Aviateurs de l'opération Marathon

Dernière mise à jour le 10 juillet 2023.

Clyde Edward HEWITT Jr / 35562132
12251 East 25th Avenue, Gary, Lake County, Indiana, USA
Né le 8 mars 1921 à Chenoa, McLean County, dans l'Illinois / † le 15 juin 1995 à Portage, Indiana, USA
T/Sgt, USAAF 306 Bomber Group 423 Bomber Squadron, opérateur radio
Atterri au Sud de Saint-Just-en-Chaussée, Oise, France (son rapport d'évasion indique "Amyville", mais aucune localité de ce nom n'existe et nous pensons qu'il pourrait s'agir d'Hémévillers à 20 km au Sud-Est de Saint-Just-en-Chaussée).
Boeing B-17G-BO Flying Fortress N° série : 42-31388 (RD-A), abattu par la Flak et achevé par des chasseurs lors de la mission du 11 février 1944 sur Frankfurt.
Écrasé dans un champ sur la commune de Campremy, près de Wavignies (Oise), au sud d’Amiens (Somme), France.
Durée : 6 mois.
Camps Marathon : Fréteval

Informations complémentaires :

Rapport de perte d'équipage MACR 2527. Rapport d'évasion E&E 1058 disponible en ligne.

Le B-17 décolle de Thurleigh vers 07h00. Touché par la Flak au-dessus de Frankfurt, l'appareil a de gros trous dans les ailes, sa queue est presque arrachée, du carburant s'échappe des réservoirs. L'intercom est hors d'usage et le pilote donne l'ordre verbal d'évacuer l'avion. Le mitrailleur ventral S/Sgt James H. Coleman, atteint par un obus, est mort à son poste. La page 33 du MACR porte la mention manuscrite de ses nom et matricule sur la traduction d’un rapport allemand KU858 indiquant la découverte d’un corps de "pilote" trouvé en liaison avec la Forteresse de Sanders et Feilbach. Il y figure qu’il a été enterré au cimetière militaire de Beauvais-Marissel. Bien que dans leurs rapports, d’autres membres de l’équipage indiquent qu’il a été retrouvé près des débris du B-17 et enterré dignement par des civils français, il semble y avoir confusion, car Coleman figure toujours à la liste des Disparus et son nom est repris aux Tablettes des Disparus du Cimetière Américain des Ardennes à Neupré, près de Liège.


L’équipage original du Lt Geno DiBetta en début novembre 1943
(sans Raymond Feilbach, Jerroll Sanders, James Coleman ni Eldon Weseloh) – Source : www.306bgus
où il y a erreur dans la légende. C’est Clyde Hewitt et non pas Guy Golden qui est debout, le 3ème depuis la gauche (confirmé par le fils de Hewitt en juillet 2023…)

Trois hommes seront fait prisonniers, le navigateur Lt Raymond F. Feilbach, le bombardier Lt Jerroll E. Sanders (tous deux arrêtés dès leur arrivée au sol), le mitrailleur dorsal T/Sgt Fortunato V. Chiccarelli (blessé au bras, d’abord soigné, vraisemblablement par un médecin, le docteur Édouard REDAUD de Clermont, mais obligé après deux jours, suite à une infection, d’être pris en charge par un hôpital à Beauvais où Bergeron ira le voir avant que les Allemands n’arrêtent son co-équipier).

Outre Hewitt, cinq autres parviendront à s'évader: le pilote Geno Di Betta, le copilote Earl Wolf, le mitrailleur gauche Guy Golden, le mitrailleur droit Leonard Bergeron et le mitrailleur arrière Eldo Weseloh.

Clyde Hewitt saute à environ 2100 m et son rapport d'évasion indique que lui et Bergeron étaient tombés près l'un de l'autre et qu'ils ont été rapidement rejoints par Golden. Ils sont placés dans une meule de foin, puis transportés en charrette dans une autre famille. Ils rencontrent un maire [le sous-prefet Georges FLEURY] et un autre homme, "Gaston" [LEGRAND], et sont menés à Clermont, chez "Odette" [SAUVAGE]. L'intervieweur précise qu'il doit donc s'agir d'Odette SAUVAGE née GRIGAUT. Les rapports de Bergeron et Golden parlent de Gaston et "sa femme ODETTE", Bergeron précisant que le nom de Gaston est LEGRAND. Il s'agit donc bien d'Odette SAUVAGE et de son compagnon Gaston LEGRAND, dont nous reproduisons une photo ci-dessous avec Edmond, le fils d'Odette.


Edmond et Odette Sauvage, Gaston Legrand.
.

De là ils se rendent en camion à Gravoux (Gouvieux ?), où Bergeron les quitte. Hewitt et Golden accompagnent alors une jeune fille anglaise et un jeune homme italien, ce dernier vraisemblablement nommé "Laurel". Il s'agit d'Innocente LAURO, un Italien au 1bis Rue Boran à Gouvieux, Oise. On demande à Hewitt de tenter, à son retour en Angleterre, d'entrer en contact avec quelqu'un au 88 Wynchgate, Southgate à Londres M 13.

Après une semaine, Hewitt est déplacé vers Blancourt où il loge chez "Pierre", maître d'école. Pour se restaurer, il allait au bas de la rue chez "André", sa femme et ses deux enfants. Ensuite, Hewitt et Golden partent ensemble à pied jusqu'à Neuilly-en-Thelle chez le Docteur Charles ANDRIEU et son épouse Marie Geneviève GRANGER au 39 Rue de Paris, où ils logent pendant quelques semaines (Mme GRANGER rapporte par ailleurs que c'était du 13 février au 13 avril). Hewitt précise que se trouvaient là, Louis, 22 ans et son frère, 15 ans, qui allait à l'école (Le couple ne devrait avoir qu'un fils, Paul, né en 1929 ?)

Ce 13 avril, le Dr ANDRIEU est arrêté en transportant dans sa voiture d'autres Américains blessés qu'il soignait depuis quatre jours. Il s'agit de quatre membres de l'équipage du B-17 N° 42-31258, "Lucky Strike" tombé le 10 avril 44 à proximité. Aidés par COMÈTE, ils seront arrêtés ultérieurement et ont chacun une page sur ce site: William Dearing, James Hanrahan, John Hedlund et Grady Justice. Le médecin est relâché le lendemain, après avoir déclaré qu'il avait été obligé de prendre ces hommes par un certain Maurice Lefèvre.

Hewitt mentionne que peu après Pâques (qui tombait le 9 avril cette année-là et donc la date du 13 avril paraît ainsi confirmée), Golden et lui sont guidés vers Bornel, à 7 km au SO de Neuilly-en-Thelle, où on (Gilbert THIBAULT) leur apprend qu'ils sont à présent en charge d'une autre organisation. Après deux jours, ils vont à Jouy-sous-Thelle et logent chez un professeur donnant cours à Beauvais, sa femme et ses deux enfants. La dame précise à Hewitt que son père, le Précepteur GARCIN, habite à Fort de France en Martinique.

Trois semaines plus tard, les deux aviateurs sont menés à Chaumont-en-Vexin, y restent une nuit et le lendemain, avec six autres évadés et guide(s), prennent un train pour Pontoise. Là, deux femmes les approchent et les emmènent en camion vers Argenteuil. Arrivés là, les hommes étant groupés par deux, Hewitt et Di Betta vont loger à Argenteuil au 6 Rue Belin, une pâtisserie appartenant à la famille VILLENEUVE, dont la fille Denise leur servira souvent de guide. Marvin Goff et William Yanzek logent en face chez un "Mr BREDECHE". Un chef de la Résistance, "Mr Bonnet" déclare à Hewitt et Di Betta qu'ils partiront vers l'Espagne. Il s'agit de Charles BIENNAIS du 6 Avenue Maria puis 31 Boulevard Thiers à Argenteuil en Seine & Oise, qui est régisseur-économe de la cantine où sont rassemblés les aviateurs. Ayant quitté les VILLENEUVE, Hewitt, Di Betta, Goff et Yanzek sont menés en train vers Paris par un "Pierre", lunettes noires, qui les guide jusqu'à un magasin de fleurs. Ce doit être chez Andrée DONJON alias 'Dubrisay', célibataire fleuriste au 60 Rue de Bellechasse à Paris VIIe, et le guide devrait être Pierre ROBERT alias "Petit Pierre, Pierre Lorriaux, P. Lesueur, Daniel Bélier" époux de Hélène PERIN du 26 Avenue Pierre Ier de Serbie à Paris XVIe.

Le rapport de Di Betta apporte des éléments complémentaires à ce qui figure dans celui d'Hewitt concernant les mouvements cités dans le paragraphe précédent: Huit évadés, dont Di Betta fait partie (ainsi donc que Hewitt), sont menés en voiture vers Bornel, à 7 km au SO de Neuilly-en-Thelle, et logent chez un mécanicien propriétaire d'un garage. Après trois nuits passées là, un homme de grande taille les conduit à Le Mesnil-Théribus dans l'Oise, où ils restent 3 ou 4 semaines en compagnie d'un suisse nommé "Friari" chez une "Mme Bonin". Il s'agit de Roger FRARI de Le Mesnil-Théribus et de Marie-Louise BONNIN, qui y habite avec son fils. Là, Gilbert THIBAULT leur dit qu'ils sont pris en charge par une organisation militaire et qu'ils ne bougeraient pas avant 1 ou 2 mois, après quoi on les dirigerait vers Paris et l'Espagne. Après ce séjour chez Mme BONNIN, Di Betta indique qu'ils sont partis vers Chaumont ou Beaumont (en fait, donc, Chaumont-en-Vexin) avec un homme de petite taille, instituteur, parlant un peu l'Anglais, afin de prendre un train. Il semble cependant que Clyde Hewitt ne soit resté qu'une nuit chez Mme BONNIN où Gilbert THIBAULT est venu le chercher pour le conduire en direction de la capitale.

Reprenons le rapport d'Hewitt, qui indique qu'arrivés dans la capitale, ils restent quelques heures dans un magasin de fleurs où arrivent une grande femme blonde (vraisemblablement "Anne" ou Germaine MELISSON née BOHEL du 8 Rue de Montessuy, Paris VIIe.) accompagnée d'une dame plus âgée (peut-être Jeanne de CHABAUD la TOUR veuve (depuis 1940) de Maurice DARCY alias 'Marie France, Mme de Tashor', du 51 Rue de Bellechasse à Paris VIIe, pour qui travaille Germaine MELISSON-BOHEL) qui les mènent vers l'appartement de Philippe d'ALBERT-LAKE, puis pendant la nuit vers celui de sa femme Virginia, au 1er étage d'un bloc situé au 1bis rue Vaneau, dans le 7e Arrondissement.

Le lendemain, ils partent avec "Annie" (blonde, plus petite que Germaine MELISSON - probablement Anita LEMONNIER alias 'Anne' du 2 Rue Ernest Renan à Paris XVe.) pour Châteaudun où ils rencontrent un guide, 1m75, portant lunettes, qui les guide vers une ferme où se trouvent une dame de 34 ans et un garçon de 22 ans. Arrive alors LUCIEN (BOUSSA), remonté d'Espagne avec son opérateur radio François TOUSSAINT et qui les conduit vers un camp dirigé par un F/Lt de la RAF, "PETE" (il s'agit de Leslie Berry, chef du camp de Bellande dans la Forêt de Fréteval).

Vu l'arrivée de nombreux autres évadés, un autre camp doit être établi, à Richeray, à 3 km au Nord de Busloup, et six hommes quittent Bellande, suivis par après de cinq autres, dont Hewitt. Les camps de Fréteval sont libérés par des troupes américaines le 13 août 1944 et Hewitt rentre en Angleterre par avion le 18 pour y être interrogé le lendemain par l'I.S.9.

Clyde Hewitt repose au Calvary Cemetery à Portage, Indiana, USA.


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters