Personne passée par Comète via les Pyrénées

Dernière mise à jour le 13 février 2020.

Harold Thomas STREET - "Harry" / 940782
418 King's Road, Birmingham, Angleterre
Né à Birmingham, le 18 juillet 1913 / † ?
Sgt, Bomber Command 78 Squadron, mitrailleur dorsal
Atterri près de Vorselaar, à environ 6 km au nord-ouest d’Herentals, Province d’Anvers / Antwerpen), Belgique.
Handley Page Halifax B II, JD409, EY-D, abattu dans la nuit du 30 au 31 août 1943 par le Hauptmann Hans-Werner Rupprecht du Stab.II/NJG1 lors d'une mission sur Mönchen-gladbach, Allemagne.
Écrasé dans les bois près de la bergerie de l'Abbaye trappiste de Westmalle, à 4 km au sud-ouest de Westmalle (Province d’Anvers / Antwerpen), Belgique
Durée : 8 semaines
Passage des Pyrénées : le 27 octobre 1943

Informations complémentaires :

Rapport d'évasion SPG 3316/1555 (incomplet).

Le Halifax décolle de Breighton à 23h50 (heure anglaise) pour la première opération effectuée par cet équipage. Dès le survol du Continent, l’appareil est pris sous les feux de puissants projecteurs. Le pilote Johnstone effectue des manœuvres évasives et amène l’avion au-dessus de l’objectif, sur lequel ses bombes sont larguées. Sur le vol de retour, vers 04h10, heure continentale, le JD409 est attaqué au-dessus de la Campine anversoise par Rupprecht et son opérateur radio Vornhausen. Harold Street assiste à des explosions entre les tourelles arrière et la sienne, qu’il pense avoir été provoquées par des tirs de la Flak. Sa tourelle s’emplit d’une odeur pénétrante de fumée, il attrape mal à la tête et s’évanouit. Lorsqu’il reprend ses esprits, il entend la voix de deux de ses coéquipiers (aucune d’elles n’est celle du pilote) qui crient "Bail out !" (le signal d’évacuation). Street débranche son arrivée d’oxygène et l’intercom, puis va chercher son parachute. Il constate un énorme trou dans le fuselage, des flammes courant le long du bord et ayant entamé son parachute. Tout le fuselage est rempli de fumée, il ne trouve trace d’aucun de ses coéquipiers et n’entend plus aucun bruit de moteur alors qu’il sent l’appareil pencher et se mettre en léger piqué.

Street parvient à étouffer le début d’embrasement de son parachute. Il l’endosse et se dirige vers l’arrière, parvenant, malgré les secousses et vibrations, à ouvrir la trappe d’évacuation. Après un dernier coup d’œil à la tourelle arrière, vide, il se prépare à sauter et, alors que ses jambes se balancent dans le vide, il constate qu’il n’a pas bien placé son parachute. Il quitte le Halifax alors que la tourelle arrière est remplie de flammes puis perd connaissance. Il ne revient à lui qu’une fois arrivé au sol, couché sur son parachute, se souvenant seulement qu’il avait pu le voir s’ouvrir au-dessus de lui.

Seul Harold Street sortira vivant du crash. Ses 6 coéquipiers sont tués : le pilote Sgt Alan David Johnstone ; le mécanicien Sgt Arthur Alfred Reeves, 18 ans ; le navigateur Sgt William Philip Williams, 27 ans ; le bombardier Sgt Alec Henry Peadon ; l’opérateur radio Sgt Kenneth William Smith, 21 ans et le mitrailleur arrière Sgt Thomas Ivor Goodwin, 20 ans. Tous sont d’abord inhumés à l’intérieur des murs du Fort III à Antwerpen, leurs restes ayant été transférés après la guerre au cimetière du Schoonselhof à Hoboken (Antwerpen.)

Immédiatement aidé par la Résistance locale (nous ignorons où et par qui), Street figure sur la liste des aviateurs aidés par Karst SMIT, membre de la Maréchaussée (police néerlandaise), ayant souvent fait passer des évadés depuis les Pays-Bas jusqu’en Belgique, parfois même jusqu’à Bruxelles.

Street rapporte qu’un homme vint à l'endroit où il se cachait près de Vorselaar le 31 août 1943. Il le suit à distance jusque Grobbendonk où ils prennent le tram jusqu’à Anvers, chez un avocat où il passe la nuit : Jan Gabriel BLOCKX, au 5 Sint-Jozefstraat. Le lendemain, il est conduit par lui chez un baron "de MENTE" (la baronne de MENTEN de HORNE à l'Avenue Legrand à Bruxelles.) où ils dînent.

Convoyé par Pierre JACQUES de DIXMUDE, Iser LANGMAN l'accueille le 1er septembre chez les parents et le frère de Charles HOSTE au 34 Rue du Tilleul à Schaerbeek, où Prosper SPILLIAERT le remet à Charles HOSTE lui-même. Après cela, Charles HOSTE le conduit ce même 1er septembre à Bruxelles dans une sorte de magasin de lingerie, en fait la Bonneterie MESUREUR, chez Hélène MASSAUX, Louis ROYEN et Félix MESUREUR au 348 Avenue Rogier, à Schaerbeek ("Veuve avec ses deux fils"). Il y demeure jusqu'au 10 ou15 septembre. Il y est souvent visité par des résistants et leur chef, "Charles GASTON" (Charles HOSTE).

Le 15 septembre, il est conduit par "Lily" (Aline DUMONT) chez Philippe ARNOULD, au 22 Place Bara, près de la Gare du Midi (trois fils prêtres, une fille de 13 ans). Il passe encore chez René-Pierre PIRART pour être logé en face, au n° 7 de la Rue des Tournesol à Anderlecht chez Maria BAL épouse de Auguste MARIE.

Street fut remis par Gaston MATTHYS à René PONTY, qui le guide le "25" (?) octobre 1943. Somme payée par Anne Brusselmans pour l’aide apportée à Street (logement, nourriture, etc…) : 1.125 FB.

Il reste jusqu'au 20 octobre chez Maria BAL, date à laquelle "Lily" revient et le remet à un homme de grande taille qui le mène par train tout près de la frontière. Ils descendent avant la frontière, et un garçon de ferme et une fille les guident en France : Henriette HANOTTE.

Ils restent chez un douanier pour la nuit. Le 21, ils prennent le train vers Paris, avec le garçon de ferme. Un Australien, Robert Kellow, est du même voyage (il partira avant eux vers l’Espagne).

Harold Street figure sur une liste d’aviateurs aidés/convoyés par Amanda STASSART. A Paris, ils vont deux heures dans une maison, puis une Mme BLANC vient les conduire via la station de métro Champerret chez Odile HOCHEPIED, au 5e étage du 11 Rue Descombes à Paris XVIIe. Il y reste jusqu’au 25 octobre, mais Kellow part le 22. Mme BLANC vient prendre Street le 25 et le conduit à un pont (vraisemblablement au-dessus de la Seine) où une fille toute sombre ("The very little Lady in Black", Marcelle DOUARD) l'escorte avec le P/Off Harold Hudson jusqu’à une gare (Gare Montparnasse) où ils prennent le train jusque Bordeaux.

Là, ils sont attendus par Jean-François NOTHOMB le 26 octobre, et voyagent avec lui jusque Dax. Les deux aviateurs logent à Sutar (faubourg d’Anglet) à l'auberge Larre de Jeanne MENDIARA, au 25 de l’Avenue de Cambo.


Mot de remerciement de Harold Street dans le carnet de Pierre Elhorga.

Street, Hudson et le Sgt Albert Diminno partent à bicyclette avec Denise HOUGET jusqu'à la frontière (Ciboure) et traversent les Pyrénées avec Florentino GOIKOETXEA comme seul guide. C'est le 65e passage de Comète et ils arrivent à San Sebastian où ils sont emmenés par voiture consulaire à Madrid, le 30. Ils y restent jusqu'au 2 novembre, date à laquelle ils partent à Gibraltar. Ils quittent le Rocher par avion le 5 et arrivent à Whitchurch en Angleterre le 6 novembre 1943.


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters