Personne passée par Comète via les Pyrénées

Dernière mise à jour le 12 mai 2022.

Victor William DAVIES ("Vic") / 1580346 & 161692
Water Lane, Newport, Shropshire, Angleterre
Né le 19 octobre 1922 / † le 30 avril 2014 à Newport, Shropshire, Royaume-Uni
Sgt, Bomber Command 10 Squadron, navigateur.
Lieu d'atterrissage : Près de son appareil à Haulchin (Mons).
Handley Page Halifax Mk II, JD368, ZA-A, abattu la nuit du 27/28 août 1943 par un chasseur allemand au retour d'une mission sur Nuremberg.
Écrasé au lieu-dit "la mare aux chênes" à Haulchin vers 3 heures 30 le 28 août 1943.
Durée : 3 mois et demi.
Passage des Pyrénées : le 17 décembre 1943.

Informations complémentaires :

Rapport d'évasion SPG 3317/1664 (disponible).

L’appareil décolle de Melbourne à 20h49 et est abattu au retour de la mission. Le mitrailleur arrière Sgt George Richard Marr Warren RCAF, 19 ans, perdra la vie. Il repose au cimetière de Gosselies, près de Charleroi en Belgique. Les six autres parviendront à s’évader, seul G. R. Darvill se faisant arrêter par la suite. Il s’agit du pilote Sgt George Baker, du copilote Reginald Cornelius, du navigateur Victor Davies (la présente fiche), du radio P/Off Frederick Lawrence, du mécanicien Sgt John McCallum (SPG 3315/1504) et du bombardier Sgt Merlin Pearce (SPG 3315/1505), ces deux derniers évacués vers l’Espagne en octobre 1943 par le réseau Bourgogne/Burgundy.

Le long de la frontière belgo-française, l'appareil est attaqué par un FW 190. L'ordre de sauter est donné. Une fois atterri, Davies enterre son équipement superflu dans un marais et ôte ses insignes de la RAF. Il est près d'habitations, mais préfère marcher vers le Sud-Ouest en se guidant aux étoiles pour s'éloigner de la carcasse brûlante du Halifax, marchant de nuit et se reposant le jour. Après 5 jours et nuits en vivant sur ses rations et des légumes glanés, un fermier qui a été prisonnier de guerre le trouve dans sa grange à Bettignies, un village français, et lui donne à manger et boire. Un seul helper de ce village apparaît sur la liste des helpers français : Albert DELVAL.

Comme il ne peut y loger, il continue sur la route de Mons à Maubeuge et se cache le 2 septembre dans des champs. La nuit, il traverse Maubeuge et se cache dans des champs le 03. Il poursuit sa route de nuit à travers champs. Le 5 septembre à 4 heures du matin, il s'endort dans une grange à Berlaimont. Le fermier, un ancien prisonnier de guerre, l'y trouve dans l'après-midi et lui fournit des vêtements civils et quelques cartes locales pour éviter les postes allemands.

Il quitte la grange au soir du 6 et dort dans un champ le 7. Il arrive à Aulnoye et ne trouve pas la gare, et poursuit alors vers Le Cateau. Il traverse Leval et demande de l'aide à un fermier, se cachant dans sa grange à son insu jusqu'au soir. Le 8, il arrive à Noyelles vers 9 heures. Il reçoit à boire dans une ferme et est prévenu de ne pas traverser Landrecies. Il y arrive le 9 septembre et contourne Landrecies, arrivant à Favril et va à La Croise, vers Catillon.

Il réalise que sa barbe de 10 jours et ses cheveux blonds attirent l'attention. Après 10 à 11 jours, ses rations sont épuisées et il doit "mendier" à des maisons isolées. Il reçoit de la nourriture dans une ferme isolée. Le 10 septembre, il poursuit vers Razuel et des gens lui disent de se méfier au passage d'un pont surveillé par des soldats allemands.

Un fermier lui donne alors un bâton avec lequel il "guide" une vache qui suit le cheval du fermier. Il arrive ainsi à une foire à bestiaux (à Le Cateau en Cambrésis), remercie le fermier et poursuit vers Paris. En évitant une patrouille de la jeunesse hitlérienne, il est repéré par des gens qui lui donnent à manger et le cachent dans la paille pour dormir. Il peut se laver et se raser le lendemain avant de déjeuner. On lui explique de porter un colis et son pull blanc, et après 24 heures de repos et 2 ou 3 bons repas, il poursuit sa route vers le Sud. Il dort chez eux du 10 au 11 septembre.

A 19 hr 30, après lui avoir montré comment se comporter en Français, les fermiers le laissent partir vers Paris. Après quelques heures de marche, un vélocycliste le dépasse et lui remet le morceau de papier où il avait écrit son adresse. Le contact avec la résistance est établi : un "réseau de Gaulle" (réseau BCRA Samson) et l'homme qui se prénomme Gaston, est un ex-lieutenant français qui a servi en Syrie (Gaston Morel à Sains-Richaumont en Aisne ?).

Le 12 septembre, un certain THURU [Maurice et Yvonne Thuru 6 Place de la République à Le-Câteau-en-Cambrésis ; Maurice Thuru est fusillé en déportation pour hébergement plusieurs aviateurs et travaillent avec Alfred DELPORTE] le ramène en camionnette à la petite ville où il avait guidé la vache au marché (Montay, au Nord de le Cateau) et l'y loge chez le capitaine Alfred DELPORTE, maire de Montay au Rue de la Feuillée à Montay. Le 13, THURU le conduit pour une nuit chez l'imprimeur BOYER à Le Cateau (Théophile Boyer, imprimeur à 4 Rue Gambetta à Le-Câteau-en-Cambrésis, décédé en déportation), où on lui fait une fausse carte d'identité avec une de ses photographies. Le 14, THURU et Gaston le conduisent à Laon chez M. MORELLE, Rue de Crécy. Il y demeure du 14 au 26 septembre.

Le 26, Mme Suzanne BOSNIERE vient le chercher de Paris. Elle l'y conduit chez une Mme "Marie-Christine" ou Lucienne BODIN au 38 Rue des Petits-Champs (travaillant pour le réseau d'évasion Samson et Turma Vengeance). Après 10 jours, il y est rejoint par un Américain, le T/Sgt Walter House. Il y reste cinq semaines et demi et elle lui explique qu'il est difficile de passer des aviateurs. Une nuit, elle les fait s'habiller et quitter immédiatement son appartement. Elle leur explique qu'elle est sous chantage d'un certain KAUFMANN qui exige 100.000 FF pour ne pas la dénoncer.

"Marie-Christine" et Suzanne les conduisent chez Marie BETBEDER-MATIBET où ils restent deux semaines, au 7 Square de Port-Royal dans le XIIIe arrondissement. Mme MATIBET va chercher un Américain à la gare et ne revient pas. A 21 Hr, une amie vient les prendre au n° 8 ou 9 sur le même Square de Port-Royal, chez Mme Hélène PEZARD. Ils y restent la nuit et vont le lendemain chez Mlle Antoinette SIX au n° 3 du même square pour une nuit. Le lendemain, ils vont chez Mlle DUFAUX, Rue de Lacepède à Paris Ve. "Marie-Christine" et Suzanne les conduisent de là chez Mlle Ghislaine DE MIRBECK au 2 Avenue du Nord dans le Parc de Saint-Maur. Ils y restent jusqu'au 15 décembre. Ils y sont rejoints par Clarence Witheridge.

Il apprend que THURU et BOYER ont été arrêtés à Le Cateau suite à une infiltration par un faux aviateur. Deux semaines après leur arrestation, "Marie-Christine" BODIN, Suzanne BOSNIÈRE et Marie BETBEDER-MATIBET devaient rencontrer deux Américains au Café "Le Pied de Mouton" et y sont arrêtées le 24 (le 21) novembre 43 avec deux Américains, le Sgt Huntzinger et le Lt Benjamin Zum. Toutes ces arrestations seraient imputables à la trahison d'un Belge nommé "Renard" (Il s'agit de Adolphe MANET, né à Louvain le 19 avril 1911).

Quatre jours avant leur arrestation, Marie-Christine et Suzanne disent à House et Davies que des nouveaux chefs venaient d'arriver de Londres : un Français et un Canadien : Lucien Dumais et Raymond Labrosse (du réseau Oaktree).

Il est ainsi réuni à un Canadien et un Américain le 15 décembre. Avec Witheridge et Harold Norris, ils sont pris en charge par Comète. Il est interrogé par Jacques le GRELLE : que signifie PT et VD ? Vous connaissez Bridgnorth ? Citez-y deux pubs, etc.

Ils sont guidés en train à Bordeaux par une femme, y changent de gare et prennent un train pour Dax. Là, ils vont à bicyclette jusque Bayonne en une journée de route, rencontrant beaucoup d'Allemands. Ils s'y reposent une nuit à l'auberge Larre tenue par Marthe VILLENAVE épouse MENDIARA au Quartier Sutar de Anglet.


Mot de remerciement de Davies dans le carnet de Pierre Elhorga.

Guidés vers la frontière espagnole par Marcel "Max" ROGER le lendemain, il est remis aux guides basques à Mandochineko borda sur le territoire de Larressore.

C'est le 81e passage de Comète, par Larressore, avec les seuls guides de Pierre ELHORGA. Ils traversent un ruisseau marqué par des pierres banches, qu'ils vont suivre un moment en tournant à l'Est, jusque Jauriko borda.

Ils marchent encore 5 jours dans une pluie torrentielle pour atteindre un café à San Sebastian. De là, ils vont à l'ambassade de Madrid en voiture consulaire, puis à San Roque, La Linea et Gibraltar par le train.

Vic Davies part de Gibraltar le 1 janvier 44, arrive à Whitchurch le 2, et est interrogé à Londres le 3 janvier par le MI-9. Promu Flying Officer, il effectuera encore des missions sur Mosquitos dans le 327 Squadron et sera décoré de la DFC (Distinguished Flying Cross) en septembre 1945.


(c) Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters