas. Handley Page Halifax MkII, LK956, NA-S, abattu dans la nuit du 19 au 20 novembre 1943 par la Flak au retour d'une mission sur Leverkusen.
Écrasé le 19 novembre vers 20h15 à Olen / Son, à environ 10 km au nord-est d’Eindhoven, Province de Noord-Brabant, Pays-Bas.
Durée : 5 semaines
Passage des Pyrénées : le 4 janvier 1944

Informations complémentaires :

Rapport d'évasion SPG 1697 (complet).


Donald MacGillivray à l’entraînement.

Donald MacGillivray à l’extrême gauche
(photo également transmise par sa famille qui n’a pu identifier les autres figurant sur le cliché…)

Le Halifax décolle de Middleton St George à 16h06 le 19 novembre. Au retour de la mission, il est touché par la Flak au-dessus de Bonn, le pilote ne peut plus actionner le gouvernail et perd le contact avec la formation. A nouveau atteint à hauteur d’Aachen / Aix-la-Chapelle, le pilote ne donne l’ordre de quitter l’avion que lorsqu’ils survolent déjà la Hollande.

Le pilote, Harold Shepherd parviendra d’abord à s’évader, mais sera arrêté à Bruxelles le 26 janvier 1944 et détenu à la prison de Saint-Gilles jusqu’au 22 mars avant d’être envoyé en Allemagne. Trois autres hommes seront fait prisonniers : le mécanicien Sgt J. M. C. Walker, le navigateur F/O D. R. Knight (RCAF) et l’opérateur radio Sgt S. J. Stevens.

Outre Donald MacGillivray (la présente fiche), deux autres hommes pourront réussir leur évasion : Norman Michie et Stanley Munns.

Donald MacGillivray atterrit le 19 vers 19h45 dans une haie en périphérie du Fliegerhorst Eindhoven, un de la Luftwaffe, au Nord-Ouest de Eindhoven, d'où un chasseur Me110 est occupé à décoller. Il abandonne son parachute coincé dans des barbelés et cherche à passer en dehors de l'enceinte avant de se cacher dans un fossé. Puis, s'aidant de sa boussole, il se dirige vers le Sud-Ouest à travers champs et arrive à une route où il doit se cacher d'un cycliste. Il reprend sa route et arrive à une ferme, où un homme allume une fois une torche avant d'entrer dans la ferme. L'aviateur décide de le suivre, croyant que l'homme essayait d'attirer son attention. C'est le fils du fermier, qui lui donne une tasse de thé avant que Donald s'endorme dans un fauteuil, certain de se trouver en Hollande et non en Allemagne. Le fils va chercher un homme qui lui donne un message écrit de Walker, son mécanicien, dans lequel il dit qu'il est prisonnier. Voilà moins d'une heure qu'ils ont sauté.

On fait dormir MacGillivray dans un lit au grenier, avec d'autres membres de la famille. Le 20 au matin, on lui donne une salopette, une casquette et des souliers. Il reçoit encore une carte, un peu de monnaie argentée et on lui montre la meilleure route à suivre, le long du canal, vers Tilburg. Ces fermiers sont manifestement nerveux, craignant l'arrivée de soldats Allemands dont ils lui disent qu'il y en a beaucoup dans cette zone proche d'un aérodrome.

Il part donc seul à 6 heures du matin, marchant jusqu'au Canal Wilhelmine, avant d'atteindre Best. Il suit les indications routières, passe au Nord du Canal et marche vers l'Ouest, n'osant aller se désaltérer au canal, trop de monde y naviguant. Il arrive à Tilburg vers 17h30 et se rend à la gare. Il y a tellement d'Allemands qu'il se demande s'il parviendra à voyager par train. On lui avait conseillé de prendre un train vers Turnhout, mais ne voyant pas de trains au départ vers cette destination mais seulement quelques bus, il se décide à poursuivre sa route à pied. Avant de quitter Tilburg, il est interrogé par un homme qu'il croise et auquel il répond qu'il est de la RAF. L'homme le fait entrer chez lui, va chercher un autre homme, qui a un dictionnaire d'anglais et ils examinent ensemble sur une carte comment rejoindre au mieux Turnhout.

MacGillivray dort dans une chambre prêtée par ces gens la nuit du 20 au 21 novembre. Le 21 au matin, son hôte et son fils le conduisent dans une ferme à Goirle, où on lui donne une adresse où se rendre à Poppel, en Belgique. Deux prêtres viennent le voir au soir, lui expliquent comment passer la frontière, et il note deux adresses à Poppel (dont celle d'un maréchal ferrant du nom de VAN BEURDEN, qui le conduirait chez un "Jean"). Le 22, un des curés lui annonce que cette adresse n'est plus valable suite à des arrestations et lui donne 25 francs belges en lui conseillant finalement de tenter sa chance seul.

Donald quitte la ferme à 08h00 h du matin, traverse des bois à la boussole et atteint Poppel. Il est trop tôt pour prendre les trains conseillés et il continue donc sa marche, traversant Weelde. A 10h30, deux jeunes Belges le dépassent à vélo et s'arrêtent à 200 m de lui. Il répond à l'un des deux qu'il est Anglais et les hommes l'emmènent à leur ferme, d'où son évasion est alors organisée.

Le fermier (Laurent SWANNE de Weelde) va prévenir quelqu'un, puis un ex-sergent major belge (Gustaaf WAUTERS, de Turnhout, chef provincial du MNB/BNB et lieutenant ARA au réseau Mill) vient le prendre à Turnhout pour l'amener chez lui où il loge du 22 au 23 novembre. Le 22 au soir, l'aviateur remplit un Form E (Evasion) et donne trois photos d'identité de son kit d’évasion.


Le lendemain (23 novembre), la belle-sœur du "chef" (Estelle, Marie, Clara PEERAER, adjudant ARA au réseau Comète) le conduit en tram à Anvers, puis en train électrique à Bruxelles, portant ses plaquettes d'identité dans sa mallette. Elle le conduit chez elle au "7 ou 17 rue Albert", où son mari tient une épicerie. Un juif allemand réfugié de Hambourg y loge déjà, et il partage sa chambre avec lui du 23 au 24 novembre. Les détails repris au rapport d’évasion E&E 119 du major américain Clifford Cole qui avait déjà logé chez Joseph PEERAER au 12 Avenue Albert à Forest-Bruxelles au début septembre nous confirmer que c’est chez ce PEERAER que MacGillivray loge la nuit du 23 novembre, Cole ajoutant que le réfugié allemand, échappé d’un camp de concentration, s’appelait "Charles".

Le 24, MacGillivray rencontre un policier qui emporte son Form E, revient dans l'après-midi pour lui remettre des faux papiers avant de le conduire chez Georges, un coiffeur habitant trois pâtés de maisons plus loin. Le 25, ce policier vient le chercher là pour le faire rencontrer "Lilly" (Aline DUMONT), qui lui raconte qu'elle est en grand danger et qu'elle change d'adresse tous les jours. En cours de route, Donald avait rencontré un Australien, Noel Parker et en arrivant chez "Lilly" découvre aussi un Américain appelé Bob (Robert Grimes), qui avait la jambe bandée et logeait là depuis quatre semaines déjà. Ils se trouvent donc chez Hélène CAMUSEL, au 160 Rue Marie Christine à Laeken. Aline DUMONT conduit ensuite MacGillivray et Parker à un autre endroit, à l'Ouest de Bruxelles. MacGillivray passe ainsi chez René-Pierre PIRART et son épouse Florentine au n° 8 de la Rue des Tournesols à Anderlecht pour être logé en face de chez lui au n° 7 chez Maria BAL épouse d'Auguste MARIE.

Mac Gillivray reste dans cette nouvelle cachette jusqu'au 10 décembre. Le 6, au départ des deux autres aviateurs, il se passe quelque chose dans le réseau. Grimes et un autre Américain sont conduits chez les logeurs de Parker, qui revient chez CAMUSEL où loge toujours MacGillivray. Aline DUMONT dit à MacGillivray que quelqu'un du réseau les avait trahis à la Gestapo. Une autre personne lui annonce ensuite que le traître (un homme dont le pseudo était "Williams") a été abattu. Les deux Américains, en face dans la rue, sont bruyants, et comme leur voisine est l'épouse d'un employé du travail obligatoire, le risque est trop grand et le 10 décembre on envoie MacGillivray, Parker et les Américains, loger dans un autre quartier, chez un certain Henri.

Le 11 décembre, MacGillivray est déplacé chez Mme Amélie LOOD, veuve GUYAUX, au 748 Chaussée Romaine à Wemmel. Parker l'y rejoint le 12 décembre, mais ils doivent partir le 23 car cette veuve doit quitter sa maison pour aller en visite chez sa sœur pour Noël. Les hommes vont alors loger chez une autre veuve jusqu'au 27 décembre 43, jour où Aline DUMONT vient les prendre, Parker et lui. Elle les passe à un guide (Jacques DE BRUYN) qui les emmène en train, d'abord à Mons, puis à Beaumont. Pendant le voyage, les aviateurs cachent dans leurs souliers les cartes d'identité françaises qu'ils avaient reçues d'Aline DUMONT.

A Beaumont, ils vont manger chez le docteur Maurice VERSTRAETEN, où ils rencontrent Charles Billows et un agent anglais de l'IS (certainement Patrick Laming qui se fait passer pour tel) qui sont arrivés par le même train. Les aviateurs laissent là les cartes et l'argent belge de leur kit d'évasion.

Ils quittent Beaumont à 13h00 le 28 décembre avec deux guides de 22 et 23 ans, "Jean-Jacques" et "Diana" (Albert MATTENS et "Diane" Amanda STASSART). Ils passent la frontière à pied puis prennent le train pour Maubeuge, où ils arrivent à 17h45. Albert MATTENS achète alors les tickets pour Paris et tout ce petit monde embarque. Arrivés à Paris vers midi, ils vont à un appartement qui doit appartenir à "Jean-Jacques" (Albert MATTENS dispose en effet d'une chambre meublée au 123 Avenue Philippe Auguste à Paris XIe près du Père Lachaise, et sous-louée par les LORIENT, dans un immeuble ouvrier). Le chef du réseau (Jacques LE GRELLE) vient rapidement pour les voir. MacGillivray et Parker sont alors emmenés par une femme en noir (Fernande ONIMUS-PHAL) chez Lucien PAILLART au 17 Rue Pixérécourt Paris XXe (Ménilmontant) où ils restent jusqu'au 1er janvier 44. L'appartement est près d'une usine qui a été bombardée par les Américains le 31 décembre (les ateliers Ariès, filiale des usines Hispano-Suiza).

Mc Gillivray, quant à lui, est repris (sous le nom de Donald Keich, mais avec son adresse correcte) sur la liste des 9 aviateurs logés chez Robert ONIMUS et Fernande PHAL au 84 Rue des Rondeaux, Paris XXe, au coin de l'avenue Gambetta, près du Cimetière du Père Lachaise. Fernande PHAL les emmène ensuite chez Jacques LE GRELLE, qui, en compagnie d'une grande guide de 40-45 ans (Rosaline THERIER), les conduit en train jusqu'à Bordeaux. Rosaline leur passe de nouvelles cartes d'identité avant d'arriver dans cette ville.

Le 2 janvier, ils rencontrent un homme avec lequel se trouvent Albert Pepper et Nicholas Matich, avant d'être conduits en train jusqu'à Dax. De là, ils se rendent en vélo à Bayonne, puis à Saint-Jean-de-Luz, où le groupe loge une nuit au 25 Avenue de Cambo dans le faubourg de Sutar, à l'auberge Larre de Marthe VILLENAVE, épouse MENDIARA. Le 3 janvier au soir, ils partent pour la frontière espagnole via Ustaritz. Ils sont accompagnés par deux guides. C'est le 87e passage de Comète avec Jean-François NOTHOMB et les guides de Pierre ELHORGA en passant par Larressore et Jauriko borda.


Mot de remerciement de MacGillivray dans le carnet de Pierre Elhorga

Le 4 janvier 44, après 5 heures de marche, MacGillivray, Charles Billows, Arthur Pepper et Nicholas Matich arrivent en Espagne et atteignent une ferme (Jauriko borda) à 1 km de la frontière. A 11h00, les hommes partent avec un fermier avant qu'un autre vienne les chercher pour les mener à une autre ferme (Mortaleneko borda, près de Erratzu) où ils passent la nuit. Au matin, un autre guide arrive pour les mener à un village, d'où ils sont conduits vers encore un autre village. Leur guide les emmène alors au sommet du plus haut pic qu'ils aient gravi et, de l'autre côté, une voiture les attend qui les dépose dans les faubourgs de San Sebastian, où ils arrivent le 6 janvier à 6 heures. Un Espagnol borgne les fait monter à bord du véhicule avant qu'on leur apporte des vêtements, des cigarettes et des rasoirs. Ces Espagnols reviennent alors avec un homme parlant anglais.

Le 7 janvier à 13h00, deux taxis les emmènent de l'autre côté de la ville, où ils montent dans une voiture consulaire qui les conduit à Madrid. MacGillivray reste dans la capitale espagnole du 7 au 10 janvier et il arrive à Gibraltar le 11 janvier. Là, il retrouve son co-équipier Stanley Munns.

Donald MacGillivray quitte Gibraltar par avion le 13 janvier 1944 et arrive le lendemain à Whitchurch en Angleterre. Il est débriefé au MI-9 à Londres le 15 janvier 44.


(c) Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters