Dernière mise à jour le 31 août 2018.
Lowell Isaac CREASON / 37138269
3300 West Coleman Road, Kansas City, Jackson County, Missouri et Lake Maurer Road, Excelsior Springs, Missouri, USA
Né le 3 août 1919 à Excelsior Springs, Missouri / † le 5 février 1986 à Kansas City, Missouri, USA
S/Sgt, USAAF 322 Bomber Group 449 Bomber Squadron, opérateur radio
Atterri à 2 km de Lederzeele, Pas-de-Calais, France.
Martin B-26B-30-MA Marauder N° série : 41-31948 Immatriculation/Nom: PN/K,abattu par la Flak le 14 janvier 1944 lors d'une mission sur des sites d'armes V dans la région de Saint-Omer, Pas-de-Calais, France.
Ecrasé au Sud de Gravelines, Nord, France.
Durée: 3 mois.
passé en Espagne.
Le rapport de perte d'équipage relatif à la perte de cet appareil: MACR 1748. Rapport d'évasion E&E 616, disponible en ligne.
Le Marauder décolle de Saint Andrews vers 09h30. Une minute après le largage des bombes, l'appareil est atteint par la Flak. L'intercom est hors d'usage et le pilote fait retentir la cloche d'alarme.
Le pilote, le 1st Lt Samuel A. Walker Jr. est fait prisonnier, de même que le copilote 2nd Lt James D. Pearson, le mitrailleur dorsal T/Sgt John J. Perhart et le mitrailleur arrière S/Sgt Edward G. Riegelhuth.
Outre Lowell Creason, deux autres hommes parviendront à s'évader : le navigateur/bombardier Paul Wolff et le mitrailleur ventral S/Sgt William J. Brogle, qui volait habituellement avec un autre équipage (il restera caché dans le Pas-de-Calais jusqu'à la Libération en septembre 1944 - E&E 1567).
Lowell Creason, dont c'est la 28ème mission, saute à 4200 m via la soute à bombes derrière Wolff et Walker. Le co-pilote Pearson se trouve debout derrière lui au moment où il saute. Creason se blesse sérieusement à l'oreille à l'ouverture de son parachute et perd son kit d'évasion dans sa chute. Il atterrit dans un champ labouré et alors qu'il se défait de son parachute, trois jeunes français accourent près de lui, l'un d'entre eux met le parachute dans un sac tandis que les deux autres emportent le reste de son équipement et le mènent à une cachette dans des buissons, où il reste tout l'après-midi.
On lui apporte furtivement de la nourriture et à la nuit tombée, un de ses helpers le mène chez lui et par après le conduit à vélo vers une cabane à Lederzeele où il retrouve son co-équipier Paul Wolff ainsi que Wayne Greer et Walter Satterfield, deux membres de l'équipage du B26 n° 42-31880 de sa même escadrille, tombés à quelques kilomètres de là.
Émile DE GRAEVE, fermier et représentant local du groupe de Résistance, arrive à la cabane, leur apportant de la nourriture. DE GRAEVE fera ensuite venir une nonne qui soignera la blessure à l'oreille de Creason. Le lendemain soir, les quatre hommes se restaurent chez DE GRAEVE, puis sont menés dans une autre maison du village voir le Sgt Daniel Mertes, également du 41-31880, dont les jambes sont paralysées.
Le lendemain avant l'aube, les cinq évadés sont guidés vers une grande ferme à 2 km de Lederzeele chez Louis VASSEUR, où ils restent deux jours. Une nouvelle leur parvient alors selon laquelle M. et Mme DEGRAEVE et leurs deux filles avaient été arrêtés peu après le départ des aviateurs qu'ils avaient hébergé. Mme DEGRAEVE et ses deux filles furent libérées après une semaine, mais Émile DEGRAEVE était toujours détenu lorsque Creason quitta les environs.
On mène ensuite les cinq aviateurs à une ferme où vivaient un belge, sa femme Marie et Cyrille le frère de celle-ci (Mertes cite le nom de "Van Moulins" = VAN MULLEN Arthur à Lederzeele). VASSEUR et le propriétaire de la ferme contribuaient aux frais nécessités par l'hébergement là d'aviateurs évadés. Le 8 ou le 9 février, Sylvia (23 ans, 1m60, blonde, yeux bleus, connaissant très peu d'anglais) et deux autres jeunes femmes arrivent de Paris et emmènent Creason, Satterfield et Wolff en camion jusqu'à Saint-Omer.
Nous retrouvons la trace de Lowell Creason dans les dossiers des agents français de Comète qui l'aident et notamment Gaston PLEHIERS et son épouse Émilienne CAGNARD du 4 Rue Victorien Sardou à Saint-Omer, qui l'hébergent. Les mêmes sources signalent que Creason et Paul Wolff sont alors passés par PLEHIERS à deux guides de Madeleine DUMONT qui les emmènent à Paris en février 1944 : Marie-Andrée COLOMB "Andrée" (habitant au 5 Rue Champfleury à Paris VIIe chez sa belle-sœur Madeleine DUMONT) et Louise LENOIR (dessinatrice célibataire au 36 Rue Erard Paris XIIe). Dans son rapport d'activités, Gaston PLEHIERS renseigne Creason comme "Greason Larvoll" et le mentionne avec quatre autres aviateurs.
Le rapport de Creason indique que de Saint-Omer, le groupe prend le train pour Arras puis un autre pour Paris. Arrivé là, Creason passe une nuit dans l'appartement d'un prêtre et le lendemain est mené par Sylvia d'abord chez un photographe, ensuite chez une Mme DE VILLATTE où il restera sept jours, dont quatre malade au lit. Il s'agit de Renée ASTIER de VILATTE au 32 Boulevard Émile Jourdan à Paris XIVe et employée au 48 Rue Théophile Gautier (laboratoires Choley) à Paris XVIe.
Sylvia vient le chercher pour le mener à son propre appartement dans la partie Est de la capitale. Il y loge pendant cinq jours avant que Sylvia le guide jusqu'à l'appartement des deux sœurs "MALAPRADE" (= Geneviève et Jacqueline de MALEPRADE) près du Bois de Boulogne (le dossier de Françoise BOURCART précise qu'il est situé au 9 Rue de Civry à Paris XVIe). Elles sont toutes deux maîtresses d'école (à l'Institut Sévigné, selon BOURCART) et elles hébergent Creason pendant près d'un mois, séjour au cours duquel plusieurs membres de l'organisation viendront le voir, mais plus Sylvia. A la fin février, une brunette, 1m55, yeux bruns, vient l'informer de ce que le chef de l'organisation et la plupart des membres du réseau ont été arrêtés. Par la suite, Creason apprend que la brunette a elle aussi été appréhendée, de même apparemment que Sylvia.
Mlle de MALEPRADE prend alors immédiatement contact avec quelques amis dont Creason reprend les noms dans son rapport, faisant remarquer qu'il n'est pas certain de l'orthographe de leurs noms. Il cite donc, Francis "BOSQUET", sa femme "LOUISE", leurs deux enfants, André 9 ans et Jacqueline 13 ans. Il précise que BOSQUET dirige une importante imprimerie et a des amis au Stuart's Dress Shop à Remley House, près de Piccadilly, Londres. Le rapport d'activités de Francis BOUCHY (c'est le "Bosquet" de Creason), imprimeur au 147 Boulevard Saint-Michel, nous apprend que Françoise BOURCART, gardienne d'enfants célibataire, a logé Creason une nuit chez elle au 70 Rue d'Assas, Parix VIIe. Elle avait été le chercher chez les sœurs de MALEPRADE avec Mme BOUCHY (Suzanne DELRIEUX). Dans son document, Creason mentionne avoir vu des ouvriers travaillant à la construction d'un tunnel au coin de la Rue d'Assas et de la Rue Guynemer.
Vers le 8 ou 9 mars, on mène alors Creason chez les BOUCHY, 147 Boulevard Saint Michel à Paris VIe près des Jardins du Luxembourg, et il apprendra par la suite qu'à peine avait-il quitté l'appartement des de MALEPRADE que la Gestapo y avait fait irruption. Les deux sœurs furent arrêtées mais rapidement relâchées après un interrogatoire infructueux. Comme le rapport de Creason indique qu'il est resté avec Paul Wolff jusqu'au 9 mars, sans plus toutefois le citer ni l'évoquer depuis sa mention du 8-9 février, on peut penser que Wolff a suivi le même parcours jusqu'à cette date (?)
Le ménage BOUCHY procure de nouveaux vêtements et des faux papiers à Creason et le 23 mars, arrive chez lui une femme nommée AUBERY, 1m75, environ 35/40 ans, brunette, mince, portant lunettes, à la tête d'un autre réseau. Elle emmène Creason à l'appartement de Mme Jules HENRI, près de la Place de la Concorde, où elle demande à Creason de vérifier l'identité de Pederson qui se trouve là. Il s'agit du S/Sgt Arnold O. Pederson, mitrailleur dorsal du B-17 n° 42-37946 du 452 Bomb Group abattu le 8 février 1944 et dont Pederson est le seul membre de l'équipage parvenu à s'évader. A noter que dans le rapport de Pederson, l'E&E 615, la date à laquelle AUBERY le fait questionner par Creason est le 25 et non le 23 mars…
Creason reste deux jours chez Mme Jules HENRI, décrite par Pederson comme grande, brunette, mariée à un diplomate français se trouvant alors aux USA et maman d'un étudiant à l'Université de Paris. A la fin de son séjour chez Mme HENRI, une jeune fille vient alors chercher Creason pour le conduire dans un autre quartier de la ville et le remettre à un jeune homme que Creason accompagne jusqu'à un café. Pederson précise que la date est le 28 mars et que la jeune fille en question est prénommée PAULETTE, dont la sœur, son mari et elle-même avaient hébergé Pederson et un autre évadé, le T/Sgt Archie R. Barlow (seul évadé du B-24 n° 42-7635 du 44 Bomber Group abattu le 21 janvier 1944 - évacué par le réseau Marie-Odile vers les Pyrénées et Sort avril/mai 1944 - E&E 687)). Pederson indique que la sœur de PAULETTE et la fille du propriétaire d'un autre café où travaillait PAULETTE, amènent Pederson à cet autre café, où il revoit Creason et rencontre le Lt Lathrop (voir ci-dessous), le Fl/Lt David Goldberg (RCAF, pilote du Spitfire MJ356 abattu le 8 mars 1944 - évacué vers les Pyrénées en avril 1944 par le réseau Françoise de Marie-Louise DISSARD - SPG 3319/1910) et le S/L Robert Gordon Crosby (RCAF, Typhoon JP446 abattu le 3 janvier 1944 - évacué vers les Pyrénées en avril 1944 par le réseau Françoise de Marie-Louise DISSARD - SPG 3319/1908).
Le rapport de Creason indique que lui et les quatre autres prennent un train pour Toulouse et qu'à partir de ce moment le récit de son évasion est le même que celui de Lathrop, ce que signale également Pederson dans son rapport. Creason conclut son propre rapport en signalant que l'organisation a grand besoin de vêtements civils et plus particulièrement de chaussures pour équiper les évadés.
Le Lt Neil H. Lathrop est le pilote du B-17 n° 42-30386 du 305 Bomb Group abattu le 7 janvier 1944. La lecture de son rapport d'évasion (E&E 613) nous apprend que le café du rendez-vous est le QG du réseau "Françoise" de Marie-Louise DISSARD cité plus haut. Nous reprenons ce qu'il relate depuis le départ des cinq évadés pour Toulouse: leur guide est un jeune étudiant de l'Université de Toulouse, portant des lunettes noires et un chapeau enfoncé bas sur la tête. Arrivés à Toulouse, ils prennent une micheline jusqu'à Montesquieu, puis un bus jusqu'à St-Girons où ils séjournent huit jours dans une grange au pied des Pyrénées. Le septième jour, ils sont rejoints par un John Watson Smith (que Lathrop avait rencontré auparavant, un citoyen britannique, né en Afrique du Sud et recherché par la Gestapo pour avoir aidé un autre aviateur évadé).
Lathrop ne précise pas comment ils ont été guidés à travers les Pyrénées, mais nous retrouvons quelques détails dans le rapport du 2nd Lt Michael L. Smith (pilote du P-47 n° 42-76337 du 366th Fighter Group le 17 mars 1944 - E&E 614).
Smith rapporte qu'arrivé à une ferme en flanc de colline, il y a rencontré Lathrop, Pederson, Creason, Goldberg, Crosby et le Fl/Lt Watkins (P/Off William E. Watkins, pilote du Typhhon JR309 abattu le 13 février 1944 - SPG 3319/1909). Ces hommes se mettent en route durant la nuit du 7 avril à travers les Pyrénées. Après 6 heures de marche, ils rencontrent un autre groupe, dont le guide promet d'aller rechercher l'un des hommes que le groupe de Creason avait dû apparemment abandonner en route dans une maison pour cause de blessure.
Le 8 avril, ils atteignent le sommet d'une montagne escarpée et en descendant l'autre versant, un fort orage vient compliquer leur avance. D'autant plus, rapporte Smith, que l'un des canadiens marchait pratiquement pieds nus et que Goldberg et un bombardier américain (?) étaient en sérieuses difficultés. [Dans son rapport, Creason mentionne que lors de la première nuit dans les Pyrénées, Lathrop a pratiquement porté un des deux canadiens sur son dos pour passer la montagne. Il ajoute qu'à un certain moment, David Goldberg a glissé sur la glace recouvrant un rocher et que le Lt Smith a pu l'attraper et ainsi éviter qu'il ne chute dans le précipice.]
Les hommes se réfugient alors dans une vallée où ils passent la nuit, durant laquelle leur guide les abandonne. Dès lors, le groupe de Smith et Creason se sépare de l'autre groupe, guidé semble-t-il par un français et un belge, ce 2ème groupe de sept évadés retournant alors vers St-Girons et Toulouse avec ces guides. Creason, Smith et leurs camarades continuent alors leur progression, avec un guide "de l'organisation" faisant avec eux le parcours, apparemment nouveau pour le réseau, de manière à en faire la reconnaissance.
Le groupe de Creason remonte le versant de la montagne et, via des sentiers battus, atteint la rivière Pallaresa. Leur guide leur confirme alors qu'ils se trouvent bien en Espagne et les mène au-delà de Port de Salau où ils passent la nuit du 9 avril dans la maison d'un ami espagnol du guide. Le lendemain, le groupe marche le long de la rivière et arrive à Esterri d'Àneu où leur guide les remet à son jeune frère qui marche avec eux jusqu'à Escaló.
Les rapports d'évasion ne donnent pas l'identité des guides, mais le nom de Creason apparaît dans une liste de sept aviateurs retrouvée dans les papiers de Jaume SOLDEVILLA et son épouse Generosa (née CORTINA), travaillant en Catalogne pour le réseau belge Jean et le réseau local François. Il y est indiqué que Jaume a guidé Creason à travers les Pyrénées et l'a amené en Espagne.
Les évadés logent là chez un autre frère du guide, tandis que leur guide initial se rend à Barcelone pour y prendre contact avec le consulat britannique. Le 22 avril, un camion à l'avant duquel est assis un capitaine d'artillerie espagnol, vient les chercher pour les conduire à Barcelone où ils arrivent le 23. Le consul remet 200 pesetas à chaque évadé, de même que des vêtements civils et les fait loger dans diverses maisons et hotels de la ville.
Creason confirme dans son rapport qu'il arrive en Espagne le 10 avril 1944, atteint Gibraltar le 28 via Madrid, où il se trouve au Consulat américain avec Lathrop, Pederson et le Lt Michael L. Smith et qu'il quitte Gibraltar par avion le 4 mai pour arriver le lendemain à Bristol en Angleterre. Il est interviewé le même jour à Londres par l'I.S. 9.
Lowell Creason repose au Crown Hill Cemetery à Excelsior Springs, Missouri.