Personne cachée jusqu'à la libération

Dernière mise à jour le 31 août 2018.

Daniel Joseph MERTES / 06858285
Saint Joseph, Minnesota, USA.
Né le 26 mars 1918 à Saint Cloud, Stearns County, Minnesota, USA / † le 4 février 2007 à Branson, Minnesota, USA.
T/Sgt USAAF 322 Bomber Group 449 Bomber Squadron,
à 1 km à l'Ouest de Lederzele, Pas-de-Calais, France.
Martin B-26B-30-MA Marauder N° série : 41-31880, Immatriculation : PN / ?, abattu par la Flak le 14 janvier 1944 lors d'une mission sur des sites d'armes V dans la région de Saint-Omer, Pas-de-Calais, France.
Ecrasé au Sud de Gravelines, Nord, France.
Durée : 7 mois ½.
En région parisienne à la libération.

Informations complémentaires :

Le rapport de perte d'équipage relatif à la perte de cet appareil : MACR 1748. Rapport d'évasion E&E 1167, disponible en ligne (il reprend erronément sa date de naissance comme le 26 mars 1917, tout comme sa carte d’enrôlement du 16 octobre 1940…)

Le Marauder, assigné au 451st Bomber Group mais volant avec un équipage du 449th, décolle de Saint Andrews vers 09h30. Une minute avant le largage des bombes, l'appareil est atteint par la Flak. L'intercom est hors d'usage et le pilote fait retentir la cloche d'alarme, le signal d'évacuation de l'avion.

Le pilote, le 1st Lt Dan Isgrig est fait prisonnier, comme son copilote le 2nd Lt Charles J. Gemmel et le navigateur/bombardier 2nd Lt George S. Goldstein. Outre Daniel Mertes, deux autres hommes parviendront à s'évader: Walter Satterfield et Wayne Greer.

Daniel Mertes, dont c'est la 30ème mission, saute à 2500 m, et son parachute s'ouvre avant qu'il soit entièrement sorti de l'appareil. C'est à ce moment qu'il perd sa pochette avec de l'argent devant servir en cas d'évasion. Des muscles du bassin sont sectionnés et il ne pourra pratiquement pas marcher pendant 4 mois.

Un français le fait se cacher dans un fossé et par après Mertes se déplace vers une rivière, apercevant des Allemands fouillant le coin. Vers 19h00, le fermier Emile DEGRAEVE, environ 40 ans, de Lederzeele, amène Mertes en charrette à un café du village. Mertes signale que Lowell Creason s'y trouvait déjà. Mertes peut s'allonger dans un lit et des nonnes viennent le soigner.

Après deux jours, selon Mertes, DEGRAEVE le conduit à une ferme où il reste trois jours et y rencontre ses co-équipiers Greer et Satterfield, ainsi que Paul Wolff. Greer et Satterfield restent loger chez DEGRAEVE, tandis que Mertes va chez René SAMYN, également à Lederzeele. Mertes indique que par la suite il est hébergé dans une famille d'origine belge, les "VAN MOULINS" (dans son rapport, Creason mentionne également cette famille, un belge, sa femme Marie et Cyrille le frère de celle-ci, ajoutant qu'un VASSEUR et le propriétaire de la ferme contribuaient aux frais nécessités par l'hébergement là d'aviateurs évadés.)

Des agents du réseau français Centurie les prennent en charge. André BOUBERT et son épouse Jeanne CAMUS au 169 Rue de Dunkerque à Saint-Omer logent cinq aviateurs (dont les noms ne sont pas renseignés). Trois autres aviateurs de l'équipe de Gaston PLEHIERS sont amenés à Paris par Mlles LE MEUR et Louise LENOIR, dont William Wood, évacué ensuite par la ligne Bordeau-Loupiac. Elles ne peuvent revenir chercher les deux autres le lendemain et communiquent un rendez-vous à PLEHIERS. Etienne GARS du 3 Rue de Thérouanne à Saint-Omer emmène ainsi Daniel Mertes et Wayne Greer à Hazebroeck dans le camion de LECOINTE, tanneur à Saint-Omer, et les remet à PLEHIERS.

Mertes confirme qu'un chef de l'organisation, parlant l'allemand et travaillant avec la Grande-Bretagne, le mène à Saint-Omer où il loge chez un ex-officier et sa femme chez qui Greer logeait apparemment aussi. Nous savons que c'est chez Gaston PLEHIERS et son épouse Émilienne CAGNARD au 4 Rue Victorien Sardou à Saint-Omer que Mertes loge une nuit. Le lendemain dans l'après-midi, on les transporte donc en camion vers Hazebrouck pour prendre un train pour Paris. Gaston PLEHIERS est en contact avec Madeleine DUMONT épouse NOËL, qui reconstruit Comète à Paris avec l'abbé Robert BEAUVAIS, suite aux arrestations de Jacques LE GRELLE et Jean-François NOTHOMB. Le 4 février 1944, Gaston PLEHIERS guide Mertes et Greer en train vers Paris. Mertes précise que l'épouse de PLEHIERS les accompagnait et que dans le groupe se trouvaient également Wolff, Creason et Satterfield. Le rapport de Creason indique que de Saint-Omer, le groupe prend le train pour Arras puis un autre pour Paris.

Mertes poursuit: à Paris une jeune femme blonde, environ 21 ans, les guide vers la maison d'un prêtre, ce que Creason aussi indique dans son rapport. Mertes signale que lui et Greer vont ensuite loger chez Mme FAVRIER à Les-Pavillons-sous-Bois, au NE de Paris, et qu'ils y sont restés du 5 février au 1er août. Il s'agit en fait de Pierre MANGEOLLE, boucher au 28 Rue Chevalier de la Barre à Les Pavillon-sous-Bois, dont le nom de guerre est Pierre FAIVRE (nom de jeune fille de son épouse Louise Faivre). Il renseigne que Sheets et Dougherty avaient logé là auparavant, ce qui est correct. (Il s'agit de deux membres de l'équipage du B-17 du 384 Bomb Group abattu le 16 août 1943, n° 42-5797, le navigateur 2nd Lt John Dougherty - E&E 358 - et du mitrailleur gauche S/Sgt Robert M. Sheets - E&E 394 - tous deux évacués vers les Pyrénées par le Réseau Bourgogne/Burgundy - Décembre 1943.)

Le rapport de Mertes relate diverses choses depuis son arrivée à Paris et nous les reprenons ici en vrac : Vers le 3 mars, un PIRET est arrêté par la Gestapo. Pierre RAMBON hébergeait un aviateur du 323 Bomber Group (B-26) abattu en septembre 1943 et du nom de "Nagonagle" (nom dont l'orthographe est qualifiée d'approximative, et qui est repris dans d'autres rapports, dont celui de Wolff, sans que nous ayons pu identifier de qui il s'agit…). Cet aviateur aurait dû être évacué plus tôt, mais n'avait pas pu l'être, pour des raisons que Mertes ne développe pas.

Vers le 1er mai, Mertes voit un Russe blond, au visage dur, qui lui raconte une histoire d'avion, ajoutant que son chef avait été arrêté… Aucun mouvement ne pouvant être organisé depuis le Débarquement du 6 juin, Mertes est prêt à tenter sa chance en dehors de l'organisation. Il en parle à Wolff, suggérant qu'ils quittent les lieux tous ensemble. Ils parlent de leur projet à GALLO, le coiffeur, membre du Groupe Drancy avec lequel ils se trouvent, et lui disent que si rien n'est organisé à bref délai, ils partiront.

GALLO leur dit que le chef d'une organisation était passé au café de Mme LE CHEVALIER et qu'il pourrait les faire passer par une filière. Ils apprennent que cet homme en avait eu l'intention depuis un certain temps, mais que PIERRE (Pierre LEFEVRE, précise l'intervieweur de Mertes dans le rapport, donc en fait Pierre MANGEOLLE) n'est pas d'accord. Vers le 20 juillet, GALLO prend alors le contrôle du sort des évadés et se met en rapport avec M. GUSTAVE et M. BOURBON (Wolff mentionne aussi ce dernier nom et ce pourrait être le Colonel BOURGOIN, commandant le Secteur Seine Est des FFI… ?)

Mertes rapporte que Mme LE CHEVALIER guide "les hommes" vers Vigneux-sur-Seine et les confie à un homme travaillant avec/pour la Poste. Ils vont ensuite chez un médecin au 38 Rue Victor Hugo à Vigneux-sur-Seine où ils restent du 1er au 11 août. Chez ce docteur, qui est marié et a un bébé, les évadés entrent en contact avec beaucoup de résistants, dont un commissaire de police, Émile MELCHIOR, du 09 Allée du Potager (vraisemblablement devenue depuis lors la Rue du Potager) à Vigneux.

Le 11 août, MELCHIOR leur envoie un groupe de jeunes hommes qui les emmènent en voiture jusqu'à un château à l'Ouest de "Dravelle" où se trouvent environ 25 maquisards. [Il s'agit en fait du Château de Villiers à Draveil, propriété du Vicomte François d'ORIGNY, où se trouve également Paul Wolff.]


Daniel Mertes aux USA en 1943.

Daniel Mertes durant son évasion en France.

Le Château de Villiers à Draveil

Le 16 août, 35 membres du Maquis de Fontainebleau, trompés par un agent français de la Gestapo (Glèbe de Marcheret), tombent dans une embuscade à la Porte Maillot à Paris et sont immédiatement fusillés à la Grande Cascade du Bois de Boulogne. Par après, sept membres du Maquis qui étaient montés en camion vers Paris sont déviés vers la Rue Leroux et seront également abattus par des hommes du QG de la Gestapo de l'Avenue Foch toute proche. Wolff évoque également ce tragique incident et Mertes se borne à ajouter que par la suite on évacue les évadés vers d'autres endroits avant qu'ils soient libérés après l'arrivée des troupes américaines sur l'autre rive de la Seine le 24/25 août.

Retourné sous contrôle militaire allié, Mertes quitte Laval par avion le 27 août 1944 à destination de l'Angleterre où il est interviewé le lendemain par l'I.S. 9.

Daniel Mertes repose au Missouri Veterans Cemetery à Springfield, Missouri. Merci à Michael Mertes, fils de Daniel, pour les photos de son père.


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters