Personne passée par Comète via les Pyrénées

Dernière mise à jour le 5 août 2022.

Benjamin Truman MARTIN / O-796714
West View Heights, East Gastonia, Gaston County, Caroline du Nord.
Né le 14 octobre 1920 à McAllen, Texas / † le 17 octobre 1996 à Hemet, Californie.
1st Lt, USAAF 355 Fighter Group 357 Fighter Squadron, pilote.
Lieu d'atterrissage : à 3 Km au Sud-est de Ath en Hainaut, Belgique.
Republic P47D Thunderbolt, 42-8610, OS-Q / "Reddy for Action", abattu le 29 janvier 1944 lors d’une mission d’escorte de bombardiers sur Frankfurt.
Atterrissage forcé à 3 Km au Sud-est de Ath en Hainaut.
Durée : 3 mois.
Passage des Pyrénées: le 3 mai 1944.

Informations complémentaires :

Rapport de perte d’équipage MACR 2130. Rapport d'évasion E&E 657, disponible en ligne.


Benjamin Martin sur son P47 et le "Nose Art" de son P47.

Benjamin Martin décolle vers 09h40 (heure anglaise) de Steeple Morden dans son P-47. Après avoir été endommagé par un chasseur allemand, son moteur s'arrête alors qu'il est tout près d'un aérodrome (Chièvres). Trop bas pour s'éjecter, il heurte un poteau téléphonique à 250 Km/Hr. Un peu étourdi, il sort de son appareil et court vers le village tout proche. Il tombe en passant une clôture et quelqu'un le redresse. Cet homme lui essuie les plaies au front et lui fait signe de le suivre. Ce premier "sauveur" est un certain Romain LEBLOND qui emmène Martin à son domicile, à Ath. Des patrouilles allemandes arrivant pour perquisitionner, Romain emmène rapidement Martin vers le grenier de la maison où se cache déjà son frère Georges LEBLOND, réfractaire au STO .Ce grenier dispose d'un "passage secret" qui communique avec celui de l'école gardienne voisine. La famille Leblond avait conservé le blouson de vol de Ben Martin et en a fait don au musée de la base de Chièvres.

Ils traversent un atelier de vélos et entrent dans une maison à étage. A l'étage, il est caché au grenier derrière un tas de vêtements. L'homme lui fait signe de rester calme. Quinze minutes plus tard, les Allemands fouillent la maison sans rien trouver. Au soir, on l'affuble d'un costume de laine bleu et on emporte ses habits militaires. Ses plaquettes d'identité sont cousues dans la ceinture du pantalon. Le soir, il est conduit à une ferme où il est nourri. On le cache sous de la paille dans la grange pour la nuit, et il reçoit un solide déjeuner le lendemain matin.

Martin est pris en charge par Octave WERY du 17 Boulevard Lemonnier à Bruxelles. Son service éprouve des difficultés à évacuer et en parle à Auguste VAN HEMELRIJK de Hal-Lembeek, sous-section EVA de Hal-Soignies, par l'intermédiaire de Jeanne MACINTOSH.

Deux jeunes hommes le conduisent alors dans une Lincoln Zephyr 1939 à St-Martin-Lennik, dans une grande maison où certains parlent anglais. Une infirmière lui nettoie ses plaies et lui explique qu'ils sont de la résistance. Un capitaine âgé qui avait fait 14-18 lui annonce qu'il sera son guide à Bruxelles. Ils lui font une fausse carte d'identité au nom de José Martinos, un élève espagnol à l'université. Martin a un peu étudié cette langue. Le soir, un tas d'hommes armés de mitraillettes arrivent dans la maison, et ils ne tardent pas à lui offrir à boire. Le repas est un steak-frites.

Comme Jeanne McIntosh est arrêtée depuis le 10 décembre, Auguste VAN HEMELRIJK vient rechercher Martin et le remet à un "Léopold O", 17 à Lennick-St-Martin (Sint-Maartens-Lennik). C'est le commandant du refuge FURET de l'Armée Secrète (Zone IV, secteur Ouest). Ce "monsieur O" le guide de Bruxelles à Lennick-St-Martin.

Après 4 jours dans cette maison, il part au soir avec le vieux capitaine. Ils prennent le train, qui est bourré de soldats allemands. Ils vont se réfugier dans le compartiment entre deux voitures jusque Bruxelles. Là, cet homme le conduit à un rendez-vous en ville. Une femme lui prend le bras et lui annonce qu'ils marcheront environ une demi-heure.

Lui-même très encombré à EVA, VAN HEMELRIJK envoie Mlle Anny BRALION du 31 Avenue Demaeght à Hal le chercher chez WERY, et l'emmener chez chez Mlle Claire SCHRIEEK au 14 Rue Fröbel à Bruxelles.

Il est donc hébergé par Claire SCHRIEEK et Émile DE VEUSTER du 1 février 44 au 25 avril, chez qui René PONTY réalise ses photos d'identité. On peut voir que cette photo servira jusqu'en Espagne. Emile lui amène des livres à lire et lui explique que leur ligne a été infiltrée et décimée récemment (arrestations de janvier 44). Ils sont occupés à reconstruire une nouvelle ligne. Il est présenté à toute la famille durant son séjour. Emile et Claire l'emmènent un soir dans un bar de Bruxelles, lui ayant expliqué qu'il ne doit pas parler. La table voisine est occupée par quatre officiers aviateurs de la Luftwaffe.

Martin est confié 8 jours à François DEJONGHE, Trontingenstraat à Sint-Maartens-Lennik. Il loge ensuite 8 jours dans la même localité, au 102b Walberg chez François et Jeanne BLOCKERYE.

C'est Jules HAMELTON qui le reconduit à Bruxelles et le rend à VAN HEMELRIJK. Martin retourne alors chez Claire SCHRIEEK.

Il loge la nuit du 25/26 avril chez Yvonne BIENFAIT au 35 Rue Guillaume Kennis à Schaerbeek et part le 26 vers Paris avec Henri Nys, Jacques BOLLE et Félix BECQUEVORT et en compagnie de William Wolff.

Durant le trajet vers Paris, la voie a été bombardée et ils doivent descendre du train. Wolff fet lui doivent présenter leurs papiers. Wolff peut prononcer quelques mots de français et est libéré. Martin montre qu'il est espagnol et est aussi autorisé à poursuivre. Les guides restent à distance et ne les encadrent pas. Ils les rejoignent enfin discrètement et ils parviennent à rejoindre Paris en prenant des trams et des autres trains. Ils leur est expliqué qu'ils seront pris par un autre guide à la sortie du Métro de Paris.

Effectivement, une personne le rejoint et lui prend le bras. Une voix de femme lui dit de continuer sans parler. Un peu plus loin, elle leur explique qu'elle est de Lakeland en Floride et qu'ils vont arriver à sa voiture. Elle leur expliquera tout alors. Elle les conduit dans sa demeure en dehors de Paris, qui semble un château pour Ben Martin. Il s'agit de Virginia FRANKLIN ROUSH, l'épouse de Philippe d'ALBERT LAKE. Ils restent environ une semaine chez eux. Ils sont alors conduits dans un appartement vide, d'où on les laisse se promener autour de la Tour Eiffel.

Ben Martin est également logé deux nuits, du 27 au 29 avril chez Marcel RENARD, boulanger à Nesles-la-Vallée en Seine & Oise avec Albert Brewer et William Wolff.

Descendu de Paris à Bayonne par Marcel ROGER. Martin dit qu'il a l'air de quelqu'un que rien n'embarrasse. Ils rencontrent des soldats allemands à l'exercice sur une rivière et "Max" leur crie "Garde-à-Vous !" Tout le monde rigole. Marcel ROGER leur explique qu'ils auront quelque chose à raconter en rentrant chez eux. Il loge à Sutar à l'auberge Larre de Jeanne MENDIARA.

C'est le 95e passage de Comète, par Souraïde et Quito borda, avec les seuls guides de Juanito BIDEGAIN (Michel ECHEVESTE et son frère Joseph Marie). Ils reçoivent une outre de vin, un quignon de pain et un bloc de fromage comme bagage. Ils rencontrent souvent des contrebandiers portant des sacs et revenant d'Espagne. Ils arrivent à la frontière trop près d'une grand-route avec des postes allemands. On leur tire dessus. Ils redescendent la colline qu'ils viennent d'escalader et essayent plus loin.

Au sommet d'une montagne, après plusieurs jours de marche, ils voient les lumières de San Sebastian. Wolff doit rester sur place, car des ampoules énormes l'empêchent de marcher plus loin. Il sera pris en charge plus tard par une voiture de l'ambassade britannique. Là son équipe va à l'hôtel. La voiture de l'ambassade de Madrid vient les chercher et les conduit à l'hôtel Meodia. Le bar de l'hôtel est fréquenté par toutes les nationalités, inclus des officiers allemands en tenue militaire, et ils sont briefés de ne pas lier de conversations.

Conduit en train à Gibraltar le 15 mai au bout de quelques jours, Ben Martin est séparé du groupe. A Gibraltar, il est présenté à un autre pilote américain qui sort de camps espagnols : le Flight Officer Charles Elwood Yeager ("Chuck"), qui n'a pas alors encore franchi le mur du son comme le pilote d'essai le plus célèbre. Il avait été abattu le 5 mars 1944 dans son Mustang P-51 "Glamorous Glen" 43-6763, près de Grignols (Gironde, France) non loin de l'Espagne (rapport d’évasion E&E 660). Martin est reconduit par avion en sa compagnie à Whitchurch le 21 mai, d'où ils prennent le train pour Londres. Le major Lewis, son officier de renseignements vient l'identifier et le ramener à sa base de Steeple Morden.

Là, il est fêté, reçoit ses doubles barrettes de capitaine et sa botte ailée d'évadé. Il peut voler un peu sur un Mustang P51 avent de rentrer en AMérique. Il avait le choix entre l'Afrique ou le Pentagone. Au Pentagone, il travaille au "Project R" et est muté à Abilène au Texas.

Martin reverra Ed Wolff 48 ans plus tard à Gastonia en Caroline du Nord, le 10 juin 1992. Ils seront interviewés par la Gaston Gazette.


Benjamin Martin (gauche) et Ed Wolff le 10 juin 1992 dans la Gaston Gazette.

Ben Martin est enterré au Riverside National Cemetery, Riverside, Californie.


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters