Personne capturée durant son évasion

Dernière mise à jour le 23 août 2018.

Adrian T. VAN BEMMEL / O-729677
adresse: 4523 Brown Street, Union City, New Jersey, USA
né le 5 décembre 1915, Etat du New Jersey USA. / † en mars 1971 dans l’Etat de New York, USA.
1 Lt, USAAF 91 Bomber Group 323 Squadron, navigateur.
Lieu d'atterrissage : près de la Bremweg et du Rodeberg Bos à Testelt, Brabant, Belgique.
Boeing B-17F-BO Flying Fortress (Forteresse Volante), 42-29559, OR-Q / "STUP'N'TAKE-IT", abattu le 17 août 1943 lors d'un raid sur Regensburg et Schweinfurt.
Ecrasé près de Testelt (Diest) au nord-est de Langdorp, Brabant, Belgique.
Durée : 3 semaines
Arrêté à Saint-Jean-de-Luz le 10 septembre 1943

Informations complémentaires :

Rapport de perte d’équipage MACR 278.

Le B-17 décolle de Bassingbourn vers 11h30 heure anglaise. L'appareil est sérieusement endommagé (deux moteurs de gauche mis hors d'usage) lors d'une attaque d'une trentaine de Focke-Wulf au-dessus de l'Allemagne et doit rentrer à sa base. Le Me 110 du II./NJG1 basé à Saint-Trond, piloté par le Lt Walter Barte, est crédité de son abandon par l'équipage au-dessus de Testelt. Charles Bennett indique qu’un obus de 20mm explose dans le poste de pilotage. Il blesse sérieusement son copilote Stanley Dahlman, Bennett étant touché à la jambe par des éclats du projectile. Bennett ajoute qu’il aide Dahlman, sonné, à terminer d’endosser son parachute et qu’il le pousse vers la trappe d’évacuation mais qu’à ce moment-là, le B-17 explose et Bennett est expulsé du cockpit par l’explosion de l’avion en plein vol. Stanley Dahlman n’en réchappera pas. Revenu à lui, Bennett aperçoit six autres parachutes durant sa descente.

Le 2nd Lt Stanley A. Dahlman, 22 ans, ainsi que l’opérateur radio le T/Sgt William J. Barrett et le mitrailleur gauche le S/Sgt Thomas J. Hunt seront d’abord inhumés tous trois au cimetière de la base militaire de Sint-Truiden / Saint-Trond et, immédiatement après la guerre, au cimetière américain de Neuville-en-Condroz. Seul William Barrett repose encore là, les restes de Stanley Dahlman et de Thomas Hunt ayant été rapatriés aux Etats-Unis à la demande de leurs familles.

Quatre autres hommes, gravement blessés, seront arrêtés par les Allemands et soignés à l’Hôpital Bordet à Bruxelles : le bombardier 1st Lt Maurice J. Sullivan, le mitrailleur droit Sgt Robert G. Gaynor, le mitrailleur ventral Sgt John F. Greager (qui avait également été expulsé de l’appareil lors de l’explosion et avait brièvement vu Bennett après leur atterrissage) et le mitrailleur arrière S/Sgt Edward P. Troy. Après leur guérison, ils passeront par le centre d’interrogation Dulag Luft à Oberursel près de Francfort avant d’être internés dans divers Stalags (Edward Troy, qui avait perdu son oeil gauche lors des tirs de Me110 et qui, malgré sa blessure, était resté à son poste en mitraillant les attaquants, a été rapatrié avant la fin de la guerre dans le cadre d’un échange de prisonniers. Il a été décoré de la Distinguished Flying Cross pour son acte de bravoure lors de la mission).

Contrairement à Adrian Van Bemmel (la présente fiche), deux autres membres de l’équipage parviendront à finalement s’évader : le pilote Charles Bennett et le mécanicien/mitrailleur dorsal Ford Cowherd.

Adrian Van Bemmel était d'origine flamande (région de Tielt) né au New Jersey, et parlait encore assez couramment le flamand. Sonné par son atterrissage brutal, Van Bemmel est semi-inconscient lorsqu’on amène près de lui son co-équipier Ford Cowherd. Celui-ci le dégage de son harnais de parachute et, soulagé de ce que Van Bemmel n’a rien de cassé, il va s’enquérir de l’état d’Edward Troy, lui aussi tombé près de là. Troy gît sur le sol, son œil gauche éjecté de son orbite, et le droit entaillé de petits éclats de verre. Van Bemmel les rejoint avant que quelqu’un les avise que les Allemands arriveraient dans quelques minutes sur les lieux. Ils doivent abandonner Troy et, alors que Van Bemmel se dirige vers le sud-est, Cowherd prend la direction du nord-ouest.

Jules ROELANTS, du 14 Jozef Tielemansstraat à Aarschot, sur indication du notaire COOMANS de BRACHENE de Aarschot, va chercher Van Bemmel chez Jules LIEKENS, au "Pijpert" à Langdorp. Dans un récit de Maria CLAES-STANS, elle confirme le nom de LIEKENS – et non VERBIST, comme renseigné à d’autres sources – ajoutant que Jules ROELANTS a gardé Van Bemmel quelques heures chez lui et lui a donné des vêtements civils avant de l’amener chez eux dans la soirée du 17 août.

Van Bemmel rejoint ainsi Bennett au domicile de Peter "Jozef" CLAES et son épouse Maria, née STANS, au 148 Leuvensesteenweg, où Cowherd est également amené le lendemain. [Jozef CLAES, né le 1er avril 1908 à Mol, a été arrêté chez lui par la Gestapo le 13 octobre 1943 et fusillé à Brasschaat le 30 novembre 1943.]

Selon le rapport d’activités du couple Jozef et Maria CLAES-STANS que nous a transmis en novembre 2012 leur fille Magda Claes, dans l’après-midi du 19 août, Cowherd, Bennett et Van Bemmel quittent la maison de ces derniers, guidés à vélo par Maria CLAES, précédée sur la route par Jos CLAES (fils de Leon CLAES et n’ayant aucun lien de parenté avec Jozef…) Toujours selon Maria, arrivés vers 15h00 à l’église d’Aarschot, ils rencontrent Désiré MERTENS, son père George MERTENS et Frans STORMS, tous trois membres, du Front de l'Indépendance de Louvain. Maria les quitte alors et les voit prendre à vélo la direction de Betekom, à l’ouest d’Aarschot. Le groupe arrive finalement à Boortmeerbeek où Bennett va loger chez une famille aisée. Van Bemmel et Cowherd vont chez les VANDERHOEVEN (Englebert, Eugène et Maria VANDERHOEVEN, Beringestraat, Boortmeerbeek.)

Quatre jeunes hommes armés de fusils viennent chercher Bennett le lendemain pour le conduire chez une dame âgée et sa servante. Il est bientôt rejoint dans cette maison par Van Bemmel, mais celui-ci n’y reste que 8 jours, Bennett y étant hébergé pendant une quinzaine, jusqu’au 3 septembre selon son rapport de Bennett.

Bennett et Cowherd vont à Malines en vélo une semaine plus tard, avec deux résistants et sont logés avec le prêtre de la paroisse de Hanswijk (Désiré STORMS, sans lien de parenté avec Frans). Après quelques jours, Aline DUMONT ("Lilly" = "Michou") vient les chercher chez le prêtre à Malines pour les mener en train ("chez elle" à Bruxelles, selon Bennett). Bennett et Cowherd restent dans un flat de la Rue Royale, chez deux dames parlant anglais. Le rapport de Cowherd dit que c’est chez sa logeuse qu’il a rencontré "Lilly", connectée avec l’organisation… Adrian Van Bemmel, quant à lui, va loger trois jours chez René PIRART au 8 Rue des Tournesols à Anderlecht.

Il semble que Van Bemmel, séparé de Bennett et Cowherd, ait suivi un parcours similaire au leur depuis Bruxelles jusqu’à Paris. Ce serait le 23 août 1943 que Van Bemmel aurait été conduit (par qui ?) à Tournai en train et qu’il aurait poursuivi son voyage en tram jusqu’à Rumes. Là, une jeune Française (Henriette HANOTTE, une Belge née en France) les y attend et les conduit au soir chez le douanier Maurice BRICOUT et sa femme Rachel, à Bachy en France. Nous supposons que de Bachy, il aura marché (avec qui ?) jusqu’à la gare de Cysoing, d’où ils ont pris un train vers Lille, puis de là, un autre vers Paris.

A Paris, un dénommé "Georges, le chef de l’organisation" (Jacques le GRELLE) les y prend en charge et les interroge avant de les remettre à une dame de petite taille (1m50), d'environ 50 ans (Germaine FLACHET). Elle les conduit en Métro de l'autre côté de la ville, où un Albert, environ 30 ans, les prend dans son flat au 3e étage à la Rue Oudinot. Il y habite avec son épouse Georgette et leur fille de huit ans (près de chez Aimable FOUQUEREL). Sa mère et sa soeur leur rendent des visites. Après quelques jours, ils sont rejoints par Roy Claytor, pilote de B17 abattu lors du même raid. Nous ignorons si Van Bemmel se trouve là (ou ailleurs ?) en même temps que Cowherd et Claytor, mais ces deux derniers voyageront ensemble par la suite, Bennett partant de Paris dans un groupe antérieur.

Van Bemmel aura lui aussi certainement dormi à l'auberge Larre de Marthe MEDIARA à Sutar, faubourg de Saint-Jean-de-Luz. Le 10 septembre 43, Denise HOUGET, Jean-François NOTHOMB, Van Bemmel et Bryce Domigan rejoignent Saint-Jean de-Luz à vélo, les deux Belges pédalant une centaine de mètres devant les aviateurs. Une patrouille allemande surgit soudain d'un chemin latéral. Malgré les signes désespérés de NOTHOMB avec son béret (le signal convenu en cas de danger), Van Bemmel et Domigan continuent et rencontrent les Feldgendarmes. Ces derniers leur demandent leurs papiers et les arrêtent tous les deux.

Il s'agissait du 55e passage de Comète via Saint-Jean-de-Luz et la Bidassoa.

Comme tous les militaires pris en tenue civile au Sud de la ligne de démarcation, ils sont remis en tant qu'espions à la Gestapo qui les interne à Fresnes (prison de Paris). Une enquête fut entamée et les deux aviateurs ne rejoignirent un camp de prisonnier qu'à l'issue de cette enquête.

Adrian Van Bemmel a été interné au Stalag Luft 1 à Barth, Camp Nord, Baraquement n°6, Chambre 14.

Le récit du raid et d'autres photos de l'équipage se trouvent à http://www.91stbombgroup.com/91st_info/schweinfurt_raid.pdf.


Quelques membres de l’équipage de Charles Bennett apparaissent sur cette photo prise le 14 mai 1943 de l’équipage du 2nd Lt Charles Silvernail, dont il avait été copilote lors de missions précédentes.
A l’arrière, Robert G. Gaynor, 3ème depuis la gauche ; William T. Barrett, 5ème depuis la gauche.
Devant : Adrian Van Bemmel à l’extrême gauche ; Charles Bennett, 2ème depuis la gauche ; Maurice J. Sullivan à l’extrême droite (Photo USAAF).


Mot de remerciement de Van Bemmel dans le carnet de Pierre Elhorga.


(c) Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters