Personne passée par Comète via les Pyrénées

Dernière mise à jour le 14 décembre 2012.

Paul Edward GREGORY / O-735954
501 N. James Street, Rome, New York, USA
né le 20 juin 1915 / † le 19 novembre 2003 à Rome, Etat de New York
Lt, USAAF 95 Bomber Group 412 Bomber Squadron, bombardier
Lieu d'atterrissage: Près de Neer, Pays-Bas
Boeing B-17F Flying Fortress (Forteresse Volante), 42-3317, QW-Y / "Spirit of 76", abattu le 30 novembre 1943 lors d'une mission sur Solingen.
Ecrasé au "Sterrebos" près de Haelen, à 4-5 km au NO de Roermond, Pays-Bas
Durée : 6 semaines
Passage des Pyrénées : le le 9 janvier 1944

Informations complémentaires :

Rapport d'évasion n° MACR 1559. E&E 379 (disponible en ligne et voirs aussi dans n° 378 de Robert Gilchrist).

Paul Gregory est du même équipage que le copilote Robert Gilchrist, le mitrailleur ventral Francis McDermott, le mitrailleur ventral Paul Appleby, le mécanicien T/Sgt Elmer Gilcrease, le radio S/Sgt Max Gottlieb et le mitrailleur arrière S/Sgt Charles Higgins. Le corps du navigateur William L. Lohmann fut retrouvé flottant dans la Meuse à Kessel le 21 juillet 1944. D'abord inhumé à Kessel, il repose en Belgique au Cimetière Américain de Neuville-en-Condroz. Le pilote Arthur C. Hensler ainsi que le mitrailleur gauche S/Sgt Jack B. Hyatt furent rapidement faits prisonniers.

Après le largage des bombes, l'appareil est touché sous l'aile droite par un obus de la Flak. La pression d'huile baisse dans le moteur n° 4 et bientôt le même phénomène se produit sur le n° 3, leurs hélices s'emballant dangereusement. Comme il est impossible de rester dans la formation avec seulement deux moteurs et malgré que l'équipage jette par-dessus bord tout ce qui peut l'être, l'avion perd trop d'altitude. Vers 1400m, le moteur n° 1 explose, l'hélice du n° 3 perd une pale qui touche le stabilisateur vertical : l'ordre est donc donné de sauter alors que le B-17 vient de passer la frontière germano-hollandaise.

Paul Gregory saute comme les autres au-dessus de la Meuse, à proximité de Roermond et il atterrit vers 13h00 dans un champ labouré près de Neer. Il est rapidement emmené par un homme dans une grange à 600 mètres où se trouvent deux hommes. Il reçoit une salopette et suit un des hommes à 100 m dans un moulin où une femme lui donne des habits de son mari, puis il est ramené à la grange et caché sous des détritus. Une demi-heure plus tard, un réfractaire en cavale vient le voir et lui parler. L'homme qui lui a donné la salopette revient le voir aussi et semble être un chef. Il amène avec lui un canadien appelé Allen MacIntosh, abattu depuis 3 semaines, et qui loge chez lui.

Après trois nuits, Gregory va à la ferme où loge MacIntosh (il doit s'agir de la ferme des SCHIPPERS-RUTTEN à Neer). Les deux hommes sont ensuite conduits en voiture à la cure où ils retrouvent leur co-équipier Robert Gilchrist. Gregory va dormir ailleurs et MacIntosh dans une autre maison encore.

Gregory, Gilchrist, ainsi que quatre autres hommes du "Spirit of '76" se retrouvent par la suite sains et saufs au café "De Rode Kar" environ quatre jours après leur atterrissage. Ils citent Neerpelt, Overpelt et Antwerpen ainsi qu'une liste de personnes : G. H. VOSSEN, au Spikker 226 à Haelen, Alda SPOOREN d'Haspershoven à Overpelt, par la suite un M. MAES au café "De Zwaan" au 41 Klapdorp à Antwerpen (ce dernier est un agent d'Elie MIROIR). Selon des sources hollandaises, Paul Gregory a reçu de l'aide des résistants GUNNEWEGH, HOMBERG et POELS, qui sont peut-être les noms des hommes qui l'ont aidé peu après sa chute.

Gregory et Gilchrist sont alors emmenés dans une voiture de police à Weert, à 30 minutes de là, avec Appleby, McDermott et Higgins. Après 30 minutes de route, ils rencontrent un homme chargé de la mise en valeur des marais dans la zone et un jeune opérateur radio (vraisemblablement Max Gottlieb) qui y était déjà arrivé. Gilcrease, Gottlieb et MacIntosh sont ensemble pour aller tous au restaurant vers 17 h. Selon le rapport d'évasion de Gottlieb, cette rencontre a eu lieu le 8 décembre 1943 et des sources confirment les retrouvailles dans la localité de Horn, chez le vicaire ("kapelaan") Harry JANSSEN (nom de guerre "Bergmans").

Des hommes partent le soir près de la frontière dans un camion de laiterie, accompagnés d'un gendarme hollandais. Ils se rendent dans un tout petit village frontalier (vraisemblablement Neeritter), dans une maison qui ressemble à un réfectoire abandonné. Beaucoup de ces guides sont en uniforme de gendarmes pour éviter les ennuis en cas de rencontre avec des Allemands. Dans cette maison, un jeune homme d'environ 19 ans parle assez bien anglais. Il y a aussi une femme et deux enfants.

Gregory, Higgins et Gilchrist quittent les autres à ce moment et ne les reverront plus. Ils roulent à vélo 45 minutes (7 Km) avec trois guides armés en uniforme. Ils vont vers une grille gardée et prennent un chemin latéral sur 1,5 Km avant de rencontrer deux Belges dont un en uniforme et manifestement vétéran de l'autre guerre. Ils les emmènent dans une maison plus loin, où Dwight Fry et un Anglais nommé Edward Johnson ont logé. Nous pensons que ce doit être à Hamont chez Frans WIJNEN et son épouse avec la date du 3 décembre 1943 pour l'arrivée là des trois hommes. Ils y dorment une nuit, dans une belle maison à trois étages où vivent un ménage et plusieurs enfants, qu'ils ne voient pas. Jules DEMEY, agent Marc VN/JM-223X au 08 Hepperspoort à Maaseik, transmet son identité, reçue de Pierre MOORS de Hamont.

L'après-midi suivante, ils se rendent à vélo à Neerpelt avec l'ancien soldat et y rencontrent un homme dans la quarantaine. Gregory et Higgins vont dormir dans une maison où habite une grand-mère avec trois hommes de 25 à 35 ans et une petite fille de 7 ans. Gilchrist, lui, va dormir un pâté de maison plus loin où il rencontre Robert Sheehan. Son hôte a une fille corpulente qui s'appelle Alda (Il doit s'agir d'Alda SPOOREN, citée plus haut).

Plus tard, Gregory et d'autres rencontrent un résistant chef de district (un ancien sous-officier de l'armée belge au nom de code LBC11, vraisemblablement Louis VROLIX, d'une organisation qui semblait aider des aviateurs). Ils apprennent que l'on envisage de les faire partir vers la Suisse et qu'un Canadien, un Néo-Zélandais appelé Tony et un mitrailleur arrière anglais seraient en ville également.

Ils remettent tout l'argent de leurs kits d'évasion à LBC 11 qui leur laisse 100 FB et des tickets de train pour Anvers. Le logeur de Gregory les guide dans Neerpelt pour les mener à la gare. Il semblerait que Sheehan déjà soit parti la veille. LBC 11 et sa femme sont dans le train qui mène Gregory et les autres vers Anvers.

A Anvers, ils rencontrent Gustaav BUSSCHOTS, qui les prend en trolleybus jusqu'au café "De Zwaan", au 41 Klapdorp, dont le tenancier, Marcel MAES, un homme assez corpulent de 50 ans avec moustache, est un agent de Elie MIROIR. MAES leur fait mémoriser son adresse et les hommes restent 3 jours chez lui. On leur dit attendre que l'on ait éliminé un homme à Bruxelles avant de les faire bouger à nouveau. Par la suite, Higgins part avec un petit homme chauve un jour avant Gregory et Gilchrist.

Le 11 décembre, Gregory et Gilchrist vont avec Marcel DAELEMANS en train électrique à Bruxelles où ils sont attendus par un petit homme aux lunettes épaisses (Elie MIROIR). Une jeune fille (Aline DUMONT) vient les prendre en banlieue, puis ils vont dans l'appartement d'un jeune couple, dont le mari est photographe. De là, ils sont guidés chez Jacques DE BRUYN, au 135 Rue des Confédérés, où Jacques vit avec sa mère. Le soir, Henri MALFAIT guide Gilchrist de l'autre côté de la ville. Là, il voit Aline DUMONT apporter environ 20 aviateurs dont Raymond Nield et Frank Hill. Un petit homme au nez crochu et aux cheveux noirs fait le voyage de Paris tous les trois jours, c'est Albert MATTENS. Toutes les maisons du groupe sont pleines d'évadés.

Le 3 janvier, Mme DE BRUYN mère guide Gilchrist à la gare, son fils Jacques se chargeant de Gregory. Ils rencontrent Albert MATTENS, prennent un train à 20 heures, changent à Mons et prennent ensuite un omnibus vers un petit village frontalier (Aulnois). Un petit homme âgé les prend en charge pour les conduire en compagnie de Jacques DE BRUYN chez un autre homme âgé chez qui ils dorment environ quatre heures. Déjà en possession de faux papiers français, Gregory et Gilchrist y abandonnent leurs papiers belges.

Selon les notes d'Achille JAUPART, Désiré DELHAYE d'Aulnois lui a amené Gregory chez lui au n° 6 Rue d’Esquerbion à Givry le 03 janvier 1944, en même temps que Robert Gilchrist. Restés 3 jours chez JAUPART à Givry, Gregory et Gilchrist auraient alors été "convoyés vers Maubeuge puis Paris". Il s'agit du seul passage par Aulnois de Jacques DE BRUYN, avec Albert Pepper.

C'est Albert MATTENS qui est chargé de guider Gregory, Gilchrist et Pepper juqu'à une petite gare où à 06h00 ils prennent le train pour Paris. Une épave de train encombrant la voie, vraisemblablement suite à du sabotage, ils doivent la contourner pour monter dans un autre convoi pour arriver finalement à Paris vers 15 heures, le 04 janvier 44. (Il est à noter que le nom de Gregory figure sur une liste d'Amanda STASSART comme ayant été guidé par elle depuis la frontière jusqu'à Paris.)

Gregory et Pepper vont dans un appartement à l'étage d'un immeuble où ils rencontrent un homme blond d'environ 35 ans qu'ils appellent "Cashbox". Nous pensons qu'il doit s'agir de Jacques LE GRELLE. Avec lui se trouve une brunette qui après un quart d'heure leur fournit de nouveaux faux papiers français. Une femme blonde platinée dans la quarantaine et portant de fortes lunettes les conduit alors dans un magasin d'habillement. Une autre blonde de 35 ans (Germaine FLACHET) qui a été mariée à un marin anglais, conduit alors Gregory dans un appartement au sommet d'un immeuble.

A Paris, Gregory retrouve Sheehan arrivé la veille, ainsi que Frank Hill et Fred Williams. Le lendemain, Marcelle DOUARD prend en charge Gregory et Sheehan, tandis qu'une autre personne s'occupe de Nield et Williams. Ils revoient "Cashbox" et prennent alors un train pour Bordeaux.

Ils sont accueillis à Bordeaux par un grand homme de 23 ou 24 ans aux cheveux noirs (Jean-François NOTHOMB, alias "Franco") et Marcel ROGER. On leur dit de bien regarder à quoi ressemble le plus grand des deux (NOTHOMB), car ils le retrouveront plus tard. Par la suite, une femme amène Stanley Alukonis et Andrew Lindsay dans leur groupe.

Gregory arrive par la suite chez les DE GREEF à Anglet (il doit s'agir de l'auberge Larre de Jeanne Marthe MENDIARA-VILLENAVE, à Sutar) avant de passer les Pyrénées dans la nuit du 09 au 10 janvier 1944 en compagnie de Fred Williams, Raymond Nield et Robert Sheehan. C'est le 89e passage de Comète, seuls avec les guides de Pierre ELHORGA en passant par Larressore.

Lors du passage de la frontière, à proximité de Jauriko borda, des gardes espagnols tirent sur le groupe d'évadés et Grégory, arrêté, est interrogé par un sergent qui lui demande s'il est un "evader" ou un "escaper". La dernière nuit, à Urdax, deux Français (ou des agents allemands) lui posent un tas de questions et à Irun, ces deux mêmes Français essaieront d'écouter les conversations des évadés, qui rapportent par la suite ce fait au consul américain, M. Wannamaker.

Le rapport d'évasion de Gregory mentionne qu'il est arrivé à Alhama de Aragon le 1er février 1944 ; qu'il a atteint Gibraltar le 3 et qu'il a quitté cette ville le lendemain par avion pour arriver le 5 février 1944 à Preswick en Angleterre.

Merci à Philippe Save pour ses informations. La photo en uniforme a été fournie par sa fille Susan Gregory.


Mot de remerciement de Gregory dans le carnet de Pierre Elhorga.


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters