Aviateurs de l'opération Marathon

Dernière mise à jour le 10 juillet 2023.

Guy Hampton GOLDEN Jr ("Lucky") / 18166783
Route 6, Box 436, Pine Bluff, Arkansas, USA
Né le 20 janvier 1922 à Pine Bluff, Arkansas / † le 5 mai 1991 à Pine Bluff, Jefferson County, Arkansas, USA
S/Sgt, USAAF 306 Bomber Group 423 Bomber Squadron, mitrailleur latéral gauche
Atterri près de Clermont, Oise, France.
Boeing B-17G-BO Flying Fortress N° série : 42-31388 (RD-A),abattu par la Flak et achevé par des chasseurs lors de la mission du 11 février 1944 sur Frankfurt.
Écrasé dans un champ sur la commune de Campremy, près de Wavignies (Oise), au sud d’Amiens (Somme) France.
Durée : 6 mois.
Camps Marathon : Fréteval

Informations complémentaires :

Rapport de perte d'équipage MACR 2527. Rapport d'évasion E&E 1000 disponible en ligne.

Le B-17 décolle de Thurleigh vers 07h00. Touché par la Flak au-dessus de Frankfurt, l'appareil a de gros trous dans les ailes, sa queue est presque arrachée, du carburant s'échappe des réservoirs. L'intercom est hors d'usage et le pilote Dibetta donne l'ordre verbal d'évacuer l'avion. Le mitrailleur ventral S/Sgt James H. Coleman, atteint par un obus, est mort à son poste. La page 33 du MACR porte la mention manuscrite de ses nom et matricule sur la traduction d’un rapport allemand KU858 indiquant la découverte d’un corps de "pilote" trouvé en liaison avec la Forteresse de Sanders et Feilbach. Il y figure qu’il a été enterré au cimetière militaire de Beauvais-Marissel. Bien que dans leurs rapports, d’autres membres de l’équipage indiquent qu’il a été retrouvé près des débris du B-17 et enterré dignement par des civils français, il semble y avoir confusion, car Coleman figure toujours à la liste des Disparus et son nom est repris aux Tablettes des Disparus du Cimetière Américain des Ardennes à Neupré, près de Liège.


L’équipage original du Lt Geno DiBetta en début novembre 1943
(sans Raymond Feilbach, Jerroll Sanders, James Coleman ni Eldon Weseloh) – Source : www.306bgus
où il y a erreur dans la légende. C’est Clyde Hewitt et non pas Guy Golden qui est debout, le 3ème depuis la gauche (confirmé par le fils de Hewitt en juillet 2023…)

Trois hommes seront faits prisonniers, le navigateur Lt Raymond F. Feilbach, le bombardier Lt Jerroll E. Sanders (tous deux arrêtés dès leur arrivée au sol), le mitrailleur dorsal T/Sgt Fortunato V. Chiccarelli (blessé au bras, d’abord soigné, vraisemblablement par le docteur Gaston REDAUD du 16 Rue d’Amiens à Clermont, mais obligé après deux jours, suite à une infection, d’être pris en charge par un hôpital à Beauvais où Bergeron ira le voir avant que les Allemands n’arrêtent son co-équipier).

Outre Golden, cinq autres parviendront à s'évader: le pilote Geno Di Betta, le copilote Earl Wolf), l'opérateur radio Clyde Hewitt, le mitrailleur droit Leonard Bergeron et le mitrailleur arrière Eldo Weseloh.

Guy Golden atterrit vers 14 heures et est immédiatement aidé par des Français qui dissimulent son parachute, son harnais et sa Mae West. Son rapport d'évasion est très succinct et indique seulement qu'il est resté dans deux familles jusqu'au début juin avant d'être conduit dans le camp secret en Forêt de Fréteval. Il cite dans son "Appendix C", les noms de M. "DANEAU", maître d'école à "Gouvier" (il s’agit en fait de l’instituteur Jean Lucien DENAUX et son épouse Diana, à l’Ecole des Garçons de Gouvieux, près de Chaumont en Oise, qui hébergent Golden du 11 au 12 juin) et d'ODETTE et GASTON de Clermont, Oise. Les rapports de Bergeron et Golden parlent de Gaston et sa femme Odette, Bergeron précisant que le nom de Gaston est LEGRAND. Il s'agit donc d'Odette SAUVAGE, née GRIGAUT et de Gaston LEGRAND, du 28 Rue de la République à Clermont, dont nous reproduisons une photo avec Edmond, le fils d'Odette.


Edmond et Odette Sauvage, Gaston Legrand.
.

Le rapport de Clyde Hewitt indique que lui et Bergeron étaient tombés près l'un de l'autre et qu'ils ont été rapidement rejoints par Golden. Les trois hommes sont placés dans une meule de foin, puis transportés en charrette dans une autre famille. Ils rencontrent un maire [Roger BOUCHARD, maire et médecin à Clermont], le sous-préfet de la localité, Georges FLEURY [qui est mentionné avec son épouse Rachel, au 25 Rue de Mouy à Clermont, pour de l’aide apportée à Golden] et un autre homme, Gaston (LEGRAND), et sont menés à Clermont, chez Odette (SAUVAGE). Hewitt ajoute que de là ils se rendent en camion à "Gravoux" (Gouvieux), où Bergeron les quitte. Golden et Hewitt accompagnent alors une jeune fille anglaise et un jeune homme italien, ce dernier vraisemblablement nommé "Laurel". Il existe une liste de Jacques LE GRELLE qui mentionne Innocente LAURO, de nationalité italienne au 1bis Rue de Boran à Gouvieux, Oise. Il se confirme par ailleurs que Golden a bien été hébergé (quand ?) par Inocente et Betty LAURO à cette adresse…

Le rapport d'Earl Wolf indique que quittant la maison du Dr Gaston REDAUD au 16 Rue d'Amiens à Clermont, une petite fille le conduit avec Di Betta vers un bureau de police ou à la Justice de Paix de Clermont où ils rencontrent Golden, Bergeron, Hewitt et Weseloh et d'autres évadés. Il s'agit probablement de la sous-préfecture où officie Georges FLEURY du 25 Rue de Mouy à Cambronne-lès-Clermont, cité plus haut.

Ces hommes sont ensuite emmenés en camion jusqu'à Vineuil-Saint-Firmin où Di Betta et Weseloh logent chez Louise GUYJER, qui était soit l'épouse, soit la secrétaire du maire. Wolf mentionne qu'ils sont mis en présence d'Edmond BOURGE, de "Gabriel", 47 ans et de Mr "St Hubert", 48 ans. Il s'agit ici en fait de Paul Gabriel PREBAY, né à Sauvigny (Allier) le 29 avril 1883, du 35 Avenue Baudoin à Deuil-la-Barre, Seine & Oise, et de Raymond STUBERT, qui, avec son épouse Suzanne, cache Bergeron et Wolf chez eux au 61 Rue Henri Pauquet à Creil. A noter que le nom de Golden n’est pas repris comme ayant été aidé par les collaborateurs d’Edmond BOURGE cités dans ce paragraphe…

A noter que les noms de Bergeron et Wolf sont bien repris dans le rapport d'activités Marathon/Comète d'Edmond BOURGE, du 61 Rue Henri Pauquet à Creil, qui les reçoit de M. Georges FLEURY du 25 Rue de Mouy à Cambronne-lès-Clermont, et les remet à Jacky DU PAC (ce dernier étant le franco-canadien Jacques DU PAC DE MARSOULIES, 115 Rue Notre-Dame des Champs, Paris VIe, environ 1m70, cheveux foncés, récemment veuf, cité dans le rapport de Wolf, qui ne reprend pas son nom).

Il est donc vraisemblable que ce soit Edmond BOURGE qui est intervenu dans le cas de Golden, également pour un transport en camion vers Creil où les hommes sont répartis à plusieurs endroits. Weseloh et Di Betta, d'abord, Golden, Hewitt, et deux autres ensuite et finalement Wolf. Paul Gabriel PREBAY et le gendarme Alfred PERNET, de la Rue du Connétable à Chantilly, sont mentionnés comme aidant au transport d’aviateurs de Chantilly à Creil.

Le rapport d'Hewitt indique "qu'après une semaine" (?), Hewitt est déplacé vers "Blancourt" où il loge chez "Pierre", maître d'école (il s’agit de Pierre AUZI, instituteur à Blaincourt-lez-Précy). Pour se restaurer, il allait au bas de la rue chez "André", sa femme et ses deux enfants. Ensuite, Golden et Hewitt partent ensemble à pied jusqu'à Neuilly-en-Thelle chez le Docteur Charles ANDRIEU et son épouse Marie Geneviève GRANGER au 39 Rue de Paris, où ils logent pendant quelques semaines (on rapporte par ailleurs que c'était du 13 février - 2 jours après le crash - jusqu'au 13 avril). Hewitt précise que se trouvaient là, "Louis", 22 ans et son frère, 15 ans, qui allait à l'école (on peut supposer qu'il parle de Paul, l'enfant du couple né en 1926 et d'un ami ?)

Ce 13 avril, le Dr ANDRIEU est arrêté en transportant dans sa voiture d'autres Américains blessés qu'il soignait depuis quatre jours. Il s'agit de quatre membres de l'équipage du B-17 N° 42-31258, "Lucky Strike" tombé le 10 avril 44 à proximité. Aidés par Comète, ils seront arrêtés ultérieurement et ont chacun une page sur ce site: William Dearing, James Hanrahan, John Hedlund et Grady Justice. Le médecin est relâché le lendemain, après avoir déclaré qu'il avait été obligé de prendre ces hommes par un certain Maurice Lefèvre.

Hewitt mentionne que peu après Pâques (qui tombait le 9 avril cette année-là et donc la date du 13 avril paraît ainsi confirmée), Golden et lui (plus d'autres dont Di Betta) sont guidés vers Bornel, à 7 km au SO de Neuilly-en-Thelle, où on (Gilbert THIBAULT, d’Auneuil, dans l’Oise) leur apprend qu'ils sont à présent en charge d'une autre organisation. De Shelburn, ils passent à Comète-Marathon. Après deux jours, Golden et Hewitt vont à Jouy-sous-Thelle et logent chez un professeur donnant cours à Beauvais, sa femme et ses deux enfants. La dame précise à Hewitt que son père, le précepteur GARCIN, habite à Fort de France en Martinique.

Il semble que Golden soit dans le groupe d'évadés qui sont conduits par la suite par un homme de grande taille à Le Mesnil-Théribus dans l'Oise. Il s'agit de Roger FRARI qui les mène chez Marie-Louise BONNIN, habitant avec son fils. Golden ne restera loger là qu'une seule nuit et sera déplacé vers une autre cachette, d'où il a été repris par Gilbert THIBAULT.

Selon le rapport d'Hewitt, "trois semaines plus tard", Golden et lui sont menés à Chaumont-en-Vexin, y restent une nuit et le lendemain, avec six autres évadés et guide(s), prennent un train pour Pontoise. Là, deux femmes les approchent et les emmènent en camion vers Argenteuil. Arrivés là, les hommes sont regroupés par deux pour être cachés à différents endroits de la localité. Nous ignorons beaucoup du parcours de Golden.

Vers le 26 mai, Golden est logé avec Jasper Knight, George Solomon et Donald Hoilman dans la ferme de Germain et Mme FOUCHARD à Bellande (Villebout). En début juin, on le renseigne chez Gaston HALLOUIN et son épouse, qui habitaient à Bellande dans un "lodge" (chalet) isolé à l'extrémité Ouest du Bois du Verger, à quelques centaines de mètres de la Forêt de Fréteval, au Sud-Ouest de Cloyes-sur-le-Loir. Dans leur jardin, deux tentes qu'ils installèrent et dans l'une desquelles Donald Hoilman logea un temps, en compagnie de son co-équipier George Solomon, du Sgt Marion Knight et d'un autre américain, "Lucky" (qui est Guy Golden).

On érige un camp secret dans la forêt même où d'autres aviateurs commencent à arriver et le 10 juin, les quatre Américains, accompagnés de Dennis Pepall et William Brayley sont transférés au premier camp établi dans cette forêt, à Bellande. Knight, qui était "cattle ranger" (éleveur de bétail) aux Etats-Unis, y remplit les fonctions de boucher et chevillard, allant parfois à la chasse aux moutons, cochons ou lapins dans les environs.

C'est ainsi que Golden arrive le 10 juin 1944 en compagnie d'autres aviateurs au camp de Fréteval à Bellande, d'où il sera libéré le 13 août par des troupes américaines. Rentré en Angleterre, Guy Golden y est interrogé le 15 août 1944 par l'I.S.9.

Guy Golden est venu en Europe en 1981 et est passé en France. Outre la région la Forêt de Fréteval et Bellande, il visite d’autres localités pour rencontrer des familles ayant eu un rôle dans la vie du camp.


Guy Golden en juin 1981 devant le monument aux morts du Maquis
de la Forêt de Scévonnes, à Guesnes (Vienne, France).
Photo via Susan Board.

Guy H. Golden Jr repose au Memorial Park Cemetery à Pine Bluff, Arkansas.

La belle-fille de Guy Golden, contactée par nos soins pour l’aviser d’une cérémonie prévue en juin 2014 à Bellande pour commémorer le 70ème anniversaire de l’ouverture des camps de Fréteval, a fait le déplacement avec son mari pour y assister.


Susan Board, belle-fille de Guy Golden, et son mari Joe à Bellande le 29 juin 2014
lors des cérémonies du 70ème anniversaire de l’ouverture des camps en Forêt de Fréteval.
(photo via Susan Board).


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters